William, les images de votre terrible chute sur l’étape de Huy ont été diffusées à l’occasion de la présentation du Tour au Palais des Congrès mardi. Que vous évoquent-elles ?
Je les ai vues et revues. Aujourd’hui, ça ne me fait ni chaud ni froid. Ça fait partie des risques du métier. C’est vrai qu’elle peut paraître plus spectaculaire. Quand on y est, ça marque peut-être un peu plus. Je me dis que ça aurait pu être pire. Ça fait partie du passé. Je ne pense qu’à l’avenir et à ce qui m’attend.
Aujourd’hui, où en est votre état de santé ?
Je ne porte plus aucun appareil. Je porte parfois une minerve la nuit. Tout se passe bien, la rééducation est en bonne voie. On attend que les cervicales se consolident avant de retourner sur la route. C’est le chirurgien qui me dicte le planning. Je peux faire du home-trainer depuis que je suis sorti de l’hôpital. J’en ai toujours fait. Mais pour retourner sur la route, c’est autre chose.
A quand fixez-vous votre reprise ?
On verra d’ici la fin de l’année, mais c’est difficile d’établir un programme. J’ai des rendez-vous réguliers avec les chirurgiens pour faire le point, pour faire des examens. Au vu de cela, on avise pour le mois suivant. A long terme, on ne peut rien dire. Si tout va bien, je pourrai reprendre l’entraînement sur la route en décembre. Pour le retour à la compétition, c’est encore autre chose.
Le fait de pouvoir monter sur le home-trainer dès votre sortie d’hôpital vous a-t-il aidé ?
Oui, j’en avais besoin pour me dépenser, pour ne pas rester inactif. On est habitués à être dans l’action. C’était un besoin. Autant physique que psychologique. Au niveau sportif, j’ai eu des séances qui sont relativement faciles et qui ont servi à m’entretenir, sans me prendre la tête.
Sans pouvoir mener votre activité physique comme vous le souhaitez, faites-vous particulièrement attention à l’aspect diététique ?
Ce n’était pas ma principale préoccupation. Je voulais avant tout m’occuper de ma santé. Je vais penser à cela plus tard. Je suis professionnel, je sais ce que je dois faire. J’ai envie de revenir et j’essaye de mettre toutes les chances de mon côté.
Assister à la présentation du parcours du Tour 2016, est-ce une étape psychologique pour vous ?
Est-ce que j’y serai ? Je ne sais pas. C’est encore loin. On m’a demandé si je voulais venir. J’ai hésité, mais finalement ça me permet de revenir dans le milieu, de revoir certaines personnes, d’en remercier d’autres, et de donner des nouvelles. J’ai aussi pu revoir des coéquipiers que je n’avais pas vus depuis un moment.
Si vous étiez au départ du prochain Tour de France, ce serait pour vous une grosse victoire ?
La grosse victoire sera déjà de reprendre la compétition et de retrouver les sensations que j’avais. L’équipe fera son choix. Mais pour moi, avec le départ de la dernière étape à Chantilly, ce serait forcément plaisant d’y être.
Que pensez-vous de ce parcours ?
Les grimpeurs vont se faire plaisir ! Le parcours est vallonné, les étapes seront difficiles, avec un bel enchaînement de cols. Même les chronos sont en montagne, ce n’est clairement pas un Tour pour les rouleurs. Forcément Arnaud Démare cochera les étapes d’Angers, de Limoges, de Montpellier. Sans oublier la première à Utah Beach. La première semaine peut lui convenir avant que Thibaut Pinot ne puisse s’exprimer. La tactique de l’équipe n’est pas encore faite. Mais l’équipe aura forcément une orientation de grimpeurs et Thibaut sera notre leader.
Propos recueillis à Paris le 20 octobre 2015.