Eusebio, Alejandro Valverde s’est incliné dans le contre-la-montre pour une place sur le podium à Paris dans le Tour de France. Est-ce une déception ?
C’est vrai que nous étions partis dans l’idée d’obtenir notre place sur le podium. Mais bien que nous ayons fait 4ème avec Alejandro, je relève que l’équipe a été très bien durant tout le Tour. C’est comme ça, c’est le sport. L’année dernière nous avions terminé 2ème avec Nairo Quintana, cette année 4ème, ce qui compte surtout c’est d’avoir été protagonistes. Nous avons fait un beau Tour et cela nous réjouit.
Il manque néanmoins une victoire d’étape…
Oui, mais c’est comme ça. L’année passée nous avions gagné trois fois, l’important c’est que l’attitude de l’équipe ait toujours été offensive. Certaines années, c’est plus difficile de gagner que d’autres.
Qu’a-t-il manqué à Alejandro Valverde pour tenir tête aux Français ?
Je pense qu’il a manqué de fraîcheur en dernière semaine. Je dirais même que c’est un ensemble de choses : la fatigue, la forme, la pression aussi. Et puis la réalité c’est que des coureurs comme Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot ont démontré beaucoup de forces. Chaque année on a de belles surprises et c’est aussi ce qui est arrivé là. En cyclisme, on assiste chaque année à des révélations, et cette année est celle des jeunes français. Et je dois dire que ce sont des révélations franchement magnifiques. Aujourd’hui on voit éclore de nombreux jeunes coureurs français sur tous les terrains : Pinot, Bardet, Barguil, Gallopin, Démare, Bouhanni, Coquard… La France possède un très, très, très beau groupe de coureurs pour les années à venir.
John Gadret, le Français de Movistar, a-t-il rempli son rôle sur le Tour de France ?
Oui, j’en suis très content. Il s’est très bien adapté à la vie de l’équipe. Il a toujours bien rempli les objectifs que nous lui avions fixés. C’est un bon coéquipier, quelqu’un d’honnête. J’en suis très content.
Nairo Quintana avait donné cette année sa priorité au Giro, qu’il a remporté. Sera-t-il au départ du Tour de France 2015 ?
Oui, normalement oui. Il sera toujours un jeune coureur l’an prochain mais mieux préparé, plus solide, avec plus d’expérience après sa victoire dans le Giro. Il a appris à être leader d’une équipe, puis leader d’un Grand Tour. Il sait désormais ce que c’est que de porter la responsabilité d’un maillot. Ça a été une expérience très enrichissante qui devrait lui servir grandement l’année prochaine sur le Tour.
Est-il celui qui peut devenir le grand dominateur du cyclisme ou voyez-vous Vincenzo Nibali parti pour une longue série ?
On le voit depuis quelques années : il est devenu difficile de dominer le cyclisme. Il existe un groupe de cinq, six coureurs qui, selon leur condition, se démarquent les uns des autres. Après 2010, l’année de sa victoire dans la Vuelta, Vincenzo Nibali s’est amélioré d’une année sur l’autre. Il fait partie des deux ou trois meilleurs coureurs du monde. Il a fait un Tour de France impeccable, il a toujours été là où il fallait être. Il a démontré partout qu’il était le plus fort : en montagne, mais aussi sur les pavés et dans le contre-la-montre. Il fera toujours partie des meilleurs l’an prochain, mais il faudra compter avec Froome, Contador, Quintana, Talansky et les Français.
Comment seront répartis les rôles entre Nairo Quintana et Alejandro Valverde sur la Vuelta ?
Ils partiront tous les deux avec le statut de capitaine. Nairo a fait 2ème du Tour en 2013 avant de confirmer sa progression cette année en remportant le Giro. Il s’y est comporté en vrai leader. Il a un vrai potentiel pour les Grands Tours et j’espère que d’ici quelques années il s’adjugera le Tour de France. Normalement Nairo sera plus frais qu’Alejandro sur la Vuelta. Il a pris beaucoup de temps pour récupérer après le Giro et retrouver une grande forme. Je crois que tous les deux vont faire une belle Vuelta dans un Grand Tour qui, peut-être, va réunir la plus belle participation de tous les Grands Tours cette saison !