Yvon, quel bilan tirez-vous de la première partie de saison de votre équipe ?
Globalement, je pense que l’on a avancé sur certains points. Notamment sur le collectif. Les coureurs prennent de plus en plus l’habitude de courir groupés devant, d’avoir une démarche collective, d’aller de l’avant. On a fait de bons résultats par équipes dans les trois courses par étapes du WorldTour que l’on a faites en se classant 5ème à Paris-Nice, 5ème en Catalogne et 6ème au Pays Basque. On est 2ème au classement Coupe de France par équipes. On manque encore des moments de conclusion. On a eu une ou deux belles périodes avec une victoire de Daniel Navarro au Tour de Murcie, la victoire d’Edwig Cammaerts à la Classic Loire-Atlantique et aussi Adrien Petit en début de saison (à la Tropicale Amissa Bongo NDLR). On a connu des moments difficiles pour concrétiser. Il nous faut encore travailler à ce niveau-là. La victoire est importante pour récompenser le travail collectif. Mais la base, c’est cette construction de travail collectif, de repères qu’il faut toujours perfectionner. À partir de là, le reste suit et les résultats vont suivre.
Vous y avez mis votre patte…
Je ne sais pas. J’essaie d’influencer au maximum un esprit collectif, car ce sont les fondements de la réussite. La rigueur aussi est nécessaire et une certaine forme de convivialité, car cela va de pair pour déboucher sur la réussite. C’est vrai qu’il faut de la rigueur et du travail. Le niveau augmente. Les équipes sont toutes au top. Il n’y a pas de petites courses. Il faut toujours être à 100% pour faire des résultats.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant l’annonce des invitations pour le Tour ?
Je les attends comme tout le monde. On fait partie des équipes qui attendent une invitation. On essaie de rester sereins par rapport à cela. Il faut attendre le verdict d’ASO. De toute façon, les choses sont grandement avancées.
On peut penser que la sélection d’Europcar est acquise. Quels sont vos « adversaires directs » pour les deux dernières places ?
Je n’ai pas de craintes particulières, ni de choses qui me paraissent évidentes. Des équipes se sont battues avec leurs armes. Une équipe comme IAM Cycling a fait un bon début de saison. Sojasun se bat aussi. Je pense que nous avons un potentiel solide. On a réalisé un certain nombre de choses dans des courses de haut niveau. Il faut maintenant attendre le verdict.
On avait l’habitude de voir Jérôme Coppel très en forme sur le début de la saison. Cela n’a pas été le cas cette année. Pourquoi ?
On avait décidé de reculer les choses cette année. Mais derrière cela, il est tombé malade. Ce qui a vraiment décalé sa préparation. Il revenait bien au moment de Paris-Nice, mais il a fait une grosse chute donc il était encore ennuyé. À Liège, les sensations sont meilleures. Mais il manquait de kilomètres dans le final. Une course de 260 kilomètres ne s’improvise pas. Il lui manquait encore un cran pour être présent dans le final.
Vous avez joué de malchance sur Liège-Bastogne-Liège puisque Daniel Navarro a chuté.
Il a chuté deux fois. La première fois sur la deuxième côte. Il s’est fait percuter par l’arrière. Ensuite dans la Redoute. C’est le mauvais moment par excellence. Il est surtout gêné au niveau de la paume de la main. Il est assez marqué. Il va passer des radios et on espère que les séquelles ne seront pas trop importantes. C’est dommage parce qu’il avait vraiment de bonnes sensations. Le final était pour lui. La configuration était vraiment excellente. En plus, il a été agréablement surpris après la reconnaissance de vendredi et confiant par rapport au parcours. Il découvrait Liège et c’était comme je lui avais décrit : des bosses avec de la pente, ce qu’il aime. Il avait une belle motivation, mais cela fait partie du vélo. C’est décevant, car quand un gars marche et peut être là pour s’illustrer dans une course d’un tel niveau et avec le boulot des équipiers autour…
Comment avez-vous trouvé le scénario de Liège-Bastogne-Liège avec ce changement de parcours ?
C’est clair que la côte de Colonster n’apporte pas la même difficulté que l’ancien parcours. La Roche aux Faucons pouvait permettre de faire des différences, de vraies attaques et la sortie d’hommes costauds. Là, c’est quelque chose qui s’enroule beaucoup plus. Ce n’est pas propice aux attaques des coureurs d’envergure. Il y avait deux options, ou la course se durcissait rapidement, ou elle se durcissait dans la Redoute avec une attaque de loin, mais il n’y avait pas de vent ou de conditions climatiques difficiles. On a vécu un finale où tout s’est décidé sur la dernière partie de course.
Malgré tout, on retrouve de très costauds devant…
On ne gagne pas Liège par hasard. La bataille a pu paraître courte pour les gens, mais elle a été d’une intensité ! Quand on voit comment ça a explosé sur la fin, les meilleurs sont de toute façon devant. Dan Martin fait un remarquable vainqueur.
C’est aussi une victoire tactique.
Ce qu’a fait Ryder Hesjedal est impressionnant. Il fait une quinzaine de kilomètres devant. Il arrive à limiter dans Saint-Nicolas et se retrouve dans le premier groupe. C’est lui qui roule pour maintenir l’écart. Il y a eu un gros travail des Garmin.
Votre plan était-il de placer quelqu’un dans la première grosse échappée ?
C’est vrai que l’on avait envisagé cela parce que c’est important. La journée s’y prêtait. L’idée était aussi de faire un gros travail autour de Dani. Cela a pas mal fonctionné au niveau du collectif. Les gars ont joué placé, ont travaillé correctement. La chute est venue perturber tout cela.
Propos recueillis à Ans le 21 avril 2013.