Eric, retrouver le WorldTour en 2013, ça va être l’objectif principal de l’année chez Cofidis ?
Pour l’instant nous sommes déjà concentrés sur la saison 2012, mais il est évident que, fin avril, on fera le point, au sens propre comme au sens figuré ! Il nous faut des points en effet pour intégrer à nouveau le WorldTour en 2013. Nous bénéficions de nombreuses invitations mais nous nous apercevons que le WorldTour est devenu presque indispensable. Pour cela il faudra augmenter notre budget et notre effectif, passer de vingt-quatre à trente coureurs, pour pouvoir assurer trois Grands Tours, de grandes courses par étapes et de grandes classiques. L’année 2012 va nous mener vers cette réflexion, évidemment.
A défaut d’être en 1ère division, il vous faut recourir aux invitations pour participer aux grandes épreuves, est-ce en bonne voie ?
Nous avons déjà effectué nos demandes auprès de nombreux organisateurs du WorldTour. Si 80 % de nos demandes sont acceptées, nous serons contents. Nous serons très ambitieux cette saison.
Le Tour de France fait bien évidemment partie de ces demandes d’invitation. Ça reste la course qui fait référence dans votre discours ?
Etre performant au Tour de France, c’est indispensable. Ça l’est pour une équipe, ça l’est pour un sponsor. 80 % des attentes du public se situent là, 80 % des attentes des coureurs se situent là aussi. C’est presque un peu dommage car ça se fait au détriment des autres courses, or le calendrier va de février à octobre. Le Tour de France, c’est la locomotive du cyclisme. Sans lui, il n’y aurait pas de coureurs cyclistes professionnels ni d’entreprises partenaires d’équipes. On ne peut pas passer à côté d’un Tour.
En revanche David Moncoutié laissera cette fois définitivement sa place, qu’attendez-vous d’un capitaine tel que lui ?
David, on sait où il peut gagner, que ce soit à Paris-Nice, au Dauphiné, au Tour de France ou au Tour d’Espagne. Ça fait pas mal. On est certains que sur toutes ces épreuves, il aura du succès. Ce qu’il vise plus que tout, c’est un cinquième titre de meilleur grimpeur consécutif sur la Vuelta. Il rentrerait vraiment dans l’Histoire avec en tout cas un chapitre qui lui serait consacré. Et ça, dans un palmarès, c’est pas mal.
Il avait annoncé son désir de se retirer, puis il s’est rétracté. Jusqu’où ira-t-il ?
Depuis deux ans, je ne fais plus de pronostics ! Cela fait deux années de rang que je dis que c’est sa dernière année et ça ne l’est jamais. Pour l’instant, il est là, c’est le présent qui nous intéresse avec lui, et s’il veut continuer sa place est assurée parmi nous.
Avec le recul, comment vivez-vous la 2ème place de David Moncoutié à Lourdes sur le dernier Tour de France, où sa stratégie avait été rudement critiquée ?
Ce sont surtout les commentaires des consultants qui m’ont agacé. J’ai été consultant moi-même et il faut rester prudent. On a reproché à David d’avoir roulé derrière Jérémy Roy, ce qui a profité ensuite à Thor Hushovd. Nous n’étions pas dans une équipe de France et on court pour gagner. Et pour gagner il faut se rapprocher du premier. Evidemment on savait qu’Hushovd était le plus rapide au sprint, mais il n’était pas à l’abri d’un pépin. Ce sont des scénarios rares mais qui peuvent arriver. Il est de notre devoir de tout faire pour gagner. Ça n’a pas marché mais nous n’avons rien à nous reprocher. Ce qui était blessant pour David c’est qu’on oubliait d’un seul coup tout ce qu’il avait fait depuis quatorze ans. En 1998, pendant les heures sombres du cyclisme, on était contents d’aller chercher David comme référence. Ne l’oublions jamais.
Cofidis est partenaire de l’équipe pour la quinzième année et sera encore là en 2013. Qu’en est-il de la suite ?
Au printemps de cette année 2012, en avril ou en mai, le groupe Cofidis va prendre la décision de prolonger ou non son engagement dans le cyclisme après 2013. Nous avons toujours une bonne année de visibilité devant nous. Ça nous permet de consolider nos forces en présence. Nous avons encore une année d’avance, ce n’est pas ce qu’il y a de plus confortable, mais c’est quand même pas mal pour travailler sur du moyen terme.
Propos recueillis à Paris le 27 janvier 2012.