Julian Alaphilippe et ses doudous | © Sigfrid Eggers
Est-ce qu’il y a 1 mois dans vos rêves les plus fous vous imaginiez un Tour de France avec 14 jours en jaune et 3 victoires pour Deceuninck Quick Step ?
Non, ça a été un très beau Tour comme l’an passé avec le maillot de la montagne et 4 victoires, c’était déjà super. Mais ici avec 14 jours en jaune on bat tout ce qu’on pensait.
Est-ce-que vous diriez que le parcours de cette année était parfait pour révéler des coureurs comme Julian Alaphilippe ?
Je pense que sur tous les parcours il pouvait se révéler, c’est quand même lui qui a attaqué à Epernay, à Saint-Etienne, c’est nous qui avons éliminé quelques favoris avec la bordure qu’on a fait. On a une équipe agressive, je pense attractive pour le public aussi. Ca donne le moral quand on fait un éventail avec le maillot jaune en personne, c’est presque du jamais vu.
Un Tour de France qui partait de Bruxelles pour le cinquantenaire de la première victoire du Roi Eddy Merckx. Est-ce que vous avez déjà connu un Tour aussi passionnant ?
Je ne pense pas, en tout cas ce n’est pas parce que nous avons beaucoup de succès mais Julian Alaphilippe c’est un jeune coureur, ils ont vraiment fait de la pub pour le cyclisme et ils ont gagné beaucoup de clients, et pas seulement en France.
Patrick Lefevere en ITW | © Vélo 101
On a l’impression qu’il arrive une nouvelle génération avec Julian Alaphilippe, Thibaut Pinot, Remco Evenepoel, Mathieu Van der Poel… Des jeunes qui sont décomplexés et qui attaquent, un peu à l’ancienne.
Je pense que le cyclisme en a besoin. Quand tu vois courir Van der Poel ou Julian ils ont pas peur d’attaquer à 50 kilomètres de l’arrivée, ils ne sont pas avec la calculatrice sur le guidon.
Diriez-vous que l’équipe Ineos avait un collectif moins fort que celui qu’on avait connu avec Sky avant ?
J’espère aussi avoir une équipe moins forte comme eux et avoir le 1er et le 2ème du classement général. Les gens parlent beaucoup mais les prix sont distribués à la fin sur la ligne et s’il n’y a pas d’équipe ce n’est pas possible. Ils ont le budget mais bon… Il faut le faire quand même.
Vous avez remarqué qu’avec 4 équipes il y a déjà 15 victoires engrangées avec Mitchelton-Scott, vous, Lotto-Soudal et Jumbo-Visma. On voit que pour les équipes invitées ça devient de plus en plus dur, comme sur tous les Grand-Tours mais encore plus sur le Tour de France.
Je pense que le frein de budget fait déjà une différence…
Alaphilippe dans le mur final du chrono | © Getty Images
Connaissez-vous votre équipe pour la Vuelta ? Autour de qui sera t-elle articulée ?
Je ne connais pas encore, je pense autour d’Enric Mas mais pour vous dire des noms aujourd’hui c’est trop tôt.
Julian Alaphilippe à 48 heures près était en jaune sur les Champs Elysées. Le classement général sera un objectif dans les années à venir ? Pensez-vous que vous pouvez amener une équipe autour de lui en 2020 pour l’accompagner jusqu’au bout ?
Non car la plupart des coureurs sont déjà sous contrat avec ceux qui ont prolongé. Il faut avoir le budget de recruter des coureurs qui ont la qualité de grimpeurs et je ne pense pas qu’on lui ferait un cadeau de faire ça, il faut avoir de la patience.
Alors en 2020 pas forcément mais en 2021 ça semble envisageable ?
Il y a encore beaucoup de courses qu’il veut gagner, le Championnat du Monde, le Tour de Lombardie, il souhaite aussi découvrir le Tour des Flandres… Peut-être que quand il aura 30 ans il pourra essayer une fois.
Le selfie de fin de Tour | © Deceuninck Quick-Step
Comment avez-vous trouvé le Grand Départ à Bruxelles, à la maison ?
C’était comme une course normale, on aurait aimé gagner la première étape avec Viviani mais on l’a loupé, le contre-la-montre on l’a loupé aussi. Mais dès le troisième jour Julian a mis « les points sur les i ».
Vous imaginiez qu’Eddy Merckx était vénéré comme ça en Belgique ?
Je connais très bien Eddy Merckx, il avait beaucoup de stress avant le Tour de France mais quand je l’ai vu pris à Bruxelles avec tous les gens qui l’ont remercié, il était très fier.
On a deux Sud-Américains qui gagnent les premiers Grand-Tours de la saison, ça vous évoque quoi alors que l’an dernier c’était trois Britanniques ?
Que le monde devient petit et plat. Je suis allé en Colombie l’an dernier et j’ai vu l’enthousiasme pour le cyclisme, je pense qu’ici en Europe on ne réalise pas.