Lundi 14 juillet 2014. Un Italien de l’équipe Astana, maillot de champion national sur les épaules, domine la Planche des Belles Filles de la tête et des épaules, récupère le maillot jaune perdu la veille, pour ne plus le lâcher jusqu’à Paris. Mercredi 5 juillet 2017. Un Italien de l’équipe Astana, en vert-blanc-rouge, porte une terrible estocade et décroche se adversaires pour s’imposer à la station de La Planche des Belles Filles. Il ne prend pas le maillot jaune mais monte sur la troisième place provisoire du général, en attendant de voir Paris. Trois ans après, ce n’est pourtant pas le même homme qui a réalisé une véritable démonstration sur le sommet haut-saônois. Fabio Aru (Astana), désigné comme le successeur de Vincenzo Nibali de l’autre côté des Alpes, a proposé un copier-coller de la performance de son aîné. Mais la route du Tour est encore longue pour le vainqueur de la Vuelta 2015, qui devra encore plus s’employer pour voir les Champs-Elysées paré de jaune.
La journée a également été marquée par la chaleur. En partant de Vittel, il fallait donc bien penser à s’hydrater alors que le thermomètre avait décidé de monter au-delà des 30°C. Peut-être plus attirés par les beaux paysages vosgiens, ils sont huit à partir de Vittel un peu plus vite que le reste de peloton. Philippe Gilbert (Quick-Step Floors), qui voulait certainement fêter ses 35 ans de la meilleure des manières, était accompagné de Jan Bakelants (Ag2r La Mondiale), Edvald Boasson Haegen (Dimension Data), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Mickaël Delage (FDJ), Pierre-Luc Périchon (Fortunéo-Oscaro), Dylan Van Baarle (Cannondale-Drapac) et Thomas Voeckler (Direct Energie).
Derrière, après que la Sky ait laissé les hommes de tête prendre un peu plus de trois minutes, l’équipe BMC de Richie Porte embrayait. Pas sur un train de sénateur, mais plutôt sur un rythme élevé destiné à épuiser les organismes de ses adversaires. Si aucun col n’était à signaler en amont de la rampe finale, le parcours vallonné des quarante derniers kilomètres a mis à mal tout le monde. En premier lieu les échappés du jour, qui ne possèdaient plus qu’une cinquantaine de secondes au moment des premiers passages raides.
Ils n’étaient d’ailleurs plus que deux à ce moment-là, Bakelants et Gilbert étant sortis quelques kilomètres plus tôt. Mais ils ne se firent aucune illusion, d’autant plus que le Team Sky venait de prendre les rênes du peloton. L’écrémage s’est alors fait par l’arrière et les premières victimes de renom étant françaises. Thibaut Pinot (FDJ), Warren Barguil (Team Sunweb) et Pierre Latour (Ag2r La Mondiale) ont chacun à leur tour fait les frais d’un rythme un peu trop fort pour eux.
Et alors que l’on semblait, une fois de plus, se diriger vers des attaques dans les derniers mètres de course, Fabio Aru surgit. Ses études de la montée par vidéos l’ont convaincu de porter son attaque à 2,5 kilomètres de l’arrivée, persuadé qu’il pourrait tenir un rythme endiablé jusqu’au sommet. Derrière, personne n’a tenté de le suivre. Christopher Froome (Team Sky), qui possédait encore deux équipiers devant lui, a attendu un bon kilomètre avant de bouger une oreille. Une offensive tardive mais loin d’être vaine, puisque seuls Richie Porte, Daniel Martin (Quick-Step Floors) et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) ont été capables de le suivre. Exit les autres candidats au podium, et même si les écarts ne sont pas extravagants, ils donnent le ton de ce Tour de France 2017.
De son côté, Fabio Aru se positionne comme un sérieux concurrent. Ses points forts sont la troisième semaine et la haute montagne, or aucun col hors-catégorie n’a encore été franchi. Son absence sur le dernier Giro, qu’il a regardé depuis chez lui la mort dans l’âme, pourrait finalement lui apporter bien plus. Le chemin est encore long, mais la forme est bien présente. Il a même dans le dos le dossard 51, prêt à écrire une nouvelle page de l’histoire du Tour. – Adrien Godard
Classement 5ème étape :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) les 160,5 km en 3h44’06 » (43,0 km/h)
2. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 16 sec.
3. Christopher Froome (GBR, Team Sky) à 20 sec.
4. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) m.t.
5. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 24 sec.
6. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 26 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) m.t.
8. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) m.t.
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 34 sec.
10. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 40 sec.
Classement général :
1. Christopher Froome (GBR, Team Sky) en 18h38’59 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 12 sec.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 14 sec.
4. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 25 sec.
5. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) à 39 sec.
6. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 43 sec.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 47 sec.
8. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 52 sec.
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 54 sec.
10. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) à 1’01 »