Le premier sommet franchi, le Tour de France semble enfin avoir adopté un rythme de croisière. Les étapes plates qui feront désormais la liaison entre les montagnes – on met tout doucement le cap vers le Jura samedi et un premier contact alpin dimanche – honoreront amplement leur réputation d’étapes de transition. C’est exactement ce que devait être cette sixième étape qui parcourait les plaines du Grand Est sur 216 kilomètres entre Vesoul (Haute-Saône) et Troyes (Aube). Et c’est purement et simplement ce qu’elle aura été.
La première arrivée en altitude, hier à la Planche des Belles Filles, a donc comme à son habitude permis à Chris Froome (Team Sky) de se draper de jaune, comme il l’avait fait à Ax 3 Domaines en 2013 alors qu’il était déjà leader du classement général en se frottant aux premières arrivées au sommet en 2015 et 2016. Les différences sont néanmoins d’ordre à entretenir le suspense avant un redoutable week-end, et c’est tant mieux pour la suite du Tour, qui s’est en attendant trouvé une autre raison de rester en alerte quand la route s’aplanit.
Le rush vers Vittel est passé par là, emportant avec lui le pauvre Mark Cavendish (Dimension Data), trente fois vainqueur d’étape sur les routes de la Grande Boucle, et le champion du monde Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), son bourreau, exclu pour son vilain jeu de coudes et donc privé de la possibilité de ramener pour la sixième fois de suite le maillot vert sur les Champs-Elysées. Il n’en fallait pas plus pour relancer l’enjeu de ce classement par points tellement dominé par le Slovaque qu’on ne lui prêtait presque plus attention ces dernières années. Puisqu’un autre que Sagan défilera en vert dans les rues de Paris le 23 juillet, la bagarre pour l’héritage est ouverte. Et elle s’annonce captivante !
Pour l’heure, c’est le maillot bleu-blanc-rouge d’Arnaud Démare (FDJ) qui s’est mis au vert. Et le Picard s’est pris au jeu de le défendre. Ainsi l’aura-t-on vu gonfler son avantage au sprint intermédiaire de Colombey-les-deux-Eglises en se montrant le plus rapide derrière les trois échappés du jour, Frederik Backaert (Wanty-Groupe Gobert), Vegard-Stake Laengen (UAE Team Emirates) et Perrig Quémeneur (Direct Energie). Sans dépasser les 4’15 » d’avance sous un soleil de plomb, les trois hommes sortis au kilomètre 0 auront eu le mérite d’animer une course promise aux sprinteurs jusque dans la forêt d’Orient, avant d’être rejoints en vue de Troyes à un peu moins de 10 kilomètres de l’arrivée.
Arnaud Démare allait aborder ce sprint, le troisième pour les spécialistes du genre sur la route du Tour de France, avec quelques points de mieux qu’au matin sur Marcel Kittel (Quick-Step Floors), pour l’heure son principal opposant. Mais les points mis en jeu sur la ligne d’arrivée étaient bien plus importants que ceux du sprint intermédiaire, et les deux hommes allaient jouer serré avec la perspective au bout de la route d’une seconde victoire d’étape.
Pour autant, chacun choisissait une trajectoire différente. Arnaud Démare, en vert, était idéalement placé dans les roues des meilleurs au moment de mettre des watts, et il osait même mettre ses roues là où d’autres ne s’y seraient pas essayé, léchant les barrières disposées sur sa droite pour remonter par un trou de souris les quelques sprinteurs qui s’étaient élancés vers la ligne. Moins audacieux, Marcel Kittel avait fait le choix d’un sprint sur la gauche, où la route était davantage dégagée, ce qui allait lui permettre d’exprimer toute sa puissance sans être coupé dans son élan. L’Allemand, adepte des victoires en série, remontait alors toute la clique pour venir imposer sa grande carcasse devant Arnaud Démare et André Greipel (Lotto-Soudal), soit le tiercé exact de celui de Liège dimanche.
Faut-il y voir là un début de hiérarchie entre les candidats au maillot vert ? Rien n’est moins sûr. En attendant, la seconde victoire d’étape de Marcel Kittel rapproche l’Allemand à 27 points d’Arnaud Démare au classement par points. Et une nouvelle occasion de se départager attend déjà ces deux-là demain entre Troyes et Nuits-Saint-Georges (213,5 km).
Classement 6ème étape :
1. Marcel Kittel (ALL, Quick-Step Floors) les 216 km en 5h05’34 » (42,4 km/h)
2. Arnaud Démare (FRA, FDJ) m.t.,
3. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
4. Alexander Kristoff (NOR, Katusha-Alpecin) m.t.
5. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) m.t.
6. Dylan Groenewegen (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
7. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) m.t.
8. Daniel McLay (GBR, Team Fortuneo-Oscaro) m.t.
9. Rüdiger Selig (ALL, Bora-Hansgrohe) m.t.
10. John Degenkolb (ALL, Trek-Segafredo) m.t.
Classement général :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 23h44’33 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 12 sec.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 14 sec.
4. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 25 sec.
5. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) à 39 sec.
6. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 43 sec.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 47 sec.
8. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 52 sec.
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 54 sec.
10. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) à 1’01 »
Classement par points :
1. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 170 pt
2. Marcel Kittel (ALL, Quick-Step Floors) 143 pt
3. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) 96 pt
4. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 93 pt
5. Alexander Kristoff (NOR, Katusha-Alpecin) 74 pt
Classement de la montagne :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) 10 pt
2. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) 8 pt
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) 6 pt
4. Richie Porte (AUS, BMC Racing Team) 4 pt
5. Nathan Brown (USA, Cannondale-Drapac) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) en 23h45’16 »
2. Pierre Latour (FRA, Ag2r La Mondiale) à 24 sec.
3. Louis Meintjes (AFS, UAE Team Emirates) à 41 sec.
4. Emanuel Buchmann (ALL, Bora-Hansgrohe) à 46 sec.
5. Guillaume Martin (FRA, Wanty-Groupe Gobert) à 1’44 »
Prix de la combativité :
1. Vegard-Stake Laengen (UAE Team Emirates)
Classement par équipes :
1. Team Sky (GBR) en 71h14’41 »
2. BMC Racing Team (USA) à 1’59 »
3. Ag2r La Mondiale (FRA) à 3’21 »
4. Cannondale-Drapac (USA) à 3’35 »
5. Orica-Scott (AUS) à 3’58 »