Yvon, vous êtes l’invité-surprise de ce Tour de France, nommé nouveau manager de Cofidis cette semaine…
Ça a dû surprendre pas mal de monde car c’est quelque chose de soudain. C’est un nouveau départ pour Cofidis comme pour moi. J’arrive au sein d’un groupe doté d’un long passé et qui vient de repartir pour quatre ans. C’est un moment difficile pour l’équipe mais on est loin des crises qu’on a pu rencontrer au moment où je suis arrivé chez Festina ou même chez Astana. Les choses ici sont différentes.
Quel est l’état des lieux au moment où vous arrivez à la tête de l’équipe Cofidis ?
Je me donne un peu de temps, de réflexion et de concertation pour être plus au courant de ce qui se passe au sein de l’équipe. Je ferai une analyse plus approfondie après le Tour. Avant, je veux vivre avec cette équipe afin de me forger une idée. Je ferai le point plus tard.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter l’offre de Cofidis ?
C’est un beau challenge qui m’est offert à moi comme à l’équipe. Cofidis a décidé de s’investir pour quatre année de plus, avec des ambitions et la volonté de réintégrer le WorldTour. Ça va nous permettre de travailler aussi bien avec des jeunes qu’avec des coureurs confirmés. C’est ça qui m’a séduit.
Qu’allez-vous pouvoir apporter à l’équipe ?
Je ne sais pas encore. Mon expérience, certainement, parce que les années passent et les expériences s’enchaînent. J’ai acquis un certain nombre de manières de faire et d’analyser les situations qui peuvent servir dans différentes situations. J’espère pouvoir être au plus près des coureurs et de l’équipe en général. Leur inculquer des valeurs comme la rigueur, la solidarité, le sentiment d’appartenance fort au maillot, à une équipe, à un collectif. A partir de là, c’est le boulot d’un chef de faire garder ce cap. J’ai un beau challenge à mener, un beau projet pour l’avenir.
Quel est votre état d’esprit et celui du groupe aujourd’hui ?
J’arrive avec sérénité, un projet à bâtir, je vais essayer d’apporter ma manière d’être, mon savoir-faire, d’utiliser mes expériences. Je ne reprends ici qu’une partie de l’équipe. Il y a toujours le stress du départ du Tour, mais je n’ai pas trop vu de coureurs stressés. On est dans une ambiance de Tour normale, je n’ai pas trouvé qu’ils étaient plus nerveux. Mais pendant le Tour, je vais aller au Tour d’Autriche pour voir l’équipe dans son intégralité le plus rapidement possible. Faire connaissance et faire un état des lieux.
On vous retrouve toujours dans ces situations alambiquées, pourquoi ?
J’aime bien les expériences variées. J’ai mené une vie professionnelle assez riche. J’ai été exploitant agricole pendant très longtemps et j’ai assumé des fonctions différentes dans le vélo, que ce soit administrative ou institutionnelle. Cofidis, c’est un nouveau challenge. Tout ça ce sont des expériences qui se complètent, il faut en tirer le maximum pour mener à bien sa mission.
En quoi va consister votre message ?
Il faut essayer de leur amener de la sérénité, leur faire passer un message constructif, les rassurer, leur faire comprendre que les choses vont tourner, qu’ils vont pouvoir s’exprimer dans les meilleures conditions. Je vais leur dire aussi que la porte du dialogue est ouverte, et c’est hyper important dans ces périodes de transition durant lesquelles chacun s’interrogent. Je vais présenter mes fondamentaux, comment on voit les choses. Je compte aussi m’appuyer sur ceux qui sont là autour de moi pour apporter de la fluidité dans la transition.
Vous n’allez tout de même pas tout bouleverser en trois semaines de Tour ?
On est d’accord que ce serait bien présomptueux de dire qu’on va changer les choses. Il faut d’abord faire un état des lieux, tout n’est pas à changer. C’est clair qu’il faut faire les choses sans précipitation mais le plus vite possible car le temps est toujours compté dans le sport de haut niveau. On va bien observer les choses avant d’intervenir.
La faiblesse de l’équipe n’est-elle pas de n’avoir pas su retenir ses meilleurs éléments une fois formés chez Cofidis ?
Oui, il y a des choses à revoir. Ça fait partie de la réflexion que je dois mener. Il faut travailler sur des perspectives à plus ou moins possible et se mettre en mesure d’accompagner les coureurs pour réaliser les meilleures performances. C’est la feuille de route, c’est ambitieux, mais on ne peut garder les bons coureurs que si l’on se place dans ce schéma-là. Ce sera un boulot de tous les jours. Nous allons chercher à avoir du résultat en apportant tout ce qu’on peut apporter à un athlète pour l’aider à se réaliser pleinement.
Comment abordez-vous le Tour de France ?
Il ne faut pas se laisser déborder par la recherche d’un résultat. On va s’attacher à avoir un Tour qui se passe le mieux possible, que l’état d’esprit soit d’être actifs pour mes coureurs avec de la sérénité et de la volonté, de bien faire sans se mettre de pression mais en se fixant des objectifs réalisables. On va prendre les choses au jour le jour, je reste persuadé que cette équipe est pleine de ressources.
Que doit attendre l’équipe Cofidis sur le Tour ?
Nous avons une équipe basée sur la jeunesse, avec quatre néophytes du Tour. Un coureur comme Rein Taaramae peut nourrir de vrais espoirs. Il peut envisager une victoire d’étape sur ce Tour. Pour le général, il faudra voir comment il se place dans les premiers temps. Il est jeune et son début de saison nous incite à être prudents. Mais il peut espérer un bon résultat au général et le maillot blanc de meilleur jeune. A ses côtés, il aura David Moncoutié, à qui l’expérience pourra profiter et qui sera encore capable de faire beaucoup de choses physiquement.
Propos recueillis à Liège le 29 juin 2012.