Eric, que peut-on retenir du Tour de France de l’équipe Cofidis ?
C’est un bilan mitigé. Il est plutôt satisfaisant mais je l’aurais préféré satisfaisant tout court. Une place de 2, deux places de 4, des échappées, du dynamisme, des révélations comme Tony Gallopin, de belles échappées de Julien El Farès, et puis ce maillot blanc de Rein Taaramae que tout le monde a pu observer. C’était notre objectif mais nous sommes tombés sur un super Pierre Rolland. Nous sommes battus par plus fort que nous, pour autant nous n’avons pas démérité. Rein a 24 ans et termine 12ème du Tour de France, on a là une perle rare, un coureur que beaucoup d’équipes nous envient. Nous allons construire l’avenir autour de lui car je crois que ça vaut le coup pour viser dans deux ou trois ans le maillot jaune.
Compte tenu des objectifs qui étaient les vôtres au départ, n’avez-vous pas le sentiment d’être passé à côté ?
Nous étions effectivement ambitieux avant le Tour car nous visions une victoire d’étape, le maillot à pois et le maillot blanc. Effectivement, nous avons échoué sur nos trois objectifs, mais nous n’avons pas démérité. Peu d’équipes, au fond, ont gagné. Mark Cavendish a pris cinq étapes à lui seul, Garmin-Cervélo cinq aussi… Le reste s’est partagé entre les meilleurs en montagne et le maillot jaune de Thomas Voeckler. Il est évident que j’espérais mieux au départ du Tour de France. Mais nous avions tout de même dans notre équipe quatre coureurs qui découvraient le Tour pour la première fois. Ce n’est pas non plus négatif. Nous avons un gros potentiel pour les années futures.
Vous avez parié sur la carte de la jeunesse, qui se veut encourageante. En revanche votre capitaine de route David Moncoutié s’est-il montré en-deçà de vos attentes ?
Il a voulu participer au Tour de France avec beaucoup d’ambitions, contrairement à l’an passé où il y avait renoncé. Effectivement il s’est aperçu que c’était peut-être plus difficile qu’il ne l’imaginait. Il a essayé pourtant, notamment dans l’Aubisque. S’il avait eu ses jambes de 20 ans, je pense qu’il aurait mis tout le monde d’accord à l’arrivée à Lourdes. Ce n’est pas le cas, on en tirera les conclusions qui s’imposent.
Où pensez-vous rebondir en fin de saison ?
Sur le Tour d’Espagne, mais aussi sur Paris-Corrèze, sur le Tour du Limousin, sur les Grands Prix de Québec et de Montréal. Nous pensons aussi à la Coupe de France avec Tony Gallopin, qui est en bonne position pour la remporter. Nous avons encore de belles choses à faire.
Quels sont d’ores et déjà les noms que l’on peut annoncer pour la Vuelta ?
Nicolas Vogondy, Yoann Bagot, Nicolas Edet, David Monier, Aleksejs Saramotins, Luis-Angel Mate… On va voir avec David Moncoutié s’il souhaite doubler le Tour de France et la Vuelta, on prendra notre décision au soir du Tour de l’Ain. La décision viendra à la fois de lui et de nous. Nous allons d’abord le laisser se reposer, nous en avons tous besoin d’ailleurs, et nous prendrons la meilleure décision à tête reposée.
Les Français se sont rapprochés de la tête de course sur le Tour de France, comment le percevez-vous ?
Le cyclisme français, depuis des années, travaille pour récupérer son retard sur les meilleurs. On s’aperçoit aujourd’hui que nous sommes sur le bon chemin. Les Français n’ont plus à rougir de leur niveau international. Thomas Voeckler a fait peur à tout le monde, Pierre Rolland s’est révélé à lui-même et au public. C’est très encourageant pour l’avenir, mais il faut continuer à travailler.
Ce serait donc plus un progrès des coureurs français qu’un tassement des grands leaders ?
Les deux. A la fois un progrès évident des équipes françaises et, semble-t-il, des coureurs étrangers qui pratiquent un cyclisme beaucoup plus acceptable. Les coureurs, le public, les journalistes et nous-mêmes l’avons constaté.
Propos recueillis à Paris le 24 juillet 2011.