Passé professionnel à l’aube de la saison 2006 au sein de l’équipe Bouygues après cinq années d’apprentissage dans le Vendée U, vivier du team de Jean-René Bernaudeau, Vincent Jérôme se classe résolument comme un baroudeur particulièrement attiré par les classiques. Ce puncheur qui ne nourrit par ailleurs aucun complexe n’ignore pas qu’il aborde cependant une année 2010 importante. Il aurait bien besoin, en effet, d’aller chercher un résultat qui le fuit depuis le Tour du Doubs, remporté en 2007 (seule ligne victorieuse à son palmarès depuis ses débuts pros). Sélectionné sur le Tour de Normandie, l’ancien vainqueur de Paris-Tours Espoirs a été peu épargné, ces derniers temps, par des problèmes de santé récurrents. C’est en phase de reconstruction qu’il aborde l’épreuve du président Anquetil après une délicate opération de la hanche.
Jérôme, quel est votre état de forme ?
Je suis loin de mon niveau de forme de ces dernières années à la même époque. Les conséquences de deux mois et demi d’arrêt à cause d’ennuis de santé. Au résultat j’en sors fortement handicapé et en retard bien entendu. J’ai été dans l’impossibilité d’effectuer un hiver comme je l’aurais voulu. Je n’avais d’autre solution que de passer par la table d’opération, une décision prise en concertation avec l’équipe. Maintenant, il faut que ça revienne. J’en suis là. Un grand besoin de compétition pour retrouver les sensations.
Quand avez-vous repris le vélo ?
Je n’ai repris le vélo que le 14 janvier. J’ai fait ma rentrée aux Boucles du Sud-Ardèche, puis aux Trois Jours des Flandres Occidentales et à la Classic Loire-Atlantique. Ca va mieux. Ca devrait revenir, mais bon, je me sens en retard vis-à-vis du peloton. Sur une course comme la Classic Loire-Atlantique, par exemple, j’ai retrouvé un peu mes repères. C’était une belle course pour pouvoir attaquer et se préparer pour venir sur le Tour de Normandie.
Cette opération de la hanche, c’est la conséquence de votre chute de septembre dernier sur le Tour d’Espagne ?
Mon opération a été très lourde. Elle s’est accompagnée d’une maladie nosocomiale à la suite d’une infection. C’est ce qui m’a arrêté longtemps. Il a fallu se faire au traitement qui a suivi. C’est surtout cela qui n’a pas été simple. L’origine, en fait, remonte à une chute sur piste, lors d’un stage avec l’équipe, pour préparer les chronos. En fin de compte, en Espagne, cela a pris des proportions énormes par le fait que je suis retombé sur cette blessure. Ca a produit un gonflement avec des conséquences. Bref, ça a été dramatique. Il a fallu alors prendre la décision de me faire opérer en accord avec l’équipe. Je n’avais pas le choix.
On imagine que vous auriez aimé faire la fin de saison sur les classiques d’automne ?
Rater de belles courses comme Paris-Tours et Paris-Bourges a été frustrant. Ce sont des courses avec lesquelles j’ai beaucoup d’affinités, et que j’apprécie par conséquent. Des courses mythiques. Paris-Bourges est une belle Coupe de France et Paris-Tours une ProTour. Un résultat là-dessus vous met en confiance pour la suite. C’est toujours embêtant de s’arrêter sur blessure.
Quelle place accordez-vous au Tour de Normandie ?
Je vais essayer de faire de belles étapes. On a failli faire un bon coup sur des bordures lors de la deuxième étape en direction de Forges-les-Eaux, mais ça n’a pas pu aller au bout. A six coureurs, il est difficile de maîtriser la course. La Saur-Sojasun va certainement peser sur les étapes à venir mais on a de belles cartes.
Ressentez-vous une certaine pression du résultat sur une année 2010 où l’avenir du groupe n’est pas encore tracé ?
Pas encore en ce qui me concerne. J’attends beaucoup des trois mois qui viennent pour revenir. Il y a encore pas mal d’épreuves qui me permettront d’aller chercher quelque chose. En même temps, on a tous en tête qu’il va falloir en décrocher une belle pour aider Jean-René.
Vous avez jusqu’ici tout consacré au cyclisme et beaucoup d’observateurs vous voyaient réussir une belle carrière au lendemain de votre victoire sur Paris-Tours Espoirs…
J’ai encore confiance pour la suite. Je suis bien dans la tête. Je suis passé par des moments difficiles à la suite de ces deux mois et demi d’arrêt. L’ambiance est excellente dans le groupe. Il n’y a pas de raisons pour que cela ne revienne pas.
Propos recueillis par Jean-François Modery à Bois-Guillaume le 24 mars 2010.