Vincent, la première question qu’on a envie de vous poser, c’est : Vous en connaissez combien de ces étapes du Tour ?
Très peu et volontairement parce que je privilégie ce moment important, où il y a beaucoup d’émotion à découvrir chaque étape, donc j’essaye de fermer les yeux, fermer les oreilles pour découvrir ce tracé qui est à chaque fois un moment extraordinaire.
Quelles sont vos premières impressions sur ce tracé ?
On va en découdre sur un Tour très atypique avec des cols nouveaux, des cols très raide. C’est un Tour qui va être très dur du début à la fin, et c’est une histoire qui va s’écrire jour après jour. Encore une fois, ce sont les coureurs qui vont en découdre, et, à nous, Ag2r La Mondiale, de venir avec une équipe la plus compétitive possible pour aborder ces montagnes dans les meilleures conditions.
Est-ce que vous pensez que ces parcours difficiles avec peu de contre-la-montre et des pourcentages élevés sont à l’image du cyclisme moderne ?
On sait désormais que les contre-la-montres font des écarts très importants et si on veut y laisser de l’incertitude, je crois que c’est de tels parcours qu’il faut arriver à mettre en place. Effectivement, c’est le cyclisme moderne où il peut y avoir beaucoup d’actions. Quand certains prennent beaucoup de temps sur les contre-la-montres, ça a tendance à tuer la course.
Parcours TDF 2020 | © TDF 2020
On savait que ça allait être particulier avec un départ complètement au sud et de la montagne dès le début, mais vous vous attendiez à autant de parties escarpées entre le début et la fin de ce Tour ?
Autant, peut-être pas, mais je me doutais de ce Tour difficile car on a pu se rendre compte avec l’édition 2019 qu’il y avait de formidables étapes et beaucoup de suspens, et je crois qu’aujourd’hui, c’est un petit peu le schéma que doivent organiser les grands Tours, ce sont des Tours difficiles pour qu’il y ait un beau spectacle, et je pense que là, les coureurs et les spectateurs sont servis avec ce beau parcours.
Il y a un seul contre-la-montre individuel et aucun contre-la-montre par équipe, ce n’est pas fait pour vous déplaire ?
Oui, c’est connu et reconnu aujourd’hui que le chrono n’est pas notre point fort donc, évidemment, c’est un Tour qui doit nous convenir effectivement, avec très peu de chronos et beaucoup de montagne.
Quand vous voyez un parcours comme ça, vous avez déjà une idée de votre équipe ou c’est encore vraiment trop tôt ?
Non, c’est encore trop tôt. Bien sûr, le Tour de France reste le Tour de France avec l’enjeu que ça représente et toutes les émotions qu’il peut véhiculer, mais aujourd’hui, c’est trop tôt encore pour dessiner une équipe. De toute façon, il faudra bien évidemment emmener les grimpeurs pour être capable de rivaliser au meilleur niveau.
Romain Bardet avec le maillot blanc à pois rouges sur les Champs-Elysées | © AFP
Après un Tour 2019 en deçà de vos objectifs, vous aurez immanquablement l’occasion de rebondir ?
Oui, ça reste le sport de haut niveau. Il est fait de moments forts et de moments plus compliqués. Notre Tour 2019 n’a, certes, pas été le meilleur Tour que nous ayons réalisé, malgré tout, il n’a pas été mauvais car nous avons fait quelques belles choses, notamment avec ce maillot à pois ramené par Romain Bardet à Paris, donc on aura à cœur de relever nos objectifs et de viser, pourquoi pas, le podium du Tour comme ça a été le cas par le passé.
Justement, on parle de plus en plus de Romain Bardet sur le Tour d’Italie, vous déterminerez vos leaders à partir de quand ?
Oui, encore une fois, c’est trop tôt. Il y a beaucoup de choses qui se disent, on va déjà attendre le parcours officiel du Giro, puis on va déterminer avec la direction sportive, les entraîneurs, la stratégie qui sera la meilleure pour l’équipe et pour Romain. Aujourd’hui, il n’y a aucun schéma qui est arrêté. On sait que Romain n’a jamais caché son envie de découvrir le Giro, mais évidemment que ce Tour est magnifique et qu’il répond aux qualités des grimpeurs comme Romain, Thibaut Pinot ou encore Egan Bernal. Maintenant, Romain a découvert ce Tour de France, ces images là, il les a dans la tête.
On a une certaine ambiguïté au moment du choix, car peut-être que le Giro va proposer plus de contre-la-montre, comme cette année, alors que ce Tour sera plus montagneux ?
Bien sûr, les coureurs et les équipes restent attentifs au parcours, car ça détermine beaucoup de choses. Maintenant, avec ces montées escarpées et ces grands cols, il y a quand même un terrain de jeu extraordinaire pour dynamiter la course. Je crois que la part aux grimpeurs est belle sur ce Tour et il faudra en profiter. De plus, la course peut basculer jusqu’au dernier jour avec ce contre-la-montre à la Planche des Belles Filles où on peut voir un scénario se bouleverser en cette dernière journée de montagne. Je crois que ces dernières années, les organisateurs savent ce qu’il faut faire pour créer un beau Tour de France, et, même si Christian Prudhomme disait que ce sont les coureurs qui disposaient, le parcours proposé y fait beaucoup et je crois qu’ils ont été attentifs pour proposer aux coureurs un parcours très difficile ce qui va être très intéressant.
Vincent Lavenu au micro de Vélo 101 | © Vélo 101
Quelles étapes vous intéressent le plus ?
Je pense, toutes les étapes qui sont dans les Alpes puisqu’on est basés là-bas, il y aura énormément à faire notamment avec l’étape de Méribel qui sera très difficile comme l’arrivée au Grand Colombier aussi. Il y aura des choses à écrire tous les jours, jusqu’à la Planche des Belles Filles, et je pense que c’est ça qui fera la grandeur du Tour 2020. Aujourd’hui, on voit de jeunes champions arriver comme Egan Bernal, mais je crois que ce Tour sera tellement exigeant qu’il pourrait y avoir des surprises jusqu’à la fin.
Justement, dans les Alpes, est-ce qu’il y a des choses qui vous ont étonnées ?
Je crois que c’est l’accumulation des étapes de montagne qui fait la particularité de ce Tour, et ce n’est pas pour me déplaire, parce que la course traverse notre territoire, parce qu’on est une équipe basée sur la montagne, donc c’est un Tour qui me plaît particulièrement. À nous d’arriver avec les bons objectifs, en forme, motivés, pour écrire nos plus belles pages à nous, et je crois que le terrain est en notre faveur.
Vous y croyez vous, à l’émergence de cette prise de pouvoir par les jeunes ?
C’est évident, le cyclisme mondial, et notamment cette année, a vu l’émergence de jeunes champions sur tous les terrains. Évidement Bernal avec sa victoire sur le Tour, mais aussi Evenepoel, Pogacar avec Van der Poel, on a toute une génération extraordinaire qui arrive et qui n’a peur de rien. Ils bouleversent un peu les habitudes et ça, c’est très bien pour le vélo.
Par Nathan Malo