Eduardo, comment devient-on coureur cycliste en Argentine ?
Je suis originaire de Rawson, dans la province de Chubut. Ça se situe dans le sud de l’Argentine, en Patagonie. Personnellement, je m’y suis mis grâce à mon père, qui faisait lui-même du vélo. Il faisait quelques petites courses et c’est ainsi que j’ai commencé. J’ai fait un peu de VTT mais je me suis vite arrêté : j’ai fait une chute sur le sol et je me suis cassé la clavicule. J’ai vite préféré faire de la route où j’ai obtenu de bons résultats, jusqu’à intégrer l’équipe d’Argentine Juniors avec laquelle j’ai disputé le Championnat Panaméricain. Je me suis alors installé à Buenos Aires pour courir davantage.
Vous avez également fait de la piste. Comment y êtes-vous arrivé ?
Je suis devenu champion national du contre-la-montre. A ce moment le directeur sportif de la piste a souhaité m’intégrer dans le groupe de poursuite par équipes. C’est comme ça que je me suis mis également à la piste. J’y ai beaucoup couru car en Argentine la piste est plus importante que la route. Je me suis spécialisé en poursuite par équipes et individuelle, mais aussi en américaine. Mais j’ai dû mettre la piste de côté en rejoignant le Centre Mondial du Cyclisme à Aigle en 2012 pour passer pro chez Bretagne-Séché Environnement en 2013. Désormais je suis uniquement consacré à la route.
Etant issu de la piste, comment vous définissez-vous ?
Je me considère davantage comme un gros rouleur mais j’ai aussi beaucoup travaillé à l’entraînement pour améliorer mon coup de pédale en montagne. Je suis suivi par l’entraîneur de l’équipe Franck Renimel depuis que j’ai rejoint le groupe en 2013.
Vous avez disputé le Tour de San Luis en janvier, qu’en retenez-vous ?
Le Tour de San Luis, c’est pour moi la seule course de la saison en Argentine. C’est évidemment une course à laquelle je rêvais de participer. Dans les ascensions et dans les arrivées, ce sont souvent les Argentins que l’on retrouvait devant. C’est bien pour le cyclisme argentin. C’est en tout cas une course qui monte et qui fait rêver beaucoup de coureurs chez nous. Je ne souhaite pas que l’épreuve passe un jour au WorldTour car elle interdirait aux jeunes coureurs argentins d’avoir l’opportunité de se frotter aux meilleurs coureurs du monde comme c’est le cas actuellement.
Vous avez terminé 6ème du Tour de San Luis, 20ème de Paris-Nice, comment évaluez-vous le niveau du peloton entre ces deux événements ?
Les coureurs sont nettement plus forts maintenant. Le Tour de San Luis, c’était la rentrée pour tous les coureurs. Sur Paris-Nice, on sent bien que ça marche plus fort qu’en Argentine. Personnellement j’y visais un Top 15 mais j’ai perdu 1’09 » dans la chute le premier jour. A ce moment-là viser un Top 15 n’était plus tellement possible, mais j’ai fait du mieux et je conclus l’épreuve à la 20ème place.
Vous n’avez que 22 ans mais on vous annonce déjà leader de l’équipe Bretagne-Séché Environnement sur le Tour de France. Comment l’anticipez-vous ?
Franchement, je ne sais pas encore si je ferai le Tour de France. Nous avons aussi d’autres bons coureurs dans l’équipe, comme Brice Feillu qui commence à marcher. Anthony Delaplace et Christophe Laborie sont aussi de bons coureurs. On a de bons sprinteurs avec Florian Vachon et Armindo Fonseca. Nous disposons d’une bonne équipe mais pas de gros leader pour le classement général. Chacun sera en revanche concerné par une victoire d’étape.
Quel programme vous attend ces prochaines semaines ?
Je l’ignore pour le moment. Je vais faire le Critérium International, peut-être le Circuit de la Sarthe, mais après je ne sais pas. Nous ne sommes pas invités sur les classiques ardennaises, peut-être vais-je donc prendre un peu de repos après le Circuit de la Sarthe.
La saison écoulée, rentrez-vous en Argentine ?
Oui, j’y retourne dès le mois d’octobre, à une période où il fait chaud. Ça me permet surtout de retrouver la famille et mes amis. Je fais attention à ce que je mange car par le passé il m’est arrivé de prendre du poids durant cette période. Il y a tellement de bonnes choses à déguster en Argentine, où nous adorons la viande. Ça fait partie de notre culture. Désormais je suis plus concentré sur mon poids et ma préparation.
Propos recueillis à Nice le 16 mars 2014.