Le cyclisme féminin, qui entre en piste à son tour cet après-midi dans les Championnats du Monde de Copenhague, semble se chercher cette année de nouvelles icônes. En tout cas, la course contre-la-montre qui s’annonce sur le circuit de 13,9 kilomètres à compléter deux fois paraît plus que jamais propice à la découverte de nouveaux talents et à la consécration d’une championne du monde inédite, pour ne pas dire insolite. Pour des raisons diverses sur lesquelles on ne reviendra pas en détail, il manque au Danemark deux ténors de la spécialité, la Grenobloise Jeannie Longo et l’Américaine Kristin Armstrong. L’une a renoncé devant la pression d’une mise à pied, l’autre s’est finalement fait prier de rester à la maison. Et voilà qui laisse une brèche parmi les meilleures et donc des ouvertures pour qui saura saisir sa chance.
A l’absence de quelques grands noms s’ajoutent brusquement des conditions météorologiques difficiles. On annonçait la pluie à Copenhague à un moment ou l’autre cette semaine, et c’est au moment de la course des filles qu’elle se présente. Toutes n’y auront pas droit, les premières à partir étant favorisées par des conditions sèches, mais les concurrentes qui partiront en milieu de tableau n’y échapperont pas. Une pluie froide et continue s’abat sur la capitale danoise, rendant périlleuses les chaussées bariolées de peinture blanche du centre-ville. Par temps de pluie, ce type de tracé exclusivement urbain invite à la prudence. On craint donc fort que le résultat de ce Championnat du Monde ne soit faussé. Il le sera forcément un petit peu, même si au final ce sont les meilleures, parties dans les mêmes conditions, sur une chaussée mouillée mais avec des gouttes de pluie moins présentes, que l’on retrouvera aux premières loges.
Du changement climatique, ce sont les Canadiennes qui tireront le mieux leur épingle du jeu avec les excellents temps de Rhae-Christie Shaw (7ème), sur le sec, puis Clara Hughes (5ème), au moment où la pluie s’installe. Leur compatriote Tara Whitten fait plus fort. Malgré une route immergée, elle signe une brillante performance : 4ème. Pour le titre en revanche, il va falloir se pencher sur les résultats de l’Allemande Judith Arndt, de la Britannique Emma Pooley et de la Néo-Zélandaise Linda-Melanie Villumsen. Au moment où ces prétendantes au maillot irisé descendent la rampe de lancement pour s’engager sur les 27,8 kilomètres, la pluie a quasiment cessé mais la route reste marquée par les averses. Il leur faudra prendre des risques pour égaler le chronomètre de Clara Hughes, la plus rapide de toutes sur le premier tour.
A mi-parcours, la Canadienne détient toujours le meilleur temps, mais l’étau se resserre. La championne du monde en titre Emma Pooley n’est qu’à 86 centièmes de seconde, Judith Arndt à 1″51, Linda-Melanie Villumsen à 1″94… La seconde boucle sera déterminante. Rassurée par ce qu’elle a découvert du parcours lors de son premier accomplissement, Judith Arndt lâche brusquement les chevaux. Et quand le chronomètre avait établi une quasi égalité entre Hughes, Pooley, Arndt et Villumsen sur le premier tour de circuit, il penche très nettement en faveur de Judith Arndt dans la seconde boucle. Comme soudain débloquée, l’Allemande traverse les flaques d’eau sans se poser de questions. A Copenhague, elle accomplit la meilleure performance de l’après-midi en repoussant sans concession Linda-Melanie Villumsen de 22 secondes et Emma Pooley, un temps pressentie pour le doublé, de 24 secondes.
Judith Arndt est sacrée championne du monde du contre-la-montre. Enfin ! Car l’Allemande de 35 ans est une habituée des cérémonies protocolaires aux Championnats du Monde, mais jamais elle n’avait eu l’honneur de faire retentir l’hymne de son pays. Médaillée de bronze en 1997 et 2008, d’argent en 2003, 2004 et 2010, c’est l’or cette fois qu’elle accroche autour de son cou. Une performance chaleureusement saluée par le public danois, heureux de voir encore l’une des siennes sur le podium puisque Linda-Melanie Villumsen, naturalisée Néo-Zélandaise l’année dernière, obtient pour sa part son troisième podium international consécutif. A 26 ans, et si elle tient compte de l’expérience de Judith Arndt, elle a encore le temps de voir venir… Côté français, pas d’étincelles. Mélodie Lesueur et Christel Ferrier-Bruneau terminent hors Top 20.
Classement :
1. Judith Arndt (Allemagne) les 27,8 km en 37’07 » (44,931 km/h)
2. Linda-Melanie Villumsen (Nouvelle-Zélande) à 22 sec.
3. Emma Pooley (Grande-Bretagne) à 24 sec.
4. Tara Whitten (Canada) à 26 sec.
5. Clara Hughes (Canada) à 37 sec.
6. Eleonora Van Dijk (Pays-Bas) à 39 sec.
7. Rhae-Christie Shaw (Canada) m.t.
8. Amber Neben (Etats-Unis) à 41 sec.
9. Emilia Fahlin (Suède) à 55 sec.
10. Marianne Vos (Pays-Bas) à 56 sec.