Set up pendant le confinement | © Hugo Hofstetter
Tout d’abord comment te sens-tu physiquement et mentalement après deux semaines à pouvoir rouler de nouveau en extérieur ?
Physiquement il y a du chemin à faire avant de retrouver mon meilleur niveau. Du fait de n’avoir rien fait pendant 8 jours avant la reprise sur route, mais ça revient tout doucement avec des sorties en endurance. Mentalement au début c’était difficile d’accepter que je sois moins bien que quand le confinement a commencé mais c’est aussi bon pour la tête d’avoir le temps de se préparer et surtout de rouler dehors.
Durant le confinement tu as été l’un des coureurs les plus actifs sur Zwift, en débloquant l’intégralité des badges. C’était un petit défi personnel ? Une sorte de « mini addiction » ?
Oui c’est ça, je l’ai pris comme un jeu vidéo et j’ai trouvé ce « challenge » d’avoir tous les badges sur Zwift, il fallait que je trouve des petits défis pour rester motivé. Cela permettait aussi d’avoir de la visibilité pour les sponsors avec le maillot de l’équipe sur cette plateforme, car il y avait des jours avec 20 000 personnes en train de rouler.
Tu as même réalisé l’Everest Challenge en grimpant à 9 reprises l’Alpe de Zwift, soit plus de 10h de home-trainer. Combien de bidons et de barres as-tu avalé durant cette journée ? Que te disais-tu pour te motiver ?
Oui exactement 10h15 sans pause, je crois que j’ai bu 5 litres d’eau minimum, mélangé avec de la poudre énergétique car j’ai commencé au soleil pendant 2 heures (sourire). J’ai mangé 6 petites crêpes au miel, une boule de riz avec de la noix de coco et 5 barres.
Je ne sais pas trop ce que je me disais, je voulais juste finir pour avoir le badge et je m’étais lancé le défi, alors à partir de ce moment il n’était pas question de baisser les bras.
De retour sur route, quel est ton ressenti ? Notes-tu des bienfaits avec le home-trainer ? Ou à l’inverse, la reprise est difficile ?
C’est dur car le coup de pédale n’est pas du tout le même, rouler à 40km/h sur le plat gros plateau c’est différent que sur le home-trainer. Avec la coupure effectuée en fin de confinement, je pourrai ressentir des bienfaits dans la durée, ce qui me permettrait certainement de revenir au meilleur niveau.
Après 10h de home-trainer | © Hugo Hofstetter
Le calendrier UCI sorti, as-tu une idée de ton programme pour les mois à venir ?
J’ai très envie de faire Milan San Remo, le Tour de France et ensuite les classiques qui commencent avec Gand-Wevelgem. Je ferai tout pour être au meilleur niveau, nous devrions bientôt avoir nos plannings personnels.
Vas-tu faire des stages, en altitude ou pas, avec ton équipe ou personnel ?
En altitude je ne pense pas car c’est compliqué avec la situation mais nous aurons certainement des stages avec l’équipe, c’est en cours de planification.
Comment vois-tu, par exemple, les Championnats du Monde de contre-la-montre le 23 Septembre, alors que la veille se déroulera le seul chrono du Tour ? Les rouleurs vont-ils aller au Tour et abandonner pour les mondiaux ?
D’un côté c’est une bonne chose car ça donne un peu moins d’importance au Tour, c’est un peu le problème dans notre sport car on voit que les sponsors soutiennent souvent les équipes pour ça, et c’est un peu regrettable de dépendre d’une seule course. Les grands leaders qui jouent le général comme Roglic, Froome… ne pourront pas abandonner alors qu’ils ont toute leur chance aussi sur le chrono, ça ouvrira le titre mondial à plusieurs coureurs.
Qu’est-ce que tu retiens de ces deux mois de confinement qui pourrait te servir dans la vie « normale » ?
La pollution qui a nettement diminué ! Je crois que c’est peut-être la plus grande « découverte » en si peu de temps, des eaux redevenues complètement claires, le ciel aussi, la couche d’ozone presque refermée au-dessus de certains glaciers… Si on est pas égoïste et qu’on pense à nos descendants, il faudrait continuer à faire des efforts en ayant des attitudes plus écologiques, comme se déplacer plus à vélo et des décisions gouvernementales vont dans ce sens alors c’est une bonne chose (avec par exemple le développement des pistes cyclables en Ile de France).
Par Maëlle Grossetête