Ça fait quoi d’assister à la présentation d’un Tour auquel vous n’allez pas participer ?
Je regarde ça d’un œil différent, ça c’est sûr. Une découverte du parcours, des difficultés… On sait que je ne serai pas sur le vélo mais malgré tout ça me permet de me mettre en appétit et de se projeter aussi en juillet sur ce qui attend les coureurs et ce qui m’attend à travers mes yeux de spectateurs maintenant.
Vous en pensez quoi de ce parcours ?
C’est un parcours copieux, avec beaucoup de difficultés, beaucoup de très hautes montagnes au-dessus de 2000 mètres… Ça peut donner beaucoup de surprises parce que chaque coureur n’a pas une adaptation similaire sur des altitudes supérieures à 2.000 mètres. Ensuite il y a des étapes qui sont très longues avec beaucoup de dénivelé et à la fin le triptyque où il y a une étape longue et 2 étapes plus courtes mais avec un fort dénivelé. C’est un parcours cohérent qui offre pas mal d’étapes pour les sprinters, pour les baroudeurs, pour les classements généraux et limité en CLM aussi.
Carte du Tour de France 2019 © A.S.O
Le fait que les CLMs soient de plus en plus limités, vous croyez que c’est une volonté de l’organisation pour défavoriser les rouleurs et favoriser de plus en plus les grimpeurs ?
C’est vrai que ça limite les écarts. Moins il y a de distance en CLM, moins il y a d’écart, mais il y a un CLM par équipe…
Oui, mais malgré tout, les grimpeurs n’arrivent pas à monter sur la plus haute place du podium…
Bien sûr, mais ce sont des excellents grimpeurs aussi ceux qui arrivent à performer aussi en CLM, ils ont un excellent rapport « poids / puissance ». Mais oui, ça limite les écarts, ça oblige à passer à l’attaque pour gagner du temps et ne pas attendre le CLM.
Du point de vue physiologique, on parlait du nombre de rdv au-dessus de 2.000 mètres sur ce Tour, comment gériez-vous ça avec vos co-équipiers ?
Chacun se connaît. Au-delà de 2.000 mètres, en jour de stage ou en jour de compétition on peut voir comment ils réagissent à cette altitude. Il y aura des coureurs qui auront besoin de faire un stage plus long pour s’adapter à l’altitude en amont du Tour. De notre côté, à la FDJ, Thibaut s’adapte très très bien. Chacun devra se faire un cadre de conscience pour savoir s’il a besoin d’aller en altitude plus longtemps ou pas pour pouvoir répondre correctement, même si après il faut tenir les 3 semaines d’adaptation.
Rogic pendant la montée du Galibier (2.645 mètres) qui fera partie du Tour de France 2019 © Sirotti
Par rapport au Paris-Tours, il y a eu pas mal de critiques de la part de coureurs concernant les chemins de vignes. Qu’est-ce que vous en pensez ? D’un point de vue suiveur, on a eu l’impression que ça a rendu la course plus excitante, mais on a eu l’impression que les coureurs l’ont vraiment rejeté…
Non… Est-ce que ceux qui étaient contents se sont exprimés ?
Mais ce qui va rester c’est que les coureurs n’étaient pas contents, malheureusement…
Non, pas du tout. Après, il y a eu une étude menée par la CPA, qui a tiré des conclusions comme quoi 2/3 des coureurs étaient satisfaits des changements du parcours et que cela a donné un peu de piment. Il ne faut pas aller contre les tentatives d’innovation comme ça. Forcement il y a des aménagements à voir. Il y avait des chemins qui étaient peut-être un peu limite au niveau de la stabilité et de la présence de cailloux, mais ceux sont des aménagements à voir. Comme tout changement, forcement il y a beaucoup de réfractaires sur le temps d’adaptation et d’acceptation. Paris-Tours a besoin de faire son renouveau, je pense que ça sera sur la durée.
De vote côté, qu’est-ce que vous pensez faire en juillet 2019 ?
Je n’en ai aucune idée pour l’instant. Ça sera un peu de repos cet hiver.
Jérémy Roy en 2018 (Groupama FDJ)
Est-ce que vous envisagez de rester dans le milieu vélo ou d’en sortir complètement ?
Ça sera la surprise. Je vais prendre un temps de réflexion, je ne peux pas vous apporter des réponses dans l’immédiat. Ça prendra le temps que ça prendra, cela n’est pas simple comme choix, ça fait 15 ans que je suis coureur. Il y a un petit background au niveau des études, ça remonte déjà. Mes envies vont peut-être évoluer avant de faire ma petite introspection.
Quel a été votre plus beau jour de vélo de l’année 2018 ?
Tous les jours, car je savais que c’était la dernière fois que je fera tel trajet, ou que je ferai cette course… J’ai essayé de profiter au quotidien. Bien sûr, la fin de saison a été très spectaculaire et grandiose pour moi : la victoire de Thibaut à Lombardie, Paris-Tours à domicile, finir aux Herbiers avec toute ma famille et mes amis présents. C’était aussi fabuleux, ce sont beaucoup de souvenirs, je ne peux pas en retenir qu’un seul…
Thibaut Pinot s’est imposé sur le Tour de Lombardie en 2018 © Sirotti