Yvon, de quelle manière avez-vous bâti l’effectif de l’équipe Cofidis pour 2013 ?
L’objectif était de renforcer le groupe et surtout de jouer sur une tête bicéphale en adjoignant à Rein Taaramae un co-leader comme Jérôme Coppel. Ces dernières années n’ont pas été faciles pour eux deux dans la mesure où ils ont eu beaucoup de pression sur leurs épaules. J’ai veillé à bâtir nos objectifs futurs sur des gens qui se respectent et ont envie de travailler ensemble. Cette coopération entre Rein Taaramae et Jérôme Coppel va leur permettre de mieux cibler leurs objectifs. Le binôme devrait être complémentaire dans les grands moments.
D’autres noms importants ont rejoint le groupe, dans quelle perspective ?
Si on veut réaliser des performances significatives, il faut des coureurs susceptibles d’apporter à nos leaders le support nécessaire, des équipiers de haut vol. C’est l’objectif de l’arrivée d’un coureur comme Christophe Le Mével, qui sera capable également d’apporter du résultat, mais qui peut faire un très bon capitaine de route. Sur le même profil, nous aurons Daniel Navarro, un superbe équipier en montagne ô combien efficace. Plus globalement, nous aurons des coureurs comme Guillaume Levarlet et Romain Hardy sur d’autres secteurs pour apporter leur pièce à l’édifice.
Vous avez également l’ambition de retravailler sur le groupe des classiques ?
Oui, nous allons le faire sur la base du potentiel déjà existant dans l’équipe. Je compte sur des gens déjà en place, notamment un coureur qui commence à éclore et arrive à maturité, il s’agit d’Egoitz Garcia. Il réalise des performances intéressantes sur les classiques. Il a remporté Paris-Corrèze cette saison, même si ce n’est pas tellement une classique, mais il aime les classiques du nord et sait gagner. Il sera en mesure, dès l’année prochaine, d’y faire des résultats.
L’équipe Cofidis affiche son ambition. Pour autant vous n’avez pas désiré lui faire réintégrer le WorldTour, pourquoi ?
Le fait de ne pas poser de candidature pour le WorldTour en 2013 a été une démarche volontaire partagée entre le partenaire et moi-même. Nous avons besoin de reconstruire l’équipe, de recréer les fondamentaux. Poser une candidature pour le WorldTour nous aurait imposé de chasser les points UCI et de privilégier cela à une construction rationnelle de l’équipe.
Depuis votre arrivée au poste de manager fin juin, avez-vous fait changer beaucoup de choses dans l’équipe ?
Les choses, on les fait bouger petit à petit. Le fait même de remodeler un effectif fait changer les choses. Ça a déjà bougé depuis l’été, d’autres mouvements vont intervenir cet hiver. Ce que j’attends désormais, c’est le premier stage avec ce nouveau groupe. Je compte sur l’implication de tous pour partir d’un nouveau pied et pour écrire une histoire collective qui soit la plus heureuse possible.
Quelle histoire souhaiteriez-vous écrire en 2013 ?
Notre objectif est évidemment d’être présents au départ du Tour. C’est fondamental pour une équipe comme la nôtre. A côté de cela, nous voudrons être concentrés d’emblée sur le début de saison. C’est quelque chose qui me tient à cœur. Je crois qu’il faut partir du bon pied. Ce n’est pas se mettre une pression énorme, mais il faut qu’une partie de l’effectif soit prêt pour les premières épreuves pour prendre de la confiance. A partir de là il y aura de grands rendez-vous incontournables : Paris-Nice, les classiques si nous y sommes… Avant tout, il faudra repartir du bon pied, avec de l’envie, un groupe qui fonctionne bien, qui soit agressif dans le bon sens du terme, qui ait envie de se battre, envie d’aller de l’avant. De là les résultats suivront.
Quelles vont être les échéances hivernales de l’équipe Cofidis ?
Notre premier stage aura lieu du 19 au 23 novembre. Ce sera surtout un rassemblement administratif : prise de cotes, tailles, tests médicaux, physiologiques, etc. Ensuite, nous irons en Corse du 6 au 13 décembre. Enfin nous ferons vraisemblablement un stage en Espagne du 8 au 18 janvier.
Le rôle des managers dans la lutte contre le dopage a été mis en avant par Christian Prudhomme lors de son discours d’introduction le 24 octobre dernier, qu’en retenez-vous ?
Il a eu un discours ferme et juste. En étant responsable d’équipe, on doit essayer de faire le maximum pour que les choses se passent de manière éthique au sein de son équipe. Ce n’est pas toujours simple, mais c’est la démarche que nous avons engagée au sein du Mouvement Pour un Cyclisme Crédible (MPCC), sur la base du volontariat et de la responsabilité du « chef d’entreprise » qu’est le manager. Une équipe cycliste a des devoirs vis-à-vis des gens qui donnent les moyens de faire vivre les idées, vis-à-vis du public et d’événements comme le Tour.
Toutes les équipes ne font pas encore partie du MPCC, des managers d’équipes n’ont-ils pas encore compris l’urgence de la situation ?
Je ne suis pas là pour juger cela. Ce que je vois, c’est qu’un mouvement s’amorce. De sept équipes membres du MPCC nous sommes onze à présent. Ça bouge dans le bon sens. A chacun maintenant de savoir où il se situe par rapport à cette philosophie. Nous avons un code clair, appliqué dans les équipes depuis plusieurs années. C’est l’une des voies les plus fortes aujourd’hui pour redonner de la crédibilité à notre sport et aux gens qui dirigent les équipes.
En 2013, il est incontestable que le moment fort sera la 100ème édition du Tour de France, que vous inspire le parcours présenté il y a quinze jours ?
C’est un Tour qui sera exigeant, difficile mais aussi équilibré. Je relève un beau contre-la-montre par équipes, pas trop long, ce qui donne de l’équilibre, deux beaux chronos individuels variés, l’un plat, l’autre plus technique et vallonné, et une part belle donnée à la montagne avec de l’inédit comme le doublon de l’Alpe d’Huez et un certain nombre d’arrivées en altitude qui seront déterminantes. Tous les ingrédients seront réunis pour avoir un Tour excitant en 2013.
Que ce soit la 100ème édition, ça donnera une saveur particulière au Tour 2013 ?
Le Tour, c’est déjà toujours particulier, mais la 100ème édition sera évidemment un grand moment à vivre. Pour les coureurs qui y participeront, ça restera quelque chose d’énorme. Autour de cette édition spéciale, il a été bâti un parcours qui associe des éléments forts, esthétiques, à côtés du terrain de jeu sportif. Cette combinaison donnera un caractère encore plus exceptionnel à cette édition du Tour.
Propos recueillis à Paris le 24 octobre 2012.