Il s’est présenté devant la presse le visage plus ténébreux encore que d’ordinaire et paradoxalement plus ouvert que jamais. Ceux qui ont l’habitude d’assister aux conférences de presse d’Alberto Contador (Astana) savent à quel point les propos de l’Espagnol sont figés et bien souvent insignifiants. Seulement, en invitant la presse à écouter sa plaidoirie, quelques heures après l’annonce de sa positivité au clenbutérol durant la seconde journée de repos du Tour de France, Alberto Contador a affiché un visage nouveau. Remonté comme jamais, indigné de la situation dans laquelle il se trouve et fâché par l’ampleur dont s’apprêtent à prendre les événements, le triple vainqueur du Tour de France a tenu à parler à cœur ouvert et à répondre à toutes les questions, sans manier la langue de bois, en confiant simplement sa version des faits.
« Je n’ai commis aucune infraction, a déclaré Alberto Contador, le regard noir et le verbe prolixe. La vérité, je suis exposé à vous la dire haut et fort. Il ne s’agit pas d’un cas de dopage mais bien d’une contamination alimentaire. L’Union Cycliste Internationale l’a bien compris. Sur ses conseils, je me suis mis en contact avec un expert mondial. J’étais prêt à rencontrer tous les experts pour que les choses restent claires. Nous avons mené à bien des enquêtes, nous avons des rapports très clairs qui garantissent que je n’ai pas eu recours au dopage. J’ai tout à fait confiance dans le travail de l’Agence Mondiale Antidopage et de l’UCI, ils ont très bien compris mon cas. » Les valeurs relevées étant infinitésimales, puisqu’il faut ajouter dix zéros après la virgule pour trouver une trace infime du produit concerné (0,000 000 000 05 gramme par millilitre), la thèse de l’intoxication semble crédible. Une enquête scientifique se poursuit.
En attendant, Alberto Contador a été mis à pied à titre provisoire, comme l’exige le Code Mondial Antidopage. « J’ai du mal à accepter cette sanction, je trouve cela intolérable, a confié le champion madrilène. L’UCI sait qu’il s’agit de quelque chose de tout à fait à part. Il y a une procédure à suivre, elle a été suivie et je le comprends, mais cette procédure n’est pas la même qu’en cas de dopage. » Avant de regretter d’avoir vu sortir l’information, qu’il a souhaité devancer après avoir eu vent des intentions de la télévision allemande de révéler l’affaire. « J’avale ça en silence depuis un mois et demi, ma famille ne le savait pas non plus, je ne voulais pas qu’elle en souffre. Je me sens triste, déçu aussi, mais j’ai la tête haute parce que je peux dire les choses telles qu’elles sont. Franchement, je ne crois pas que des doses aussi infimes auraient eu des conséquences sur mes performances. Je ne laisserai pas un événement comme celui-là tout détruire. »