Vincent, peut-on dire que la saison 2015 a été à la hauteur de vos attentes ?
Oui, 2015 a été une très bonne année. Elle a fait suite à une année 2014 exceptionnelle. Elle était allée au-delà de nos espérances avec une 2ème place, le classement par équipes et une victoire d’étape sur le Tour de France. En 2015, on a réalisé une saison pratiquement aussi belle. Ç’a été exceptionnel malgré tout. Deux victoires d’étapes sur le Tour, on en redemande !
La seule chose qui vous ait manquée, c’est une bonne place sur un classement général.
Sur le Giro, la chute de Domenico Pozzovivo sur la 4ème étape nous a beaucoup pénalisés. Il pouvait réaliser un Top 5. Sur le Tour, Romain Bardet termine malgré tout premier Français et 9ème du classement général. Cela n’a rien à voir avec une 2ème place et une victoire au classement par équipes comme l’année précédente. Effectivement, nous avons été un peu moins bons au niveau du classement général par rapport à 2014. Mais nous avons malgré tout de nombreuses satisfactions avec de belles victoires d’étape.
Malgré les quelques contrariétés connues, votre groupe est parvenu à relever la tête. La satisfaction de 2015 ne réside-t-elle pas là ?
Tout à fait. Le sport de haut niveau est fait de bons et de mauvais moments. De moments phares et de périodes plus difficiles. Je pense notamment que Romain Bardet a beaucoup appris de ce Tour de France 2015. Il a appris à être défaillant et à ne pas baisser les bras. C’est très important car même chez les champions tout n’est pas facile tous les jours. Il faut savoir résister, tenir, et c’est ce que Romain a fait en 2015. Ce devrait lui être très profitable dans les années futures.
Dès cette année ?
J’espère simplement que 2016 sera encore un peu meilleure que 2015 avec de belles victoires, des étapes du Tour bien sûr, un bon classement général. Romain Bardet a tout à fait le potentiel pour rentrer dans les cinq premiers du Tour et réaliser de grandes performances. Pourquoi pas gagner une course par étapes d’une semaine comme le Critérium du Dauphiné, le Tour de Catalogne ou le Tour de Romandie. Ce sont des épreuves qui sont à notre portée. On aurait également envie de remporter à nouveau une grande classique internationale. Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne sont accessibles. Nous avons des atouts. A un moment donné, nous aurons de la réussite qui nous permettra de vivre ses grands moments.
Vous êtes passé de manager général à directeur général. Cela change-t-il vos fonctions au sein de l’équipe Ag2r La Mondiale ?
Non, mon rôle ne va pas forcément évoluer. Nous avons structuré l’équipe qui avait un besoin impérieux d’améliorer la structure et le management. Nous avions ce besoin d’apporter une certaine puissance aux côtés des coureurs, chose qui nous manquait jusqu’ici. Nous avions fait beaucoup d’effort pour que les sportifs atteignent un niveau international. Peut-être n’avions nous pas mis les moyens en parallèle de ce développement pour épauler les coureurs.
Comment le staff s’est-il étoffé ?
Nous avons commandé un audit par l’Institut des Sciences du Sport de Lausanne pour que l’équipe puisse se structurer. Grâce à nos partenaires, nous avons pu proposer un dossier, et nous réorganiser. Nous avons par exemple quatre entraîneurs, ce qui fait de nous l’équipe la mieux dotée à ce niveau en France. Nous aurons des journées de surveillance médicale sur le terrain qui seront plus importantes. Personnellement, je chapeauterai tout cela. Je vais donc m’appuyer sur Philippe Chevallier qui viendra me seconder et m’aider à gérer l’ensemble des dossiers auxquels une entreprise est confrontée.
Que pourra-t-il apporter ?
Son expérience. Philippe Chevallier possède un parcours très complet. Il est passé chez Amaury Sport Organisation avant de passer à l’Union Cycliste Internationale. Il a une vraie connaissance des dossiers. C’est quelqu’un de très rigoureux et de très organisé. Dans un premier temps, il réorganise l’équipe sur le plan structurel. C’est ce qu’il a fait au cours des deux derniers mois. Il viendra m’accompagner sur certaines représentations extérieures. Petit à petit, il s’intègre dans l’entreprise et dans l’équipe cycliste. Il n’avait jamais connu cela auparavant puisqu’il était de l’autre côté de la barrière. Il avait un regard sur l’ensemble des équipes sans être impliqué dans l’organisation d’une équipe lui même.
Cela était-il nécessaire pour voir vos ambitions à la hausse à moyen terme ?
C’est le moyen de pouvoir accompagner nos athlètes du mieux possible. Nous avons aujourd’hui un gros potentiel avec beaucoup de jeunes coureurs. Citons Romain Bardet, Alexis Vuillermoz, Alexis Gougeard, Quentin Jaurégui. Ces jeunes vont nous accompagner jusqu’en 2018. Il était important de leur amener une structure solide qui leur permettra d’atteindre le meilleur niveau.
Propos recueillis à Paris le 1er février.