Alors Dominique, vous êtes avec l’équipe Total-Direct-Energie le dernier vainqueur en tant qu’équipe invitée, c’était il y a deux ans, on peut dire que c’est de plus en plus difficile pour les équipes invitées de mettre au fond ?
C’est vrai que c’est assez compliqué, il faut l’admettre. Mais il reste encore une étape (l’interview a été effectué juste avant le départ de la dernière étape) et on mise tout sur Niccolo Bonifazio (3ème aux Champs-Elysées), qui a prouvé qu’il pouvait faire un podium, que ce soit sur l’étape de Nîmes ou de Toulouse. Il a déjà obtenu une cinquième place à Nîmes et je pense qu’il peut encore faire beaucoup mieux, voire pourquoi pas gagner sur les Champs ! Mais c’est sûr qu’en tant qu’épique invitée il a fallu qu’on court énormément à la course aux points. On sait que c’est très important pour l’année prochaine et cela nous a obligé à participer à beaucoup de courses, ce qui ne nous a pas permis d’avoir la préparation idéale pour le Tour de France et on l’a payé certainement.Niccolo Bonifazio | © Sirotti
Lilian Calmejane avait de grosses ambitions. Est-ce qu’il est un peu en deçà de ce que vous pouviez attendre de lui ?
Oui bien-sûr. Il est arrivé sans être en grande condition, on pensait que ça allait être mieux en fin de Tour mais cela n’a pas été le cas. Voilà c’est comme ça, il faudra en tirer des conclusions après le Tour. Mais ne vous inquiétez pas, Lilian on le reverra très vite, c’est d’ailleurs lui le premier déçu.Lilian Calmejane, auteur d’un Tour de France décevant | © Sirotti
Vous êtes candidat au World Tour, où en est votre dossier là-dessus ?
Même si c’est plutôt à Jean-René Bernaudeau de répondre à cette question, je pense que pour exister dans ce milieu il faut être en World Tour. Parce que si on court aux invitations avec la nouvelle réglementation qu’a mise en place l’UCI, soit le fait que la première et la deuxième équipe de l’Europe Tour qui auront accès à tout le World Tour, ça devient vraiment la course au point, comme y participe également Cofidis. Et ça on le paye très cher aujourd’hui sur le Tour.
Sur ce Tour, 4 équipes ont remporté 14 victoires sur 19 aujourd’hui (finalement 15 sur 20). Est-ce que là aussi ça prouve qu’il faut être en World Tour pour avoir une chance d’exister ?
Je pense que oui. Effectivement être en World Tour ça simplifie les choses. On peut se permettre de faire des stages en montagne où les coureurs préparent uniquement le Tour de France, chose que l’on ne peut pas faire en deuxième division.
Ça a été un Tour de France caniculaire. Sentez-vous que les gars sont plus fatigués que les années précédentes, ou pas forcément ?
Disons tout d’abord que ça a été un Tour difficile. Je crois qu’il y a plus de 10 000 mètres de dénivelé positif par rapport à l’an dernier. On a rarement connu un Tour de France aussi dur et avec aussi peu d’étapes pour les sprinteurs, où dès la cinquième étape on était déjà dans les Vosges. Donc oui les coureurs sont très fatigués, je pense que beaucoup d’entre eux ont dû être content d’avoir une étape raccourcie hier.
D’un point de vue « franco-français », vous êtes une équipe « de terroir », vous devez être fier en tant que français de tout ce qu’on fait les tricolores sur ce Tour ?
Oui bien sûr. C’était un Tour de France « français », avec 15 jours en jaune pour Alaphilippe, la victoire au Tourmalet de Thibault Pinot, ou le maillot à pois de Romain Bardet. C’est vrai que ça a fait vibrer le public français, et c’est vrai qu’on n’a pas vu une équipe INEOS dominer comme les années précédentes, ce qui a rendu le Tour très ouvert. Donc oui je pense que du côté spectateurs, beaucoup de gens ont dû apprécier.Dominique Arnould au micro de Vélo 101 | © Vélo 101
Vous le compareriez à quel Tour de France historiquement ce Tour de France là ?
Difficile de comparer avec des éditions récentes où les INEOS dominaient tellement… Je ne sais pas, je n’ai pas vraiment d’idée. Je crois que c’était un Tour très ouvert, avec les absences de Froome, de Tom Dumoulin, il y a eu beaucoup d’opportunités et on a vu que les petits français étaient capables de s’imposer sur le Tour de France donc c’est bien pour l’avenir.
Si vous deviez retenir trois moments forts de ce Tour, ce seraient lesquels ?
La première victoire de Julian Alaphilippe à Epernay, où c’était incroyable ce qu’il avait fait. La victoire de Thibaut Pinot au Tourmalet après avoir perdu du temps dans la bordure. Et puis la révélation de Bernal, il faisait partie des grands favoris, on savait qu’en montagne ce serait certainement le plus fort, il a réussi à le prouver, malgré des dernières étapes un peu tronquées par la météorologie mais je pense qu’il aurait créé encore plus d’écarts.
Deux sud-américains qui gagnent les deux premiers Grands Tours, ça vous inspire quoi ?
C’est que le cyclisme mondial évolue, et pourquoi pas bientôt voir des coureurs africains !
Effectivement vous en connaissez un bout là-dessus ! Et par rapport aux prochaines échéances, vous avez des effectifs en tête ?
Oui, la saison n’est pas terminée. Dès le week-end prochain on va faire la London Classic avec Niccolo Bonifazio. Il reste encore beaucoup de courses avant la fin de saison, dont le Grand Prix de Plouay, où on aura Lilian Calmejane et Thomas Boudat. La saison n’est pas terminée pour nous, il faut absolument qu’on garde notre première place au classement Europe Tour. On a fait un très bon début de saison, et maintenant il faut rectifier le tir pour la fin de saison.
On parle de Thomas Boudat, ce n’est pas un regret pour le train de Niccolo Bonifazio qu’il ne soit pas là ?
Ouais… Après, Thomas Boudat n’avait pas fait de grands exploits sur le Tour de Suisse… Une sélection c’est toujours compliqué, bien sûr qu’il avait sa place, tout comme Pim Lightart. On a essayé de faire la sélection le mieux possible, en sachant que Niccolo préfère se débrouiller seul dans les derniers mètres.Thomas Boudat actuellement sur le Tour de Wallonie | ©