Depuis que le Team Katusha a été réintégré dans le WorldTour, ASO était face à un casse-tête pour ses invitations pour le Tour de France. La présence automatique de la formation russe obligeait Christian Prudhomme et son équipe à réduire le nombre de wild-cards à trois au lieu de quatre. Une place en moins pour une édition de prestige qui restera quoiqu’il arrive dans les annales, 100ème oblige. Avec un parcours franco-français, la société organisatrice du Tour de France avait déjà donné des indications sur sa volonté de mettre en avant le cyclisme hexagonal pour cette Grande Boucle historique. Elle aura tardé avant de distribuer les bons points, mais de façon fort logique, les trois derniers billets pour le grand événement de juillet ont été accordés à trois équipes continentales françaises : Cofidis, Europcar et Sojasun.
Est-ce une surprise ? Non. Comme on l’a dit, pour cette 100ème, Christian Prudhomme voulait privilégier la France. Au-delà de la préférence nationale, c’est un choix logique, correspondant à la hiérarchie sportive des équipes de deuxième division. Dans le classement Europe Tour actualisé hier par l’UCI, les trois équipes figurent aux trois premières places.
Plus qu’une question sportive, c’est l’histoire qui lie le Tour de France et Europcar et Cofidis qui a pesé dans la balance. Si elle n’est théoriquement pas assurée de participer à la Grande Boucle, on voyait mal comment ASO pouvait se priver de l’équipe managée par Jean-René Bernaudeau au vu des deux dernières éditions : dix jours en jaune, un maillot blanc et une victoire d’étape de prestige à l’Alpe d’Huez en 2011 ; trois succès d’étape, un maillot à pois et une 8ème place finale l’an dernier. Avec dans ses rangs le tandem Rolland-Voeckler, le Tour de France ne pouvait se passer d’Europcar.
Pour Cofidis, la donne est légèrement différente. L’équipe nordiste n’a plus remporté d’étape sur la Grande Boucle depuis 2008 avec Samuel Dumoulin à Nantes. Mais depuis sa création en 1997, l’organisation a toujours fait confiance à cette équipe sponsorisée par la célèbre entreprise de crédit en ligne. Là encore, on voyait mal comment elle pouvait ne pas être au départ de Porto-Vecchio le 29 juin prochain. D’autant que l’équipe dirigée par Yvon Sanquer s’est considérablement renforcée cet hiver en faisant signer Jérôme Coppel, Christophe Le Mével et Daniel Navarro.
Pour le troisième billet, si Sojasun tenait la corde, rien n’était acquis pour la formation bretonne. Invitée depuis deux ans, l’équipe a perdu un atout de poids avec Jérôme Coppel. La présence du Haut-Savoyard assurait aux ouailles de Stéphane Heulot un bon classement général. Coppel parti, Sojasun a fait le pari de renouer avec ses racines en présentant une équipe tournée vers l’offensive et avant tout constituée de baroudeurs, mais sans véritables leaders. Cette nouvelle philosophie aurait pu refroidir l’équipe de Christian Prudhomme. Il n’en est finalement rien et ASO attend sans doute de Sojasun qu’elle anime les étapes dites de transition.
Parmi les battues, Bretagne-Séché Environnement et IAM Cycling seront sans doute les plus déçues, même si leur absence est d’une certaine façon justifiée. L’équipe d’Emmanuel Hubert paye son inexpérience sur les Grands Tours et un début de saison, loin d’être transcendant, là où Sojasun a accroché l’Étoile de Bessèges et deux étapes de la Ruta del Sol avec Jonathan Hivert. C’est peu comparé à l’an dernier (trois victoires WorldTour, deux en Catalogne, une en Romandie), mais c’est toujours plus que Bretagne dont le seul succès est celui de Jean-Marc Bideau à Paris-Troyes, classé 1.2. Elle paye aussi et surtout la réduction du nombre de wild-cards même si rien ne permet d’assurer que les Bretons auraient pris le départ de Corse si le WorldTour était resté à dix-huit.
L’équipe suisse est victime quant à elle de son statut de petite nouvelle dans le peloton. Il est rare que les organisateurs du Tour invitent une formation pour sa première année d’existence. Mais, ASO doit encore délivrer les billets pour la Vuelta et IAM Cycling aura toutes ses chances. Il y aura donc cinq équipes françaises en course en juillet, si l’on y ajoute Ag2r La Mondiale et FDJ, déjà assurées de leur participation, elles qui font partie de l’élite du cyclisme international.