Tyler, comment vous sentez-vous à huit jours du départ du Tour de France à Rotterdam ?
Pour le moment tout va bien. J’ai fait de bons entraînements. Je n’ai pas eu de problèmes, pas de maladie, pas de blessure. Tout est en ordre pour le Tour et il me reste encore huit jours pour affiner ma condition, même si le départ est proche maintenant et qu’il en est presque fini des entraînements. Le plus dur est fait, on va tâcher de faire des sorties plus reposées à présent en guise de préparation finale pour le Tour.
Vous parlez très bien français, où avez-vous appris la langue ?
J’ai fait deux années dans l’équipe Cofidis et j’ai vécu un an à Nice. J’ai donc appris à manier la langue. Alors bien sûr je ne parle pas parfaitement français et j’estime avoir un mauvais accent mais je comprends très bien. Et puis c’est aussi une marque de respect que de pouvoir parler français quand on fait des courses en France. De même que quand on court en Espagne, on essaie de parler espagnol.
Quel va être votre programme d’ici au départ de Rotterdam ?
J’habite en Belgique mais je suis redescendu au service-course de Gérone pour y passer quelques jours sous la chaleur. C’est important que l’organisme s’acclimate à ces conditions atmosphériques car pendant le Tour on peut avoir des jours très chauds. Je suis aussi venu à Gérone pour rouler un peu dans la haute montagne et me préparer à affronter le prochain Tour de France. Je vais donc faire quelques sorties en montagne ces prochains jours et me reposer un peu avant le Grand Départ.
On imagine que vous avez coché un certain nombre d’étapes…
Au cours de la première semaine, parlons même des dix premiers jours, il va y avoir beaucoup d’opportunités pour un coureur comme moi. J’habite en Belgique donc je suis encore plus motivé par le Grand Départ du Tour dans le nord de l’Europe et encore plus par celle qui s’achèvera à Bruxelles, la première occasion pour les sprinteurs. Mais le Tour est la plus grande course du monde et nous sommes toujours très motivés, quelle que soit l’étape.
A votre sens, puisqu’on évoque la traversée de la Belgique, Tom Boonen demeure-t-il un adversaire sérieux dans les sprints ou fait-il progressivement partie du passé ?
Boonen reste un grand coureur et peut toujours gagner dans les sprints. Sur le Tour, il y a toujours beaucoup de coureurs qui peuvent gagner dans un sprint. Il y a Thor Hushvod, Heinrich Haussler, Alessandro Petacchi, Mark Cavendish. Ce n’est jamais facile de gagner sur le Tour mais comme je l’ai dit je n’ai pas eu de problème cette saison et j’ai de bonnes sensations à l’entraînement, donc j’espère faire du mieux possible.
Quelle va être votre ambition sur ce Tour de France : le Maillot Vert ?
On ne sait jamais ! Personnellement, je ne me mets pas trop la pression pour le Maillot Vert. Bien sûr, si je suis dans le coup, je ferai le maximum pour l’obtenir, mais mon premier objectif sera de gagner des étapes. Si j’en gagne une, deux, je l’espère, on pourra alors penser au Maillot Vert, mais au départ je ne me focaliserai que sur les étapes. Je prendrai la course au jour le jour.
Etes-vous plus adepte des trains pour vous emmener le sprint ou préférez-vous jouer les opportunistes en électron libre ?
Je suis arrivé l’an passé au niveau des meilleurs sprinteurs. J’ai participé à mon premier Tour de France et je ne bénéficiais alors que de Julian Dean pour me lancer les sprints. Face à une équipe comme la Columbia de Mark Cavendish, c’était un peu difficile de rivaliser. Cette année en revanche, j’ai gagné quelques courses, l’équipe a pris davantage confiance en moi et je bénéficierai de plus de coureurs pour me lancer le sprint. Je vais avoir trois, quatre coureurs pour m’aider dans les derniers kilomètres et nous verrons comment ça marche.
Quelle sera la répartition des coureurs dans votre train ?
Normalement, c’est Julian Dean qui sera le dernier à me lancer le sprint. J’ai fait presque toutes les courses avec lui l’an passé et cette année. J’ai toute confiance en lui, je le connais super bien. Je suis toujours un peu jeune tandis que lui a l’expérience. Il a fait beaucoup de Grands Tours et il connaît bien les sprints. Je le laisse donc prendre les décisions, je le suis et je ne pense qu’à mener le dernier sprint.
La présence de Julian Dean à vos côtés est un atout de plus dans la mesure où il connaît bien un adversaire comme Thor Hushovd pour avoir été son poisson-pilote…
C’est vrai ! Comme je le dis, c’est l’un des meilleurs coureurs du monde pour lancer le sprint. Il l’a fait avec Thor Hushovd quelques années. J’estime toujours avoir beaucoup de chance de l’avoir à mes côtés dans l’équipe.
Avant Julian Dean, quels seront les premiers étages de la fusée Farrar ?
On va voir ! Il y a David Millar, qui a fait beaucoup de travail cette année au Giro pour lancer les sprints. Je pense aussi à un coureur comme Robbie Hunter, qui est aussi un très bon sprinteur. L’équipe pour le Tour n’est pas encore finalisée mais c’est sûr que nous aurons Julian Dean, David Zabriskie aussi, et je pense que nous aurons Hunter pour contrôler les derniers kilomètres.
L’arrivée sur les Champs-Elysées vous fait-elle rêver ?
Oh que oui ! L’arrivée sur les Champs est spéciale, c’est l’un des grands monuments du cyclisme. L’année passée je suis arrivé 3ème, ce qui est pas mal, mais quand on est sprinteur on veut toujours gagner une étape comme ça. Cette année, on verra, mais j’espère un jour pouvoir gagner cette étape. C’est vraiment spécial. C’est la dernière étape et ça joue aussi beaucoup sur l’atmosphère, sur la condition des coureurs après trois semaines de course.
Quel pronostic feriez-vous pour la victoire finale sur le Tour de France ?
J’espère Christian Vande Velede ! On verra comment ça va pour lui après ses blessures. Peut-être n’a-t-il pas eu la préparation idéale mais il reste un bon coureur. Même l’année passée, il est arrivé 8ème, donc on ne sait jamais. Après il y a toujours beaucoup de bons coureurs : Contador, les frères Schleck, Armstrong, et je pense aussi à un coureur comme Kreuziger. Le Tour est la course la plus grande du monde et les meilleurs coureurs du monde s’y présentent avec la meilleure condition pour essayer de gagner.
Après le Tour de France, quel va être votre programme ?
J’aurai des victoires à défendre donc je serai très certainement sur la Vattenfall Cyclassics à Hambourg. Je ferai peut-être aussi l’Eneco Tour, mais ce n’est pas sûr, et pour le moment je voudrais aussi aller sur la Vuelta. J’ai entendu qu’il serait possible que le Championnat du Monde arrive au sprint cette année alors ce serait bien de faire deux semaines au moins sur la Vuelta pour s’y préparer. Je ne ferai sans doute pas toute la Vuelta car j’ai déjà fait le Giro et je vais faire le Tour, mais peut-être deux semaines pour préparer le Mondial.
Propos recueillis à Gérone le 24 juin 2010.