Vincenzo, vous allez entrer demain au palmarès du Tour de France. Qu’est-ce que cela représente ?
Ça compte beaucoup pour moi de figurer aux côtés de grands champions. Quand j’ai terminé mon premier Tour de France, j’ai ressenti une grande émotion sur les Champs-Elysées. J’ai essayé de m’imaginer ce que cela pouvait être d’y entrer en jaune et vraiment j’ai du mal à me représenter l’émotion que peut transmettre une journée comme celle-là. L’entrée dans Paris, devant le public français, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe…
Vous deviendrez à compter de demain l’un des rares coureurs à avoir remporté les trois Grands Tours. Où placez-vous votre victoire dans le Tour par rapport à celles obtenues dans la Vuelta 2010 et le Giro 2013 ?
Le Tour de France, si l’on met les choses dans leur contexte, est plus fort que tout. Il est plus dur physiquement et mentalement, et on doit faire face à beaucoup d’attentes au niveau international. C’est différent. C’est plus fort, plus beau. Le niveau des coureurs est aussi beaucoup plus important par rapport aux autres courses. Mais je conserve évidemment une très vive émotion d’avoir remporté le Giro. Et ma victoire dans la Vuelta garde une place à part. C’est elle qui m’a donné la force de m’engager dans la course au titre sur le Giro puis sur le Tour de France.
Comment caractérisez-vous ce Tour de France victorieux ?
Ce Tour de France a été magnifique, très différent par rapport à ceux que j’ai faits par le passé. Il était presque fait sur-mesure pour moi avec des montées très difficiles dès la première semaine. C’était très fatigant, et il m’est trop difficile d’expliquer ce soir les émotions ressenties pendant trois semaines. Peut-être qu’à mesure que le temps passera je réaliserai tout ce que j’ai fait. J’ignore quel sera mon programme l’an prochain, mais si je devais revenir sur le Tour, je serais évidemment ravi de retrouver des adversaires comme Froome, Contador et Quintana.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre première partie de saison ?
Elle a été vraiment très difficile, et pour plusieurs raisons. L’arrivée de ma fille Emma a été un grand bonheur, mais j’ai préféré rester aux côtés de ma femme, ce qui a ralenti un peu ma préparation. Je suis arrivé un peu en retard sur les rendez-vous, mais j’ai toujours continué à m’investir pour atteindre l’objectif que j’avais en tête : le Tour de France. Maintenant, ma saison ne s’arrête pas là. Je n’ai pas défini ce que j’allais faire ensuite, je réfléchirai à mon programme dans les prochains jours.
N’est-ce pas paradoxal de vous voir triompher du Tour quand le cyclisme italien vit des heures difficiles ?
C’est vrai. Malheureusement ce n’est pas un problème de jeunes talents dont souffre le cyclisme italien. Le problème est lié aux sponsors, à la crise économique qui pèse sur les entreprises et les clubs cyclistes, avec toutes les conséquences que cela entraîne et qui touchent aussi le cyclisme. Je l’ai vécu dans mes anciennes équipes. Et mes parents aussi en ont souffert. De deux petits magasins, ils ont dû n’en faire qu’un en raison de la crise.
Maintenant que vous avez accroché ces trois Grands Tours à votre palmarès, quels rêves nourrissez-vous encore ?
Je pense bien sûr aux classiques qui sont des courses que je rêve de gagner, le Tour de Lombardie en tête. Je n’ai pas eu beaucoup de chance sur cette épreuve jusqu’à présent. Je pense aussi au Championnat du Monde, à Liège-Bastogne-Liège… Ce sont des courses que j’ai toujours aimées, dans lesquelles j’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même. Bien que je sois davantage fait pour les Grands Tours.
Propos recueillis à Périgueux le 26 juillet 2014.