La carrière sportive de Jan Ullrich s’est arrêtée au début de l’année 2007. Soupçonné d’implication dans l’affaire Puerto quelques mois plus tôt, le champion allemand avait été successivement évincé du Tour de France, vingt-quatre heures avant le Grand Départ, suspendu par son équipe T-Mobile puis tout bonnement licencié. A l’orée de cette année 2007, plus personne ne voulait de Jan Ullrich, contraint de mettre un terme subit à sa carrière. Pour autant, la justice sportive n’en avait pas fini avec le coureur allemand. Depuis ces faits, l’Union Cycliste Internationale a toujours estimé que l’ancien vainqueur du Tour de France devait payer. La fédération suisse, de laquelle il dépendait, ayant refusé de statuer sur son cas, c’est le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) qui s’en est chargé. De démêlés en démêlés judiciaires, l’affaire a enfin été tranchée.
Ce midi, le TAS a reconnu Jan Ullrich coupable d’une infraction de dopage. Il a pu démontrer que Jan Ullrich s’était rendu à plusieurs reprises dans les locaux où sévissait le docteur Fuentes, qui fournissait ses services en matière de dopage auprès de nombreux athlètes. Jan Ullrich aurait ainsi payé plus de 80000 euros au docteur espagnol, une analyse ADN ayant confirmé que des poches de sang stockées en Espagne appartenaient au coureur. Sans avoir jamais avoué les faits, l’Allemand n’a pour autant jamais contesté la véracité des preuves. « Compte tenu du volume, de la cohérence et de la fiabilité des preuves présentées par l’UCI, et de l’absence de réaction de Jan Ullrich concernant la véracité ou la fiabilité de ces mêmes preuves, la Formation arbitrale est arrivée à la conclusion que Jan Ullrich avait été impliqué au moins dans des actes de dopage sanguins en violation du règlement antidopage », conclut le TAS dans sa sentence.
Par conséquent, l’Allemand écope d’une sanction rétroactive. Il est suspendu deux ans à compter du 22 août 2011, date qui coïncide avec l’audience du TAS. Si cette suspension proclamée à l’encontre d’un coureur retiré des compétitions depuis cinq ans est anecdotique, l’autre sanction ne l’est guère ! Le TAS a en effet également décidé d’annuler tous les résultats obtenus par le coureur depuis le 1er mai 2005. Cette peine signifie pour l’Allemand la perte de trois résultats majeurs. Il est démis de sa victoire finale au Tour de Suisse 2006 (qui revient à l’Espagnol Koldo Gil), perd son unique succès d’étape au Tour d’Italie (au profit d’Ivan Basso) et est surtout destitué de sa 3ème place au Tour de France 2005, derrière Lance Armstrong et Ivan Basso, qui verra Francisco Mancebo hériter de sa marche. Encore une fois, il faut réécrire toute l’histoire.