Alors Yvon, on note tout d’abord que depuis 2017, aucune équipe invitée n’est arrivée à mettre au fond, comment analysez-vous cela ?
Non moi je ne vois pas ça comme ça, parce que si on part comme ça, on se pose la question de savoir si une équipe invitée a sa place sur le Tour. Alors que si je regarde le classement général de Warren, il y a beaucoup d’équipes World Tour qui ne sont pas capables d’avoir un leader aussi bien classé que lui, donc on a largement notre place sur le Tour de France.
Et à côté de ça, on voit qu’il y a 14 victoires d’étapes à ce jour qui sont trustés par 4 équipes (finalement 15 sur 20). Là aussi c’est quand même un phénomène marquant.
Ce n’est pas nouveau, dans le cyclisme moderne ce sont toujours les mêmes équipes qui gagnent. Quand on a un gros leader ou un gros sprinteur, on s’aperçoit qu’il y a peu de places pour des équipes ou des garçons qui n’ont jamais gagné.
Vous en parliez, le résultat notable du Team Arkea-Samsic sur ce Tour de France est le top 10 au classement général de Warren Barguil avec le maillot de champion de France sur les épaules. Quel bilan tirez-vous donc de ce Tour de France, en sachant qu’on est au départ de la dernière étape où vous avez vos chances avec André Greipel ?
Je pense que le bilan global de l’équipe sur ce Tour est positif, avec le top 10 au général de Warren qui en avait fait lui-même un objectif personnel. C’est une bonne chose, c’est une satisfaction. On termine également à 8, ce qui signifie que l’équipe était prête pour ce Tour de France. Et maintenant on va croiser les doigts pour qu’André puisse faire un bon résultat sur les Champs.
On a vécu un Tour de France caniculaire. Vous sentez les gars plus fatigués que l’année dernière, proportionnellement ?
Je pense que tous les coureurs en général sont fatigués. Moi ce que je retiens, c’est que l’équipe progresse, les garçons sont capables de faire un énorme travail. On avait passé un cap depuis l’année dernière, on a repassé un cap cette année. Je pense qu’on passera encore un cap l’année prochaine.
Le fait de voir par exemple Warren Barguil emmener des sprints pour André Greipel, ça signifiait qu’il y avait une belle osmose au sein de l’équipe. Vous êtes satisfait du 8 de départ choisi ?
Je pense que si au départ on peut toujours se demander si on a fait le bon choix, à l’arrivée en tout cas on en est persuadé.
Autre satisfaction : on a souvent vu Elie Gesbert pas très loin ou avec le paquet de tête, par exemple il est allé très loin avec lui sur la route de Val Thorens. Là aussi, on peut dire qu’il passe un cap chaque année.
Oui il passe un cap en effet, et je pense qu’à l’avenir pour un travail proche d’un leader, ça va devenir un garçon incontournable.Elie Gesbert aux côtés de Warren Barguil
Avant la dernière étape des Champs-Elysées qui pourrait changer l’analyse, peut-être André Greipel un peu en deçà de ce que vous pouviez attendre ?
En deçà oui, mais on sait tous qu’un sprint se joue à peu de choses. On finit douzième mais on est sur la même ligne que le deuxième. Je pense qu’aujourd’hui André est motivé, c’est une étape qu’il connait, et il aura à cœur de bien faire.André Greipel, finalement 6e sur les Champs-Elysées – son meilleur résultat sur le Tour 2019 | © Sirotti
En tant que manager Français d’une équipe Française, j’imagine que vous avez eu un œil sur les performances des Français. Comment avez-vous jugé le Tour des Français cette année ?
C’est un excellent Tour, un excellent cru. Je pense qu’on ne peut que se réjouir de ce qu’a fait Thibaut Pinot et encore plus Julian Alaphilippe. Warren a également terminé dans le top 10. Et je pense aussi qu’il y a des jeunes qui ont pointé le bout de leur nez et qui feront partie des meilleurs mondiaux dans les années à venir. Donc on ne peut être que fier de ce que les français ont montré sur le Tour cette année.
Sentez-vous en tant qu’éducateur que l’image que des garçons comme ça donnent, cela peut amener des jeunes au vélo ?
Evidemment, c’est toujours plus facile quand on a une vitrine à leur montrer que quand les Français n’ont pas de gros résultats sur le Tour.Yvon Ledanois au micro de Vélo 101 | © Vélo 101
Deux vainqueurs sud-américains pour les deux premiers Grands Tours de 2019, ça vous inspire quoi ?
Ce n’est pas une surprise, depuis le temps qu’ils tournent autour du Tour, et que le Giro et la Vuelta ils l’avaient déjà fait, et je pense qu’il faut s’attendre à avoir à l’avenir encore plus de sud-américains dans le cyclisme.