Présent en Allemagne sur le salon Eurobike à Friedrichshafen la semaine dernière, l’Italien Ivan Basso (Liquigas-Doimo) a de nouveau pu mesurer sa cote de popularité. Coureur apprécié, souriant, disponible, il a consacré plusieurs minutes de son emploi du temps chargé à signer des autographes, à discuter avec ses supporters, à répondre aux questions des journalistes, tout en rendant visite à ses partenaires. Le double vainqueur du Tour d’Italie savoure une saison qui touche à sa fin. Pas question pour l’heure de penser à l’avenir, il se penchera sur la question au mois de décembre. D’ici là, il nous a confié son état d’esprit du moment, revenant dans un tout premier temps sur son souvenir de Laurent Fignon, le champion disparu la semaine dernière des suites d’une maladie qu’il combattait avec courage depuis le printemps 2009.
Ivan, la semaine dernière a été marquée par la disparition de Laurent Fignon, quelle image garderez-vous de ce champion ?
Ce dont je me souviens, c’est de lui sur le Giro en 1984, l’année de sa défaite à Vérone dans le contre-la-montre individuel, au tout dernier jour de la course. Il était alors en Rose et avait été vaincu par Francesco Moser. J’étais un petit garçon et j’étais allé à Vérone. Je me souviens l’avoir vu passer devant moi. J’avais son visage devant mes yeux et j’avais ressenti une émotion particulière. Je me rappelle de cette émotion plus de vingt-cinq ans après. Par la suite, j’ai eu l’occasion de le rencontrer lorsqu’il organisait Paris-Nice. C’était vraiment quelqu’un de bien. Quand j’étais sous la direction d’Alain Gallopin, nous discutions souvent avec lui. Nous avons diné plusieurs fois ensemble à Paris. J’ai un souvenir vraiment agréable de cet homme.
Nous vous avons rencontré à l’Eurobike, aimez-vous ce genre d’événements où vous êtes amené à découvrir l’industrie du cyclisme et à rencontrer vos fans ?
Bien sûr que c’est important et nécessaire. Durant la saison, quand nous sommes en course, il y a beaucoup de gens avec lesquels on ne peut pas prendre le temps de discuter, de se poser. C’est difficile d’être aussi disponible que je le suis actuellement, difficile de réaliser cette part de mon travail durant la saison. Pour moi, c’est donc vraiment plaisant de pouvoir le faire maintenant.
Votre saison touche tout doucement à sa fin, quel va être votre programme pour les prochains jours ?
Pour le moment, mon programme prévoit ma participation aux nouvelles courses du ProTour au Canada, le Grand Prix de Québec vendredi et le Grand Prix de Montréal dimanche. Ensuite je ferai quelques courses en Italie en fin de saison.
Comment avez-vous terminé le Tour de France ?
J’ai fini la course content de moi. Cela faisait cinq ans que je n’avais plus participé au Tour de France. J’ai donc ressenti une certaine émotion à conclure l’épreuve (NDLR : à la 32ème place). Maintenant, bien sûr, j’ai envie de progresser l’an prochain pour essayer de gagner.
On parle l’an prochain d’une étape dans le Galibier pour célébrer le centenaire du passage du Tour dans ce col mythique, on parle aussi d’un contre-la-montre à l’Alpe d’Huez, qu’en pensez-vous ?
(Il rit) J’en pense que vous en savez plus que moi !
On imagine que vous gardez un œil sur la Vuelta, avec Vincenzo Nibali parmi les meilleurs, quel est votre favori ?
Nibali, clairement. L’équipe marche bien et je pense que Vincenzo peut gagner. Bien sûr il y a d’autres bons coureurs comme Frank Schleck, Denis Menchov, Ezequiel Mosquera, plusieurs bons coureurs mais je crois en Vincenzo Nibali.
Quand allez-vous planifier votre programme pour la saison 2011 ?
En décembre, pas avant. Il n’est pas encore le moment de parler de la saison à venir, chaque chose en son temps. Mais je reste persuadé que le Giro et le Tour de France sont le programme le plus adéquat pour un coureur comme moi.
Pensez-vous qu’il soit possible de remporter ces deux courses la même année ?
Hmm, un coureur comme Alberto Contador en est capable. Il a doublé Giro et Vuelta la même année. Moi je ne crois pas que je le ferai !
Propos recueillis à Friedrichshafen le 2 septembre 2010.