Vincent, revenons un instant sur le fabuleux Tour d’Italie de votre équipe, comment l’avez-vous ressenti ?
On ne peut évidemment que le ressentir comme très très bon. On a réalisé une très belle performance grâce à la performance de John Gadret en priorité, bien sûr, mais également d’Hubert Dupont qui a été très courageux et qui termine à la 12ème position. J’ai vu une équipe très concentrée sur son sujet. On a réalisé une performance au-delà de ce qui était prévu. C’est effectivement une course qui nous a permis de nous relancer, de nous remettre du baume au cœur après un mois et demi de compétition qui avait été pour nous un peu difficile.
Vous êtes la seule équipe française de 1ère division, c’était évidemment important de faire un bon résultat sur le Tour d’Italie ?
C’est important de réaliser de bonnes épreuves World Tour pour justifier notre place dans ce calendrier, on est fier d’être une équipe World Tour et on se doit d’être au niveau. Le Giro est une épreuve majeure du calendrier, c’était important d’y réaliser une belle performance et on y a brillé.
Vous attendiez-vous à un tel résultat de la part de John Gadret et d’Hubert Dupont ?
On avait fixé des objectifs ensemble avant le Giro et on n’était pas loin de ça. Nous étions certes un peu moins ambitieux que le résultat final mais effectivement je pensais que John serait capable de rentrer entre la 6ème et la 8ème place. Il a fait beaucoup mieux donc c’est super. Je pensais aussi qu’un coureur comme Dupont serait capable de rentrer entre la 15ème et la 20ème place, il a fait mieux aussi. Au niveau de l’équipe on avait dit pourquoi pas une place parmi les trois premiers et on l’a réalisée. Le résultat est finalement bien meilleur que ce que nous avions prévu.
Pensez-vous que ces deux coureurs aient encore une marge de progression ?
Je le pense, oui. Tous les deux à leur niveau ont pris conscience qu’ils avaient la possibilité de réaliser de belles choses. John a vu qu’il pouvait jouer avec les meilleurs donc il n’y a pas de raisons que dans les mois qui viennent ou les années futures il ne garde pas ça en tête. Hubert aussi a vu qu’il pouvait jouer un rôle de tout premier plan. Ce sont deux coureurs qui ne sont pas encore au bout de leur progression et il y a des possibilités. Mais maintenant, pour John Gadret, il va falloir ambitionner le podium, il en est à quelques encablures, je pense qu’il n’en est vraiment pas loin. Après, évidemment, il faut qu’il y ait un parcours difficile, il en a les possibilités mais peut-être plus sur le Giro que sur le Tour de France. Ce qui est sûr c’est qu’il a démontré des qualités de haut vol, ça ne peut que le rassurer pour le futur.
Avez-vous évolué par rapport à sa position et à votre position quant à une participation au Tour de France ?
Moi je ne bouge pas de ma position : c’est-à-dire que je pense que sa place est sur le Tour mais il n’ira que s’il en a vraiment envie. Ce n’est pas la peine d’aller lui forcer la main s’il se sent fatigué ou s’il ne se sent pas prêt. Mais sa réflexion est déjà en train d’évoluer puisque quand la question sur sa participation au Tour lui a été posée il descendait du vélo, il était fatigué, usé, donc il avait un état d’esprit à ce moment-là qui n’était évidemment pas en phase avec une telle idée. Maintenant, je pense qu’il est en train d’évoluer par rapport à cela. Ce qui est certain, c’est qu’il ne sera au départ que s’il en a vraiment envie.
Sur le Critérium du Dauphiné, vous alignez une équipe type Tour de France ?
Il y a une équipe majeure, oui, une belle équipe avec nos leaders, effectivement, on vient avec des ambitions. Des ambitions, c’est-à-dire l’objectif d’obtenir une place parmi les cinq premiers au classement général, une victoire d’étape et puis le classement par équipes.
Comment allez-vous gérer la présence de plusieurs coureurs qui peuvent potentiellement jouer le classement général ?
C’est vrai qu’au départ de la course nous avons un bon coup à jouer avec Nicolas Roche, Jean-Christophe Péraud voire Blel Kadri, qui est un garçon qui monte en puissance. Et puis il ne faut pas non plus oublier que Christophe Riblon a terminé 7ème du classement général de cette course l’année dernière, donc on va voir avec tous ces facteurs. J’espère qu’on saura s’en servir pour être au niveau.
Comment se sentent vos coureurs avant de prendre le départ ?
La forme est bonne mais quand on part dans une course comme ça il y a toujours une part d’inconnue. Toutes les équipes qui sont là viennent avec des ambitions, en ayant bien travaillé. C’est le cas pour nous, on a bien bossé, on a fait deux stages importants : un à Montgenèvre de dix jours et un de cinq journées à La Toussuire. Je pense que les gars ont vraiment bien bossé, ils sont sur leur terrain, ils savent qu’on les attend. Je pense qu’ils sont vraiment en forme et ils savent que le Dauphiné est un objectif important pour l’équipe.
Propos recueillis à Saint-Jean-de-Maurienne le 5 juin 2011.