Eddy, la victoire de Thomas Lövkvist au Tour Méditerranéen est-elle une heureuse surprise ou misiez-vous sur le début de la saison ?
Nous étions là avant tout pour gagner des étapes. Le classement général s’est fait naturellement. On a eu la chance et le bonheur de remporter le général le dernier jour grâce à Thomas. Mais nous avons un collectif derrière qui a primé. C’est sûr qu’en début de saison on doit montrer qu’on est présents, que nous avons des coureurs de valeur. C’est à nous de profiter de notre bonne condition physique actuelle pour montrer aux organisateurs qu’on veut faire de belles choses et qu’on veut gagner des courses.
L’objectif de votre début de saison est-il de vous montrer dans la perspective des Grands Tours ?
Le début de saison est toujours important pour une équipe pour être dans une spirale positive, pour créer un groupe et un collectif. C’est toujours difficile quand c’est une nouvelle équipe qui est créée, car même les coureurs entre eux ne se connaissent pas vraiment. La meilleure chose à faire c’est d’être devant. Et ce, même si on ne gagne pas, car cela permet d’avoir un collectif qui tient la route. Pour les Grands Tours, c’est à nous de montrer les choses sur le vélo et aux organisateurs de décider si on a notre chance ou pas. Nous avons une belle équipe et c’est à nous de montrer que nous sommes capables d’être compétitifs.
Il y a pourtant une invitation en moins avec le retour du Team Katusha en WorldTour…
On n’a pas à se préoccuper de cela. On va essayer de faire ce qu’il faut sur le vélo. Ce n’est pas notre job de dire aux organisateurs de nous prendre. On va continuer dans la même voie, essayer de gagner des étapes des courses. C’est aux organisateurs de décider s’ils prendront IAM Cycling ou non. Mais ce sont les résultats que l’on fera qui seront importants.
À combien estimez-vous vos chances de participation ?
Je ne donne pas de pourcentage. C’est à ASO de savoir si on a ou non notre place. Ce sont des gens suffisamment intelligents pour peser le pour et le contre. On a une équipe avec de grands noms capables de briller sur les Grands Tours. On ne peut pas donner une estimation chiffrée de nos chances. C’est en fonction des résultats qu’ils nous sélectionneront ou non.
En revanche, vous serez présents sur le Tour de Suisse.
Sur le Tour de Suisse et sur le Tour de Romandie. Comme équipe suisse c’est plus facile un peu comme les Françaises pour le Tour de France. Ce sera à nous de briller sur ces courses-là. Nous avons un sponsor suisse et ce serait normal que l’on brille sur nos terres.
Le Tour de Suisse est considéré comme une bonne épreuve de préparation au Tour de France…
Les sélections seront déjà faites pour le Tour. Que l’on soit pris ou pas, on sera là-bas avec le même état d’esprit.
Quelles épreuves visez-vous plus particulièrement pour faire la différence ?
Toutes. On est sur chaque course pour les gagner. On ne se dit pas que l’on doit être présent à tel endroit, que ce soit le Tour Med ou une autre course c’est pour la gagner. Il n’y a pas de préférence, aussi par respect pour les organisateurs. Toutes les courses sont bonnes à prendre, il n’y en a pas de petites, il n’y en a pas de grandes.
L’équipe est très éclectique, est-ce une difficulté pour créer un collectif ?
Ce n’est jamais simple, mais ce sont des coureurs intelligents, qui ont déjà passé par plusieurs formations. Ils savent comment faire. Généralement, le langage fait qu’ils arrivent à se trouver facilement. Bien sûr, en début de saison, physiquement, tout le monde n’est pas au même niveau. Il faut encore bosser ce côté-là. Mais en gagnant le Tour Med, en ayant un collectif qui est souvent devant, c’est toujours plus facile d’arriver à trouver ses marques.
Qu’est-ce qui a changé dans le monde professionnel depuis que vous l’avez quitté en 2010 ?
Le vélo a toujours évolué, toujours essayé de grandir. Les infrastructures évoluent de plus en plus. Concernant les tactiques de courses, c’est surtout qu’il n’y a plus trop de surprises sur les nivellements au niveau physique des coureurs. Au Tour Med, ils étaient quatre en deux secondes avant la dernière étape. Cela veut dire que tout le monde est prêt en début de saison. Il n’y a plus vraiment de courses de préparation. On l’a vu à Oman où les gros leaders étaient déjà présents. Le haut niveau est de plus en plus haut et donc on demande de plus en plus aux coureurs.
Ça se ressent aussi au niveau du matériel…
Heureusement que l’on évolue dans ce sens-là ! Si on peut apporter des choses aux coureurs pour qu’ils soient le mieux possible, comme des capteurs de puissance, des SRM, des études de reliefs, je trouve ça très bien. Bien sûr, il ne faut pas aller dans la démesure. Mais il faut avancer.
Propos recueillis au Cannet des Maures le 16 février 2013.