Isabelle, quelle première analyse à chaud faites-vous de la course olympique des garçons ?
Je suis satisfaite de la course à trois niveaux. D’une part, Sylvain Chavanel était dans le bon coup, celui qui s’est bagarré pour les médailles. Il a pris la seconde échappée, la bonne. Ça prouve qu’il est bien revenu après son abandon sur le Tour, et c’est très encourageant avant le contre-la-montre de mercredi. D’autre part, Tony Gallopin était là également, ou presque. Il lui a manqué dix mètres. Il avait senti que les Suisses étaient à la manœuvre pour revenir sur les échappés. Ils étaient quatre à visser très, très fort et ils en ont remis au moment où Tony était à la rupture. Enfin, Arnaud Démare a tenu son rôle. Il finit dans le paquet avec les Anglais et les Allemands et fait 4ème du sprint de son groupe. Ça prouve qu’il était frais en cas de sprint pour la gagne, ce qui était l’autre possibilité du jour.
La petite frustration, c’est Tony Gallopin qui manque la bonne pour quelques mètres ?
Tony était déçu à l’arrivée, déçu de ne pas avoir pu donner plus. Là aussi, il revient d’un abandon sur le Tour, ce sont ses premiers Jeux, et c’est plus qu’encourageant. Après ça, à deux devant contre les armadas suisses ou américains, le coup était jouable.
Quels étaient les sentiments de Sylvain Chavanel et d’Arnaud Démare ?
Sylvain est rassuré et content. Arnaud de son côté est aussi très heureux de sa course. Là aussi, il y a plein de promesses pour l’avenir. C’est le but du jeu, et ces Jeux de Londres sont là pour anticiper l’avenir.
Parlons des filles maintenant. Ce que vous avez vu aujourd’hui vous éclaire-t-il pour demain ?
Chez les filles, il n’y a pas de stratégie d’équipe comme on a pu le voir aujourd’hui. Chez les favorites, Anglaises ou Hollandaises, il y a du potentiel pour s’exprimer partout. Que ce soit au sprint ou en petit comité. D’ailleurs, je vois bien un petit groupe d’une dizaine d’unités arriver pour les médailles, disons entre huit et quinze. Il faudra en être.
Comment voyez-vous cette course ?
D’abord, les conditions météo vont se dégrader, d’après ce qui est annoncé. Le parcours est ombragé, avec des virages techniques en descente rapide, des passages étroits, des bandes au sol. Bref il faudra être vigilant pour Audrey Cordon, Pauline Ferrand-Prévot et Aude Biannic. Par ailleurs, 140 kilomètres, c’est une distance rare pour les filles. Il y aura deux tours de cette bosse de Box Hill, la distance va faire que seules les meilleures resteront devant. Enfin, c’est la magie des Jeux ou des Championnats du Monde, il y a beaucoup de coureurs moins habitués à frotter. Ils/elles sont derrière et sont souvent dans les chutes. Là aussi, c’est devant qu’il faudra être, à tous niveaux.
Propos recueillis à Londres le 28 juillet 2012.