Hubert, Thomas Voeckler a effectué hier, et pour la première fois depuis quinze jours, un gros effort. Comment l’avez-vous trouvé ?
Les grimaces de Thomas en course, vous avez bien compris que c’est dans sa nature. Il a grimacé mais ça faisait pratiquement deux semaines qu’il n’avait plus couru. Pour lui comme pour nous, c’était important de savoir où il en était vis-à-vis de sa pathologie tendineuse et vis-à-vis de la reprise de l’effort musculaire. Il n’a pas roulé pendant une semaine, c’est toujours problématique chez un sportif de haut niveau.
Comment a-t-il récupéré musculairement de ces premiers efforts ?
Il a bien récupéré. Il était satisfait des efforts qu’il a pu fournir. Bien sûr, il n’est pas au maximum, il ne peut pas donner plus, mais nous nous donnons encore deux jours. Si tout va bien dans quarante-huit heures, on n’en parlera plus. Terminé !
A Seraing, Thomas Voeckler a fini dans le paquet des costauds avec Pierre Rolland. Ça parle…
Oui, ça parle. Nous regardons les classements bien entendu. A Seraing il y a eu quarante-huit coureurs classés dans le même temps au sommet, et il fallait y être ! C’est une première indication.
En descendant de vélo hier à Seraing, Thomas Voeckler a déclaré qu’il avait surtout mal quand il y pensait, est-ce psychologique ?
Il a toujours un peu d’appréhension. Il souffre d’une pathologie qui n’est pas habituelle chez lui. Il n’est pas fragile musculairement. Il a toujours un petit peu de craintes, et nous sommes là pour les lever. Nous faisons du management avant le départ pour qu’il se remette en confiance. Je ne me fais pas de souci. Si mercredi tout va bien, on n’en parlera plus.
Qu’est-ce qui explique sa fragilité mentale ?
Thomas est quelqu’un qui a besoin de beaucoup pratiquer le vélo. Il s’entraîne beaucoup, fait beaucoup de compétitions aussi. Le fait d’avoir arrêté une semaine complète, ça l’a miné. Nous lui avons donné des directives précises. Psychologiquement, il l’a mal vécu, il était dans l’embarras, ne sachant pas comment faire. C’est une première fois pour lui. Je lui ai dit que ça lui servirait d’expérience que d’aborder un Grand Tour en marquant une période de repos avant alors qu’en principe on fait tout le contraire.
A-t-il fondu musculairement après cet arrêt forcé ?
Oui, comme tous les sportifs de haut niveau quand vous les arrêtez. A partir du quatrième jour, il y a une fonte musculaire qui s’amorce. Il a perdu un petit peu. A la pesée, à la mesure de masse grasse, nous avons évalué qu’il avait perdu entre 1 et 1,5 %.
Propos recueillis à Visé le 2 juillet 2012.