Vincent, quel bilan dressez-vous de votre saison 2011 ?
Le bilan 2011 est plus que positif. J’ai effectué 101 jours de course entre la Tropicale Amissa Bongo mi-janvier et la fin de saison en octobre ! Si on m’avait dit au début de l’année que j’allais réaliser une telle saison, j’aurais tout de suite signé ! Les classiques belges se sont très bien passées, il ne manquait pas grand-chose pour faire de très bons résultats. Le Tro Bro Leon reste la plus belle de mes victoires chez les pros. C’est une course sympa, atypique. C’était important pour moi de renouer avec la victoire.
Ensuite, il y a eu le Tour de France…
L’équipe a réalisé un très beau Tour, et je suis fier d’avoir pu aider Thomas Voeckler et Pierre Rolland. Personnellement, mon Tour n’était pas exceptionnel puisqu’il a commencé avec une chute, mais je ne garde que les bons moments. La fin de saison a été plus mitigée, surtout en septembre et en octobre. C’était difficile psychologiquement. La tête n’y était plus trop, et j’ai fini par ressentir la fatigue accumulée au cours de l’année.
Vous avez 101 jours de course au compteur, comment se décide le programme d’un coureur pro pour la saison ?
On choisit nos courses avec le staff. Le programme est surtout basé sur les courses que chaque coureur situe comme des objectifs. Seul le Tour de France, pour lequel il y a une sélection interne à l’équipe, échappe à cette règle. Cela dépend également des autres, puisqu’il faut assez de gars pour avoir une équipe, et que tout le monde puisse courir. Personnellement, j’ai couru plus cette année parce que j’ai commencé mon année très tôt et l’ai finie tard. Certains ont décidé de terminer leur saison en septembre, moi j’ai continué jusqu’en octobre. En moyenne, on court 80 jours. Ça commence à être vraiment dur quand on dépasse les 100 jours.
Comment alternez-vous les jours de courses et les périodes d’entraînements ?
On établit un programme à chaque début de mois avec le reste de l’équipe. En saison, j’ai une grande charge de travail en mars et en avril, car c’est à cette période que se déroulent les courses que je me fixe comme objectifs. Je fais peu de coupures avant la fin avril-début mai. A ce moment-là, je coupe entre cinq et sept jours, durant lesquels je ne monte pas sur mon vélo. C’était particulièrement important, cette année, de faire une grosse coupure. Ça m’a permis de ne pas finir le Tour de France fatigué. Mais je ne m’arrête pas plus de sept jours, sinon c’est plus dur de reprendre.
Comment le nombre de jours de course varie-t-il au fil de la carrière d’un coureur ?
Quand on est néo-pro, on ne sait pas trop quel type de course nous convient le mieux, alors on essaye un peu tout. Les courses à étapes comme les classiques. On complète l’équipe au besoin. Au fur et à mesure qu’on gagne en maturité, on va prendre le départ pour faire le meilleur résultat possible, pour soi et pour l’équipe. On fixe plus facilement ses objectifs. En fait, passer pro, c’est repartir à zéro, gagner en maturité, découvrir quel type de course on aime, et acquérir de la confiance.
D’un point de vue personnel, quel type de course vous convient le mieux ?
J’apprécie de plus en plus les courses d’un jour. Bien sûr, cela implique d’être en bonne forme ce jour-là. J’aime les classiques belges et les semi-classiques, certaines épreuves de la Coupe de France, comme Paris-Camembert, la Polynormande et le Tro Bro Leon. C’est un genre de course où une sélection peut s’opérer, où on ne sait jamais comment va se jouer la victoire finale. Je ne suis pas un sprinteur, même si je ne suis pas non plus mauvais au sprint. Mais j’aime quand le scénario n’ai pas écrit d’avance, comme pour le Grand Prix de Plouay. On peut anticiper le sprint, comme cela a encore été démontré cette année.
Quel va être votre programme pour les mois à venir ?
Je suis actuellement mon programme hivernal : piscine, musculation et vélo, cinq à six jours par semaine. S’il fait beau, je fais de la route. Sinon, je fais du VTT, ce qui permet de ne pas avoir trop froid sur son vélo. Mais je ne fais pas de cyclo-cross en compétition. Cela demande une grande préparation, et ma saison était déjà assez longue. Je vais passer trois ou quatre jours en Vendée avec les gars, ce qui me permettra d’exercer une bonne charge de travail sur route. Ensuite, on part en stage en Espagne. Je commencerai sûrement avec la Marseillaise ou le Tour Méditerranéen. Puis, j’espère que l’équipe disputera Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico. En fait, je ne sais pas encore par quelle course ma saison commencera, mais j’aimerais bien pouvoir faire le même début de saison que l’année dernière.
Propos recueillis par Elodie Troadec le 30 novembre 2011.