Alberto Contador. Sur les pentes de l’Etna, Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard) a fait éruption en tête du classement général. Une victoire d’étape, une avance confortable, tout semble sourire au Madrilène auteur d’une performance qui fera date. Le champion espagnol s’explique : « je me suis bien senti dans la première ascension de l’Etna et je me suis bien senti dans la seconde, c’était l’intuition que ce jour était le jour. » Un scénario prémédité. « Bjarne Riis et moi étions d’accord sur le fait que je me sentais très fort et que je devais attaquer entre le 5ème et le 8ème kilomètre avant la ligne d’arrivée. Quand j’ai créé un écart, c’était juste à fond jusqu’au bout. » Alberto Contador parle « d’une journée extrêmement importante, même si la course est encore loin d’être terminée et il y a encore beaucoup d’étapes exigeantes. »
Vincenzo Nibali. Le coureur italien jouait hier à domicile plus que n’importe quel autre coureur puisque l’étape se courait dans sa Sicile natale. Alors, si Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) se dit déçu du résultat, il faut le comprendre. « L’attaque de Contador était un coup de fusil, dit-il dans les colonnes de La Gazzetta dello Sport. On l’a regardé faire, il était un ton au-dessus. Pourtant, derrière, ça roulait vite aussi. J’ai perdu beaucoup d’énergie dans la première heure de course que nous avons courue à 49 km/h de moyenne. Ensuite, cela allait un peu mieux et dans le final, c’était pire pour les autres que pour moi. » Contador bénéficie désormais d’une marge de manœuvre confortable mais le leader de l’équipe Liguigas n’est pas encore résigné : « si Contador continue comme ça, ça va être compliqué. Il a dévoilé son jeu et son équipe est forte. Mais il ne connaîtra peut-être pas que des journées comme celle-là, à nous de réagir. » Il faut dire que le profil des étapes à venir offre à Nibali et aux autres quelques belles opportunités.
Roman Kreuziger. Bien entouré par son équipe jusqu’au bout, Roman Kreuziger (Astana) répond favorablement aux attentes portées à son égard : « l’attaque de Contador était si puissante que je n’ai pas voulu aller à sa poursuite, comme l’a fait Scarponi, je ne voulais pas prendre le risque de perdre plus, et je savais que mes équipiers étaient encore en mesure de réduire l’écart. » Solidement entouré, le désormais porteur du Maillot Blanc de meilleur jeune s’est dit « bien plus effrayé de l’attaque de Nibali que de celle de Contador, parce qu’il est revenu fort avec un vent favorable. » Mais le Tchèque ne s’est pas affolé : « j’ai réussi à rattraper Nibali et j’en suis très satisfait ! » Pour la première fois depuis le départ du Giro, le Tchèque s’est pourtant senti un peu fatigué. La journée de repos arrive décidément à pic.
Michele Scarponi. L’Italien a rapidement explosé sous les coups de boutoir d’Alberto Contador dans l’ascension finale de l’Etna. Impressionnant depuis le début de l’année, Michele Scarponi (Lampre-ISD) a pourtant été déposé par bien plus fort que lui hier, il a ensuite fallu s’accrocher. « J’ai perdu très rapidement beaucoup de forces pour rester avec Contador, je ne pensais pas dépenser autant de forces mais c’est un fait, a-t-il commenté. Logiquement je ne suis pas pleinement satisfait, mais c’est vrai que j’avais l’envie et le courage de courir pour faire un résultat : je ne me suis pas senti fatigué, alors peut-être que j’aurai des regrets. » L’Italien a-t-il manqué le coche hier après-midi sur les pentes de l’Etna ? Peut-être mais la route jusqu’à Milan est encore longue et la montagne n’en est qu’à ses prémices.
José Rujano. On connaissait évidemment les capacités intrinsèques du Vénézuélien pour suivre les meilleurs dès que la route s’élevait, mais depuis quelques années le grimpeur de poche qui s’était révélé avec une troisième place au classement général sur les routes du Tour d’Italie 2005 semblait être à bout de souffle. Recruté pour pallier le départ de Michele Scarponi à l’intersaison, José Rujano (Androni Giocattoli) est revenu sur le devant de la scène hier. A 29 ans, Rujano fut le seul à suivre Alberto Contador à l’approche de la ligne d’arrivée. Si le coureur s’estime capable de réaliser un très grand Giro, son manager général Gianni Savio félicite l’ensemble de l’équipe. « J’étais convaincu, dit-il, qu’avec Marco Bellini la formation était de nouveau compétitive malgré le départ de Michele Scarponi et les résultats sont présents. Félicitations à José Rujano et tous nos athlètes, ils ont vraiment honoré le Giro. » Du côté de l’équipe Italienne le Giro semble d’ores et déjà réussi alors que se profilent des étapes au profil qui pourrait à nouveau leur convenir.