Peut-on rappeler votre passé sportif et bien évidemment de coureur ?
– J’ai roulé jusqu’au niveau Elite mais je suis malheureusement tombé très lourdement comme notre jeune italien au mois de décembre (NDLR : Samuele Manfredi). C’est le moment que j’ai alors choisi pour devenir directeur sportif. Tout d’abord en tant que manager et directeur sportif pour BMC Development pendant 5 ans. Et à présent, j’ai cette occasion de devenir manager sportif de Groupama – FDJ, équipe pour laquelle j’espère apporter mon expérience.
Jens Blatter © Continental Groupama-FDJ
Vous avez été annoncé très tôt dans la saison. Est-ce que cela signifie que vous avez eu le temps de travailler à la constitution de votre équipe ?
-J’ai effectivement pu faire le choix de tous les coureurs ainsi que de toutes les personnes de l’encadrement.
L’équipe est constituée de 12 coureurs et 6 nationalités. Au contraire, Groupama et FDJ sont 2 marques connues plutôt en France « seulement ». Est-ce vous qui avez insisté pour avoir cette équipe cosmopolite ?
– C’est le but de cette structure, qu’elle ne soit pas franco-française mais au contraire internationale, en l’occurrence avec 5 coureurs français et 7 coureurs étrangers.
Il n’y a donc aucune volonté de votre part d’avoir, ne serait-ce qu’une majorité de français ?
– Pour tout dire, le but initial était 6 de part et d’autre mais le recrutement a finalement abouti à cette répartition… qui peut encore changer dans le futur.
Tout ceci signifie que les directives dans l’oreillette seront données dans quelle langue ?
– Ca sera l’anglais et je pense même que ceci fait partie de la formation de ces jeunes dans le but de devenir des sportifs accomplis.
© Continental Groupama-FDJ
Il est question que tous les coureurs soient centrés autour de Besançon et vous y vivez aussi. Quels avantages y voyez-vous ?
– Je vois un 1er avantage avec la constitution d’une vraie équipe de vrais copains où chacun va se battre pour l’autre. Je vois ensuite des opportunités pour l’entrainement, comme par exemple pour la préparation des sprints, les Contre La Montre ou les entrainements de groupe.
Est-ce que la position de Besançon s’est imposée par rapport à la proximité avec la Suisse ou un endroit central au niveau de l’Europe ?
– Ce sont de bonnes raisons en effet mais les possibilités au niveau du terrain nous ont poussé vers cet endroit avec certaines zones intéressantes pour les grimpeurs et d’autres pour les rouleurs/sprinteurs.
Nous avons également la chance d’avoir sur place le Centre de Performance de l’équipe, le médecin également. Nous allons aussi mettre en place des cours d’anglais ainsi que de formation de communication avec les médias (Media Training).
Avec l’avènement des réseaux sociaux et l’exposition des coureurs, diriez-vous qu’aujourd’hui, les coureurs plus difficiles ou différents à coacher ?
– « Différents » je dirais. Mais probablement aussi un peu plus difficiles car la prise de risques est plus importante aujourd’hui. Mais ceci rend le rôle de l’encadrement plus intéressant. Cela prend plus de temps pour façonner un coureur mais l’aspect médiatique est aussi un volet qu’il faut envisager du bon côté, sous l’angle intéressant de la chose.
© Continental Groupama-FDJ
Quand vous évoquez ici la notion de risques, à quoi pensez-vous exactement ?
– Les jeunes aujourd’hui ne réfléchissent pas toujours : ils postent sur les réseaux sociaux sans penser aux conséquences. C’est aussi l’un de nos rôles, leur montrer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas dans le domaine de la communication.
Globalement quels sont les aspects positifs et négatifs que vous voyez au début de votre aventure ?
– Nous avons pu faire tous ensemble, en Espagne, un excellent stage. Nous avons déjà créé une excellente cohésion et un bel état d’esprit. Quant au négatif, c’est forcément la chute de Samuele. Il s’agit d’une situation très difficile, pour ses coéquipiers aussi et nous-mêmes au sein de l’encadrement car nous pensons souvent à lui. Mais je suis certain que lui comme nous allons en sortir plus forts.
Est-ce qu’ils ont un défaut, ces 12 coureurs ?
– Pour l’heure, il est trop tôt pour le dire, tant que la saison n’est que tout juste commencée.
Quel sera votre le programme de votre 1er trimestre, après avoir archi-dominé l’Essor Basque ?
– Nous allons faire le Grand Prix d’Aix en Provence puis celui de Puyloubier. Nous allons ensuite enchainer avec les courses internationales : Lillers, Paris-Troyes, Tour de Bretagne, Tour de Normandie. Voilà pour le 1er trimestre. Mais, nous pensons déjà à la suite avec Paris-Roubaix Espoir et le Baby Giro.
© Continental Groupama-FDJ
Avec ce que nous avons vu sur l’Essor Basque, n’avez-vous pas peur que l’équipe soit « trop forte », surtout au niveau du calendrier français ?
– Nous avons bien commencé mais cela ne peut pas continuer ainsi toute la saison. Nous avions 11 coureurs, ce qui n’était pas le cas des autres équipes. Quand les effectifs seront plus équilibrés, les forces en présence seront forcément plus équitables.
Sur les courses Elite françaises, je pense néanmoins que nous sommes bien armés mais sur les courses du calendrier international, la situation sera bien différente.