Tony Hurel, le sprinteur-puncheur de l’équipe Europcar qui a fêté ses 27 ans il y a peu, a montré de belles choses la saison dernière, avec notamment une 2ème place sur une étape du Tour de Romandie et un beau Tirreno-Adriatico. Le coureur normand a eu une progression régulière, année après année au sein de la structure de Jean-René Bernaudeau. Arrivé à maturité, il sait qu’il lui faudra concrétiser cette année et renouer avec la victoire. Il a toutes les qualités et la motivation pour y parvenir.
Tony, quel bilan faites-vous de votre saison 2014 ?
Je suis satisfait de ma dernière saison. Tous les ans, je passe un palier. J’ai pu faire quelques Tops 10 et Tops 5 sur Tirreno-Adriatico, le Tour du Haut Var, la Route du Sud… Sur le Tour de Romandie, je ne suis pas passé loin de la victoire avec une place de 2ème. Cette année, je suis très motivé et je voudrais gagner rapidement pour partir sur de bonnes bases et me rassurer. Je sais qu’il y a pas mal de courses à ma portée.
L’an dernier, vous avez disputé votre premier Grand Tour avec le Giro, cela va-t-il vous aider à progresser ?
Oui. Dès lors que l’on participe à un Grand Tour, on prend de la force et l’on acquiert de l’expérience. Ça a été trois semaines de folie, il y avait énormément de monde sur la route avec des conditions météos pas faciles à gérer. Nous avions la chance d’avoir un leader comme Pierre Roland qui a bien marché, il a malheureusement échoué au pied du podium et se classe 4ème au général. Cela a tiré le groupe vers le haut et j’ai beaucoup appris à ses côtés. Je suis aussi très content d’avoir pu terminer le Giro et je suis sûr que le travail accompli va m’être bénéfique cette année.
Qu’Europcar n’ait pas obtenu sa licence WorldTour cette année ne risque-t-il pas toutefois d’entraver votre progression en vous frottant moins aux meilleurs ?
C’est dommage en effet, et c’est vrai que le niveau est tout autre. J’ai pu le constater dans les courses WorldTour auxquelles j’ai participé, ça fait progresser. Après, nous avons quand même un bon programme de courses en début de saison avec Tirreno-Adriatico et Paris-Nice. Pour l’instant, nous sommes assurés de faire le Tour de France, participer à la Vuelta permettrait à davantage de coureurs de s’aguerrir.
Comment fonctionnez-vous à l’entraînement ?
Tout dépend de comment s’enchaînent les courses. En hiver par exemple, les bonnes semaines ce sont environ vingt heures de vélo. Après, quand on enchaîne les courses comme le Challenge de Majorque, je prends un ou deux jours de récupération et je fais ensuite un beau bloc de travail. La forme va venir avec les compétitions. Prochainement je vais m’aligner au Tour de Murcie, la Classica d’Almeria, le Trophée Laigueglia, le Circuit Het Nieuwsblad et ensuite j’espère faire Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico.
Vous êtes un puncheur-sprinteur, comment cela se travaille concrètement ?
J’ai un entraîneur en la personne de Lylian Lebreton, avec lequel j’améliore mon point fort qui est le sprint. Je travaille ma pointe de vitesse et mon punch. Je fais du derrière moto, mais pas seulement, je fais beaucoup de démarrages arrêtés. Quand on arrive dans des bosses courtes, je travaille en explosivité, je fais des montées rapides, un peu sous forme de jeu.
Utilisez-vous un capteur de puissance, comme beaucoup dans le peloton ?
Oui, je l’utilise depuis l’an dernier. Je ne suis pas un adepte du capteur de puissance, mais je m’en sers, sans me focaliser dessus.
Avez-vous ciblé des courses qui vous correspondent cette saison ?
Je ne suis pas un coureur qui cible une course en particulier. J’essaie d’être à 100 % à chaque fois que je suis au départ. Maintenant, il est vrai que sur des épreuves qui se prêtent plus à mes caractéristiques, il y a toujours un plus de motivation comme sur le Tour de Romandie.
A 27 ans vous arrivez à maturité. Jean-René Bernaudeau fonde beaucoup d’espoirs sur vous cette année, comment le gérez-vous ?
J’ai la chance d’être dans une bonne équipe où l’on n’a pas trop de pression. J’ai fait toute ma carrière avec Jean-René, trois années au Vendée U, et c’est ma cinquième année chez Europcar. Il m’a toujours fait confiance, il voit que j’arrive à maturité et maintenant j’espère le lui rendre en concrétisant par des victoires cette saison.
La société Europcar cessera son partenariat avec l’équipe en fin de saison. Comment est l’ambiance dans le groupe en ce début d’année ?
Chez Europcar, c’est la solidarité qui prime. On est avant tout une bande de copains. Même si l’on est un peu inquiets pour l’avenir de l’équipe, on essaie d’y faire abstraction. On va essayer de faire un beau début de saison et mettre tous les atouts de notre côté pour assurer la continuité. On fait entièrement confiance à Jean-René pour cela, nous nous concentrons sur les courses à venir et les résultats.
Propos recueillis par Patrick Guino.