Les liserés tricolores qui ornent le maillot noir et vert qu’il étrennera mercredi prochain à l’Etoile de Bessèges en font un coureur distinct au cœur de l’effectif de Bretagne-Séché Environnement. Son palmarès n’a en tout cas pas d’équivalence dans le groupe. Quatre victoires d’étapes dans le Tour de France (record de victoires pour un coureur français en activité qu’il détient avec Thomas Voeckler), un titre de champion de France, le Grand Prix Ouest-France… La carrière de Pierrick Fédrigo n’est plus à faire. A 36 ans, il aurait même pu choisir d’en rester là. Ou de prolonger l’expérience de lieutenant de luxe dans une équipe FDJ où il n’avait plus la place qui était la sienne par le passé. Mais le Marmandais rêvait d’une autre fin. Plus conforme à son calibre.
« Je veux retrouver l’envie de faire la course, d’être à l’avant, d’aller chercher la gagne, annonce-t-il tout de go. C’est quelque chose que j’ai perdu ces dernières années chez FDJ, et ça se ressentait en course. Il fallait travailler pour un sprinteur, pour un leader. C’est normal quand on a des jeunes qui vont vite au sprint et qui grimpent super bien. J’ai fait mon boulot, ça fait partie du rôle de coéquipier, mais j’ai toujours l’âme d’un gagneur. Cette équipe Bretagne-Séché va me faire du bien. »
Il n’a fallu à Pierrick Fédrigo que quelques coups de pédales en stage avec ses nouveaux coéquipiers pour retrouver un vélo tel qu’il l’a toujours conçu. « Dans la simplicité, dit-il. On retrouve les mêmes méthodes de travail d’une équipe sur l’autre mais ici on n’est pas dans le vélo moderne, scientifique, avec tous les calculs. On retrouve l’entraînement aux sensations. » Celui qu’il a toujours défendu, renonçant aux services d’un entraîneur, plus à l’aise à l’écoute de ses propres sensations.
Et parce qu’il se connaît à la perfection, l’ancien champion de France sait mieux que quiconque qu’il s’est retrouvé cet hiver une envie qui lui faisait défaut ces dernières années. « A l’entraînement, je travaille à nouveau pour moi, non plus comme je le faisais ces dernières années en faisant un travail d’équipier, admet-il. Ces dernières saisons, quand j’allais sur les courses, je savais que j’allais faire mon boulot et que je ne serais plus dans le final. J’avais fini par modifier mon entraînement. Je partais rouler mais je ne travaillais plus forcément le spécifique en sachant que j’allais devoir rouler à un certain tempo. Aujourd’hui je sais que l’équipe Bretagne-Séché Environnement compte sur moi. Ça me permet de pouvoir me refaire mal à l’entraînement, de travailler davantage pour moi. »
Et le travail hivernal du Lot-et-Garonnais semble avoir porté ses fruits, si l’on en croit ses propos. « Quand je suis arrivé au stage, il me tardait de savoir comment j’allais être par rapport à mes nouveaux coéquipiers. Quand tu pars faire quatre ou cinq heures de vélo tout seul pendant un mois et demi, tu es dans l’inconnue quand tu retrouves les copains. J’avais besoin de connaître mes sensations. Or dès les premiers tests, j’ai remarqué que j’étais dans les clous. C’est que j’arrive encore à m’entraîner comme il faut. »
Nouveau capitaine de route de l’équipe Bretagne-Séché Environnement, Pierrick Fédrigo entend relever le défi de cette nouvelle expérience avant de quitter la scène. « Je veux être acteur, répète-t-il. J’ai besoin de retrouver ce rôle. Attaquer, faire mal aux autres, ne plus attendre. L’équipe compte sur moi. Emmanuel Hubert a vu au stage de janvier que j’étais là, que j’étais présent, que j’étais prêt à faire la course. Le groupe attend que je me remette à faire ce que je savais faire. Essayer d’aller chercher la gagne. »