A l’occasion de la 8ème édition de Ventourist/Ventousiast, une organisation flamande dans le Ventoux qui consiste à amener les gens à faire du sport, du vélo entre autres, avec comme ambition majeure de grimper le Ventoux, Eddy Merckx a prêté son nom à Sporta pour le lancement de la Cannibale et de la Cannibalette, deux cyclos de 173 et 130 kilomètres dont le départ a été donné samedi à 6h30 du matin ! Eddy Merckx, toujours disponible, a même monté le Ventoux. Plus tout à fait à la même allure qu’en 1970 mais toujours avec humour. Le champion belge fait le point sur le prochain Tour de France qui part de Liège samedi.
Eddy, vous avez monté le Ventoux samedi, depuis combien de temps ne l’aviez-vous plus gravi ?
Ça doit remonter à Paris-Nice à 1973. J’avais gagné ici en 1970 puis terminé 2ème au sommet derrière Bernard Thévenet en 1972. J’ai dû le monter une dernière fois l’année suivante sur Paris-Nice. Ça reste vraiment un col mythique.
Vous avez gagné par le côté Bedoin, avez fait 2ème par le versant nord, quel côté préfériez-vous ?
Pour moi, le plus beau côté, c’est Bedoin bien sûr. En 1970, c’était mon deuxième Tour de France. Gagner au Ventoux, ce fut quelque chose de spécial. En 1972, Luis Ocaña était mon adversaire principal. Bernard Thévenet a attaqué pour voir surtout comment allait réagit Ocaña. Après, j’ai démarré à mon tour mais c’était trop tard pour reprendre et battre Thévenet. Mais pour moi cette année-là le plus important restait de gagner le Tour de France.
Que ressentez-vous encore aujourd’hui en passant devant la stèle de Tom Simpson ?
Vous savez, j’ai connu Tom Simpson en qualité d’équipier extraordinaire en 1967. Quand je suis passé devant la stèle qui honore sa mémoire, j’ai eu une pensée très profonde pour lui. Ce qui lui est arrivé le jour de sa disparition, c’est un coup de malchance. Plus qu’une histoire de dopage, dont on parle toujours. Ce jour-là, un champion d’exception nous a quittés.
Vous avez prêté votre nom à l’organisation de Sporta, pensez-vous pérenniser ce parrainage ?
J’ai apporté ma collaboration avant tout pour encourager les bénéfices au profit de la fondation cardiologique soutenue. C’est spécial car j’ai normalement un contrat avec les Granfondos mais je viens ici bénévolement pour récolter de l’argent pour la fondation.
Le Mont Ventoux, c’est le mont des Belges. Ne regrettez-vous pas l’absence ou presque de Wallons par rapport aux Flamands ?
Oui, mais ça peut évoluer. C’est la première fois qu’on organise cette Cannibale, et je pense que dans le futur ça changera. En Belgique, le projet Topsport Vlaanderen existe déjà depuis de nombreuses années en Flandres. Cette année Bruxelles-Wallonie a été créé. Je suis persuadé que d’ici quelques années le ministre des sports de la région francophone se déplacera sur cet événement.
Samedi, ce sera à nous de faire le déplacement chez vous en Belgique. Comment voyez-vous le Tour de France 2012, qui partira de Liège ?
Très ouvert car il n’y a pas vraiment de favori, Alberto Contador n’étant pas là. Cadel Evans et Bradley Wiggins sont les favoris. Vincenzo Nibali peut également être présent. Espérons qu’un Belge puisse faire un podium. Je pense à Jurgen Van Den Broeck en priorité.
Comment percevez-vous le Grand Départ wallon ?
Je pense que Fabian Cancellara voudra mettre les points sur les i. Il est devenu champion de Suisse du contre-la-montre pour la septième fois. C’est un circuit très sinueux, très athlétique. Il y aura aussi Tony Martin mais je pense que Cancellara partira favori. A l’arrivée de la première étape, sur un parcours ardennais, on attend bien sûr Philippe Gilbert. A Tournai, je pense qu’on aura affaire au premier sprint massif du Tour de France.
Philippe Gilbert est en-deçà des attentes qu’il suscitait après sa grandiose saison 2011, peut-il restaurer son image sur la seconde partie de la saison ?
Vous savez, on compte les morts après la guerre, pas après la bataille. On fera le bilan après la saison mais je pense que Philippe Gilbert peut encore relever la tête. Il y a le Tour de France, il y a les Jeux Olympiques, il y a le Championnat du Monde. Il y a encore bien des rendez-vous pour lui, on fera le bilan en fin d’année.
Qui voyez-vous sur le podium du Tour à Paris dans trois semaines et demie ?
Aujourd’hui, je vous dirais Bradley Wiggins vainqueur, mais il y a Cadel Evans, il y a Vincenzo Nibali, il y a Frank Schleck… Le Tour de France, il se joue tous les jours. Tous les jours on peut le perdre, il ne se gagne qu’à Paris.
Propos recueillis à Malaucène le 23 juin 2012.