Arnaud Démare a aujourd’hui remporté une victoire attendue par toute une formation et tout un groupe. Les derniers kilomètres, houleux voire pétillants à Vittel, n’ont pas déstabilisé le champion de France qui remporte son premier bouquet sur le Tour de France et sur un grand Tour. Le travail d’un collectif mis en place depuis plusieurs mois, autant du côté humain que matériel, a porté ses fruits. Les premières réactions recueillies après la ligne d’arrivée vont dans ce sens. Yvon Madiot, directeur sportif chez FDJ, arrive grand sourire. « Wahou ! » lâche-t-il dans un premier temps. « C’est un soulagement. Quand j’ai entendu que Jacopo Guarnieri était tombé j’ai eu peur, je sais que normalement Arnaud est derrière lui. » Mais heureusement pour l’équipe française, Démare n’était pas dans sa roue, bel et bien concentré sur son sprint.
« Les gars ont fait un gros travail dans les vingt derniers kilomètres, poursuit Madiot. Les grimpeurs qui ont roulé derrière l’échappée, Thibaut Pinot qui a fait la navette avec des bidons dans le dos toute la journée. C’est un travail de groupe, ce sont des détails mais c’est important. » Une force collective qui est le fruit d’un travail entamé depuis la fin d’année dernière. « Le projet est en place depuis le mois de septembre quand on a commencé à recruter, avec Frédéric Guesdon qui a pris le groupe en main cet hiver pour mettre le train en place. »
Frédéric Grappe insiste également sur ce point. « Il y a eu un gros travail cet hiver en stage. Le groupe a pris, il s’est passé quelque chose. » Avant de s’attarder sur le matériel utilisé par le vainqueur du jour et ses équipiers. « On est peut-être la seule équipe au monde à faire notre vélo de A à Z avec Lapierre. Arnaud a un vélo pour lui, spécialement conçu pour lui, avec des propriétés mécaniques pour lui. Aujourd’hui, les mécanos ont fait un super boulot et c’est génial. »
Même son de cloche chez ses équipiers, Rudy Molard en tête. « C’est ma première victoire sur le Tour avec une équipe. On était tous en confiance, on savait qu’il pouvait le faire. On fait du vélo pour vivre des moments comme aujourd’hui. » Avec ce succès, le champion de France pourrait bien engranger de la confiance et enchaîner les bouquets. « Cela va le libérer, mais il l’était déjà avant, analyse Grappe. Il n’y a pas de stress dans l’équipe. C’est extraordinaire, ils étaient tous sereins, ils savaient ce qu’il allaient faire. C’est comme si c’était écrit, ils ont une grosse confiance entre eux. » Yvon Madiot renchérit. « Libérés, bien sûr libérés, c’est tellement important de gagner sur le Tour. On a fait des années où en repartant on n’avait rien, en étant venu avec de grandes ambitions. »
Et forcément, cela fait un poids en moins pour la formation tricolore. « Oui, ça enlève un stress. On a une jolie équipe sur le papier, c’est l’aboutissement du travail de l’hiver. C’est un investissement collectif, de tout un groupe, une équipe, des partenaires, et des retours comme ça c’est fantastique. »
C’était donc une ambiance des plus agréables autour du bus FDJ après la ligne. Même Peter Sagan est monté dans le bus, mais pas pour faire la fête, lui qui n’avait pas encore connaissance de sa disqualification. « Il est venu voir Jacopo car ils se sont frottés dans la première chute, explique Yvon Madiot. Ils se connaissent bien, ils sont copains. » Espérons que les plaies du Transalpin ne soient pas trop handicapantes pour lui lorsque le champagne sera débouché ce soir.