Hugo Hofstetter en stage | © Noa Arnon
Quelles sont tes premières impressions dans ta nouvelle équipe Israël Cycling Academy ?
Pour l’instant tout va bien, je pense avoir fait le bon choix. J’ai reçu beaucoup de mails qui expliquaient les choses de ce qui va être mis en place et ce qui est déjà en place. Il y a vraiment une belle organisation, j’étais surpris par rapport à ça mais je suis de plus en plus agréablement surpris. La meilleure impression que j’ai eu c’est l’atmosphère dans l’équipe, c’est un peu plus ouvert, avec une mentalité un peu Américaine – Canadienne d’être pote avec tout le monde. Ça donne vraiment envie toutes ses choses-là.
C’est une impression que tu avais en tant que membre du peloton ou ça se confirme ici ?
C’est plus une impression qui se confirme. Dans le peloton on entend parler des équipes étrangères qui sont généralement plus ouvertes. C’est plutôt une fusion entre toute l’équipe, on est quasiment 90 dans l’hôtel, staff, masseurs, mécanos, assistants, DS… c’est impressionnant. Chacun pilote des postes avec un chef pour chaque poste, qui dirige un groupe. Tout est bien ficelé, c’est top.
Est-ce un conseil que tu donnerais à des jeunes coureurs Français d’aller dans des équipes étrangères ?
Un conseil je ne sais pas mais c’est sûr qu’il faut être un peu ouvert, il faut aussi avoir envie de s’exporter, ne pas avoir la barrière de la langue. Si on est un peu timide ça peut être compliqué à moins de maîtriser l’anglais à la perfection. Je pense que c’est une bonne chose, ça ouvre l’esprit, c’est une bonne expérience dans une carrière.
Tu as annoncé ta décision de rejoindre ICA tôt dans la saison, tu avais d’autres opportunités ou c’était vraiment cette équipe là ?
Les contacts ont été très tôt avec les performances que j’ai fait en World Tour. J’ai eu beaucoup d’équipes françaises, les continentales pro et des formations World Tour avec Lotto-Soudal, le choix de rester chez Cofidis et Bahrain-Merida sur la fin mais j’avais pratiquement déjà signé avec Israël Cycling Academy. Chez ICA j’ai eu beaucoup de contacts, ils m’ont bien expliqué ce qu’ils voulaient faire, où ils veulent aller et ça m’a vraiment motivé. Voir des gens autour de toi qui veulent aller au plus haut niveau c’est important. Dans la vie il faut certainement prendre des risques, j’avais une bonne intuition et ça se confirme alors j’espère que ça continuera comme ça.
Cofidis ce n’était pas une piste valable pour toi ?
Je suis quelqu’un qui a besoin de changer un peu, me remettre en question… Le fait de changer tu dois refaire ta place au sein d’un groupe et ça motive un petit peu plus. J’avais besoin de changement, d’intégrer et voir de nouvelles choses.
Avec le nombre de nationalités qu’il y a ici spontanément tu vas être attiré par les coureurs Allemands / Autrichiens ?
Je parle bien allemand alors ça m’ouvre des portes par rapport au nombre de coureurs Suisses, Allemands, Autrichiens qu’il y a dans l’équipe. Je me débrouille aussi en anglais, ce n’est pas trop un problème. On a un large panel de coureurs et je pense qu’avec Nils, Tom et Andre on a un bon profil pour les classiques. Avoir beaucoup de nationalités peut permettre plus facilement de créer un seul groupe.
Tu es présenté comme l’homme de Paris-Roubaix, c’est un bon clin d’œil pour quelqu’un qui vient d’une équipe nordiste ?
(Rire) C’est sûr, je pense que c’est la performance qui a attiré pas mal d’équipes cette année, avec Francfort, les hors catégories… J’ai montré que je pouvais faire de bons sprints. Pour Roubaix c’est sûr que j’ai hâte d’y être à nouveau, on peut avoir un super groupe là-bas. Avec Nils qui a fait deuxième l’an dernier, s’il faut l’aider à gagner ce sera avec plaisir.
Hugo Hofstetter et Rudy Barbier en stage | © Noa Arnon
On a l’impression que vous avez beaucoup de sprinteurs dans l’équipe mais pas le top sprinteur. Il va falloir créer des opportunités ?
J’espère avoir un peu ma place par rapport à ce que j’ai déjà fait avant, avec Andre également. Il faudra voir comment il voit les choses, il apportera quelque chose à chacun de l’équipe. Pour moi Tom est plus un puncheur qu’un sprinteur, Davide Cimolai est selon moi le sprinteur numéro 1 de l’équipe car il a gagné des World Tour. On a également un beau programme alors c’est plus facile de répartir les rôles, entre Tom, Rudy, Davide, Andre et moi. Je pense que Bennett, Groenewegen et Ackermann sont presque intouchables maintenant avec les trains qu’ils ont au niveau World Tour.
Tu parles des trains, c’est quelque chose que vous allez travailler rapidement ?
Je n’ai pas encore eu la réunion avec les DS mais j’espère. J’ai déjà parlé avec Davide et il m’a donné ses habitudes. Il faudra voir si c’est possible d’avoir des lanceurs du groupe des classiques. Il y a moyen de faire un super train et de changer les rôles en fonction de la forme de chacun. C’est important de créer un groupe avec des affinités car on sera toute l’année ensemble, les automatismes doivent être créés.
C’est devenu impossible selon toi de gagner une étape sur un grand Tour si on n’a pas de train ?
Sur les grands Tours les seules étapes où on peut peut-être gagner c’est sur le Giro et la Vuelta, sur le Tour il y a plus d’organisation et de pression du début à la fin. Cette année sur le Giro c’était plus désorganisé à la fin par exemple. Je pense que sur le Tour c’est indispensable d’avoir son train spécifique.
Si on reparle d’Andre Greipel, il sort d’une saison presque blanche et on a vraiment l’impression que c’est un super professionnel. Est-ce que tu crois qu’un sprinteur qui a passé le cap des 30 ans peut prétendre à matcher avec les jeunes Philipsen, Ackermann et autres ? Car on sait qu’on peut éventuellement penser à toucher les freins quand il faut débrancher le cerveau.
Je ne vais pas parler à sa place mais j’ai vu des interviews où il disait qu’il avait un peu moins cette chose-là, il a ses enfants alors il y a des moments où il va penser à freiner. Tu es obligé de prendre beaucoup de risques, il n’y a pas d’hésitation dans le sprint. André est une personne qui veut aider les jeunes, il apporte beaucoup de choses. On a envie d’apprendre de lui, de par son expérience, sa carrière… Il donne l’impression d’être là en patron, en bon mec, on voit qu’il aime beaucoup le vélo. J’espère qu’on pourra créer des choses ensemble, avoir une collaboration avec lui.
On adore regarder ce coureur sur les classiques comme Paris-Roubaix et le Tour des Flandres avec un rôle d’équipier, il va pouvoir beaucoup apporter à l’équipe, ce qui est rare pour un sprinteur.
On le voit à la télé, Andre a toujours fait son travail à 100%. Placer des gars en bas des cols… Je pense que ça l’a même tiré vers le haut dans sa carrière et tu es apprécié par tes équipiers. Le niveau se resserre et une équipe avec le surnombre pourra faire la différence, il faut savoir se sacrifier les uns pour les autres et également savoir profiter du marquage de quelqu’un.
Quel va être ton programme de début de saison ?
Je n’ai pas encore eu de certitudes mais j’aimerais démarrer assez tôt avec des courses par étapes, pourquoi pas le Tour Down Under, San Juan ou Majorque. Puis les mois de Mars et Avril seront les plus importants.