Alberto Contador. Resté prudemment sur la défensive jusque dans le dernier kilomètre d’ascension du Monte Zoncolan, Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard) a repris du temps à l’ensemble de ses adversaires, acceptant seulement de concéder une trentaine de secondes à Igor Anton, dont il n’avait pas fait hier une priorité. « Je me suis concentré sur le général, a affirmé le Maillot Rose. J’ai terminé très fatigué car nous avons grimpé à un rythme assez élevé. Je n’ai pas attaqué car je souhaitais me focaliser sur le classement général pour prendre quelques secondes à l’arrivée. Ce n’est pas beaucoup mais tout compte pour ramener le Maillot Rose à Milan. Dans le dernier kilomètre, j’ai vu un Vincenzo Nibali très fort. Il est pour moi l’adversaire le plus direct au général. Il a fallu que je m’y reprenne à deux fois pour le distancer. »
Michele Scarponi. C’est peut-être lui le plus volontaire des adversaires d’Alberto Contador depuis le départ du Giro. Hier encore, Michele Scarponi (Lampre-ISD) a cherché à titiller le coureur espagnol sans jamais parvenir à le distancer. Et comme sur l’Etna et à Grossglockner, l’Italien a subi un retour de bâton en reculant dans le final. Bilan : il cède encore du temps à chacun de ses adversaires et perd même sa place sur le podium au profit d’Igor Anton. « J’ai abordé la montée du Zoncolan en cherchant à maintenir le rythme le plus régulier possible, raconte l’Italien. J’ai très bien approché la partie initiale du col, ensuite j’ai géré l’ascension avec mes capacités. Lorsque Contador et Nibali ont gagné du terrain, je me suis battu avec ténacité pour perdre le moins de temps possible. J’étais au maximum. »
Vincenzo Nibali. L’Italien Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) a grimpé le Zoncolan en diesel, d’abord en retrait puis de mieux en mieux, recollant aux roues de Contador et Scarponi, accélérant pour lâcher ce dernier et luttant à armes égales avec le Maillot Rose jusqu’à quelques hectomètres du but. « Le Zoncolan est une ascension qui te brise les jambes, a-t-il expliqué au sommet. Il ne faut surtout pas trop s’y agiter. C’est pourquoi j’ai tenu un rythme régulier. Je suis rentré à mon allure sur Contador et Scarponi puis j’ai accéléré pour rester seul avec Contador. Je lui ai réclamé quelques relais mais il a toujours refusé. Dans le final, il a fini par m’attaquer. Quoi qu’il en soit le résultat est satisfaisant. Je garde l’espoir de pouvoir gagner quelque chose sur Alberto Contador dans les étapes à venir, même s’il faut être réaliste : il n’a pas de raison de fléchir. »
Igor Anton. Agé de 28 ans, le grimpeur basque Igor Anton (Euskaltel-Euskadi) a rejoint le cercle très fermé des coureurs parvenus à s’imposer au sommet du Monte Zoncolan. Il a en outre fait un bond au classement général pour occuper à présent le 3ème rang à 3’21 » d’Alberto Contador. Et si tous les espoirs étaient permis ? « C’est une ascension bestiale mais la saveur que te laisse une victoire sur une cime si mythique est mémorable, s’est réjoui Igor Anton. Je monte sur le podium provisoirement mais je ne pense pas au classement général. On verra simplement comment je récupère d’un jour sur l’autre, il faut rester prudent et tranquille. J’étais venu avec l’objectif de gagner une étape, ça me paraissait très difficile quand on voyait comment marchaient Contador et Rujano. J’ai tenté ma chance en craignant de les voir surgir derrière moi mais j’avais de meilleures jambes. C’est très certainement la plus belle de mes victoires. »
L’étape du jour :
15ème étape : Conegliano-Gardeccia Val di Fassa (229 km). En conclusion de la deuxième semaine de compétition du Tour d’Italie, et après deux grandes étapes de montagne très éprouvantes, c’est une nouvelle étape extrêmement exigeante que les coureurs devront affronter aujourd’hui entre la Vénétie et le Trentin. Cinq rudes ascensions se succéderont : le Piancavallo (13,7 km à 8,3 %), le Forcella Cibiana (10,2 km à 7 %), puis sans la moindre transition s’enchaîneront le Passo Giau (15,9 km à 6,5 %) perché à 2236 mètres d’altitude et situé à 57 kilomètres de l’arrivée, le Passo Fedaia (13,4 km à 7,9 %) à 2057 mètres de haut et 27 kilomètres de l’arrivée, pour une conclusion sur les pentes du Val di Fassa (6,2 km à 10 %). Une étape redoutable qui pourrait laisser apparaître les premiers signes d’une grande fatigue.