Oublié le printemps volé par d’interminables journées de grisaille, l’été s’est définitivement installé sur l’Hexagone avec le Tour de France. Les quelques cumulus entraperçus hier en Provence se sont dissipés pendant la nuit. Et à en croire les prévisions météorologiques jusqu’à la semaine prochaine, le peloton du Tour va pouvoir oublier pendant longtemps à quoi ressemble un nuage. La course avait rencontré les premières chaleurs de l’année en Corse ce week-end, cette fois c’est de canicule dont il s’agit. Cette chaleur étouffante qui brûle la peau, assèche la gorge et embrase la poitrine. Qui affole aussi et surtout le mercure, le thermomètre affichant pour la première fois de l’année 36°. Ça va cogner dur tout au long des 176,5 kilomètres séparant Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de Montpellier (Hérault) !
Le souvenir d’un Tour du Centenaire caniculaire en 2003 se rappelle aux suiveurs de la 100ème édition du Tour de France. Il faut penser à s’hydrater, à s’arroser. Jurgen Van Den Broeck (Lotto-Belisol) n’imbibera aucune éponge pour s’asperger. Ce matin il la jette, les jambes sillées après la boîte qu’il a prise hier à Marseille. Le Tour perd là son premier outsider, au pied du podium en 2010 et 2012. Un coup dur pour une formation Lotto-Belisol qui se doit de rebondir le plus rapidement possible… The chaud must go on !
Gare à l’insolation sous l’immense voûte bleue au zénith de laquelle rayonne un soleil incandescent. Celui de Cofidis s’était montré plutôt pâle jusqu’à présent. Remontés après avoir manqué les quatre premières échappées du Tour, les coureurs du groupe sportif nordiste ont pour mission d’être offensifs aujourd’hui. Luis-Angel Mate prend le message au pied de la lettre. Il bondit juste après le baisser du drapeau mais n’embarque personne avec lui. Seul, l’Espagnol à la tresse porte son avance à 5’40 ». Loin d’être suffisant pour contenir le brusque retour du peloton, dont le rythme s’est subitement élevé, au kilomètre 44. Dès lors plus personne ne prendra l’initiative d’une échappée. Et pour cause l’allure est si soutenue (44,303 km/h de moyenne sur l’étape) qu’elle interdira à tout audacieux de tenter sa chance vers Montpellier.
Une tension extrême générée par le vent de travers… mais pas de bordure.
En plein cagnard, le terrain plat n’offre pas le moindre coin d’ombre… mais le mistral ventile. Il crée même quelques sérieuses zones de turbulence qui n’ont échappé à aucun directeur sportif. Partout la consigne est la même : rester placé afin de ne surtout pas se faire surprendre par un coup de bordure. « Ce type de journée, ça use le nerf de la tête, reconnaît le manager de la FDJ.fr Marc Madiot. Tout le travail que vous avez réalisé depuis des mois et depuis le départ de la course peut capoter en quelques hectomètres. » Voilà qui résume la tension extrême générée par ce vent de travers. Toute la journée les équipes de leaders vont se battre comme des chiffonniers pour garder leurs positions. Plusieurs fois le peloton va passer à la limite de la bordure. Mais les plaines venteuses du Gard n’auront pas d’autre incidence qu’un élan de nervosité.
Neutralisée par la force des choses, la course fait les affaires des sprinteurs, attendus quoi qu’il arrive le long du stade Yves du Manoir. Un premier rush à Maussane-les-Alpilles a permis à André Greipel (Lotto-Belisol) de grignoter un peu de son retard au classement par points. En revanche ce n’est pas franchement le jour de tous les sprinteurs. Dans les cordes depuis samedi, victime d’une insolation, d’une gastro carabinée puis d’une chute, Nacer Bouhanni (FDJ.fr) est définitivement mis KO. L’ex champion de France s’arrête là. Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step) va lui aussi prendre un crochet. Il chute à 35 kilomètres de l’arrivée et se relève le maillot brûlé. L’énergie qu’il déploiera à rentrer sur le peloton lui sera peut-être fatale au moment de se frotter aux meilleurs sprinteurs du monde pour la deuxième fois sur ce Tour. Elle le sera en tout cas à son train, débordé dans Montpellier par celui de Marcel Kittel (Argos-Shimano).
Mais c’est un autre Allemand, André Greipel, qui est finalement lancé vers la victoire par ses coéquipiers, coupant la ligne en vainqueur devant Sagan, Kittel et Cavendish ! Il y en a décidément pour tout le monde sur cette Grande Boucle. Tant pour la victoire d’étape que pour le maillot jaune. En six jours de course, voilà déjà le quatrième porteur de la tunique dorée. Une petite cassure ayant été enregistrée sur la ligne, Daryl Impey (Orica-GreenEdge) chipe la première place du classement général à son coéquipier Simon Gerrans. En 110 ans, le Sud-Africain devient le premier coureur issu du continent africain à endosser le maillot jaune. Mais il ne devrait guère aller plus loin que Jan Bakelants et Simon Gerrans – deux jours en jaune – puisque la montagne approche maintenant à grands pas. Où l’on pourrait retrouver un autre Africain de naissance en jaune…
Demain vendredi, la septième étape se disputera entre Montpellier et Albi (205,5 km).
Classement 6ème étape :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) les 176,5 km en 3h59’02 » (44,3 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
3. Marcel Kittel (ALL, Argos-Shimano) m.t.
4. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Juan-José Lobato (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
6. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
7. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
8. Danny Van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM) m.t.
9. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
10. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
Classement général :
1. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) en 22h18’17 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 3 sec.
3. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) à 5 sec.
4. Michael Albasini (SUI, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Michal Kwiatkwoski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 6 sec.
6. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Christopher Froome (GBR, Team Sky) à 8 sec.
8. Richie Porte (AUS, Team Sky) m.t.
9. Nicolas Roche (IRL, Team Saxo-Tinkoff) à 14 sec.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
Classement par points :
1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 159 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 130 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 119 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 111 pt
5. Marcel Kittel (ALL, Argos-Shimano) 87 pt
6. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 71 pt
7. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 66 pt
8. Danny Van Poppel (PBS, Vacansoleil-DCM) 65 pt
9. Juan-José Lobato (ESP, Euskaltel-Euskadi) 51 pt
10. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) 41 pt
Classement de la montagne :
1. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 10 pt
2. Simon Clarke (AUS, Orica-GreenEdge) 5 pt
3. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 5 pt
4. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) 4 pt
5. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) 3 pt
6. Lars Boom (PBS, Belkin) 2 pt
7. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) 2 pt
8. Lars-Petter Nordhaug (NOR, Belkin) 2 pt
9. Brice Feillu (FRA, Sojasun) 2 pt
10. Alexis Vuillermoz (FRA, Sojaun) 2 pt
Classement des jeunes :
1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) en 22h18’23 »
2. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 16 sec.
3. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 19 sec.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 25 sec.
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 28 sec.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 41 sec.
7. Alexandre Geniez (FRA, FDJ.fr) m.t.
8. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’03 »
9. Alexis Vuillermoz (FRA, Sojasun) à 3’38 »
10. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Leopard) à 5’30 »
Classement de la combativité :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol)
Classement par équipes :
1. Orica-GreenEdge (AUS) en 54h05’53 »
2. Team Sky (GBR) à 8 sec.
3. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 19 sec.
4. Movistar Team (ESP) à 25 sec.
5. Garmin-Sharp (USA) à 27 sec.
6. Vacansoleil-DCM (PBS) à 33 sec.
7. Team Katusha (RUS) m.t.
8. BMC Racing Team (USA) à 36 sec.
9. RadioShack-Leopard (LUX) à 38 sec.
10. Belkin (PBS) à 47 sec.