Nairo Quintana. C’est en vrai patron que Nairo Quintana (Movistar Team) s’est imposé hier. Chaque concurrent étant dans les mêmes conditions face au terrible Monte Grappa, le Colombien a montré qu’il était le meilleur grimpeur de ce Giro. Il a ainsi profité d’un exercice qu’il affectionne pour creuser un peu plus les écarts et s’assurer quasi définitivement du maillot rose. « Remporter cette victoire d’étape était très important, souligne celui qui devrait inscrire son nom au palmarès du Tour d’Italie dimanche soir. Je ne voulais pas le dire, mais les contre-la-montre en côte sont ma spécialité. Je ne voulais pas laisser passer l’occasion. Encore moins quand j’ai su que ma famille venait de Colombie pour me voir. Ils m’ont donné une motivation supplémentaire. Les gens m’ont demandé d’imprimer ma marque. C’est ce que j’ai fait pour remporter ce Giro. »
Fabio Aru. Face à un Nairo Quintana impressionnant d’aisance, tous ses adversaires pour la victoire finale ont été repoussés à plus d’1’30 ». Tous, sauf un épatant Fabio Aru (Astana). Le jeune grimpeur italien a bien failli remporter une deuxième victoire d’étape avant de voir débouler le Colombien, mais se console en prenant la 3ème place du général. « Je pense que c’est une journée très importante dans ma carrière, estime le grimpeur. Je me suis situé à un niveau que je ne croyais pas pouvoir atteindre. C’est aussi le résultat de tout le travail fait cet hiver. J’ai tout donné dans cette montée que je connaissais bien. J’ai gagné une course au Monte Grappa chez les Espoirs. J’aimerais bien faire quelque chose sur le Monte Zoncolan, mais je ne garantis rien. »
Kenny Dehaes. C’est un sort cruel qui s’est abattu sur Kenny Dehaes (Lotto-Belisol). Le sprinteur savait que ce contre-la-montre en côte n’était pas pour lui et il a mis 21 minutes de plus que Nairo Quintana pour grimper le Monte Grappa. Le verdict est sans appel : le Belge est hors délais. La chance n’était définitivement pas de son côté puisqu’il a été victime d’un bris de chaîne à 5 kilomètres du sommet avant de subir le même incident à un kilomètre de la ligne. Le jury des commissaires n’a fait preuve d’aucune clémence et n’a pas repêché le coureur qui doit donc rentrer en Belgique. Une décision qui a du mal à passer auprès de l’intéressé. « Merci le Tour d’Italie, s’est-il exclamé avec ironie sur son compte Twitter. Tu m’as traité comme un animal sur le Stelvio et le Gavia, et après deux problèmes mécaniques je dois rentrer chez moi. »
Jos Van Emden. Hier, sur le Monte Grappa, Nairo Quintana et Fabio Aru n’étaient pas les seuls à faire le show. A sa manière Jos Van Emden (Belkin) a fait parler de lui. Le Néerlandais, 106ème au général hier matin à plus de 3 heures du Maillot Rose, n’avait plus grand-chose à espérer hier. Alors, le coureur, dont la compagne était dans la voiture qui le suivait, en a profité pour demander sa douce en mariage ! Jos Van Emden a donc coupé son effort au beau milieu de l’ascension pour se porter à sa voiture et faire sa demande. L’histoire ne dit pas s’il a joué le jeu jusqu’au bout et s’est agenouillé, mais la réponse de la demoiselle est affirmative. Qu’importe si ce geste lui a coûté deux places au classement général, le Néerlandais est sans doute le plus heureux des hommes.
L’étape du jour :
20ème étape : Maniago-Monte Zoncolan (167 km). 1200 mètres de dénivelé en 10,9 kilomètres. 11,9 % de moyenne. Des passages à 22 %. Vous l’aurez compris, pour décrire la difficulté du Monte Zoncolan, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour la première fois, la terrible difficulté des Dolomites est placée à la veille de l’arrivée finale. Autrement dit, le spectacle est garanti sur ce qui est peut-être le col de plus difficile d’Europe. En 10,9 kilomètres, la pente ne repasse jamais sous les 10% et celle-ci n’offre aucun moment de répit à des coureurs déjà usés. Le podium va se dessiner aujourd’hui et rien n’est fait, car tout est possible ! Lors de la victoire d’Ivan Basso en 2010, le 10ème était à 3’46 ». Les écarts peuvent être conséquents. Surtout que le Zoncolan est placé au bout d’une dernière semaine qui a mis les organismes à rude épreuve.