Tom, le Tour des Flandres vous a-t-il aidé pour récupérer le temps perdu en janvier à cause de votre blessure au coude ?
Bien sûr, on se sent mieux psychologiquement quand on a un objectif précis. Ce n’est pas la même chose que l’an dernier, mais je ne me sens pas si mal non plus. Vu les circonstances j’ai fait de réels progrès ces dernières semaines. Nous verrons dimanche si c’est suffisant pour faire un résultat. Mais j’ai fait le maximum pour être ici. Je ne pouvais pas faire plus.
Cela veut-il dire que vous serez en meilleure forme à Roubaix ?
J’essaye de revenir au plus vite. J’espère que la semaine supplémentaire me donnera du temps pour retrouver mon niveau. Je ferai les Flandres puis le Grand Prix de l’Escaut. Ça peut faire la différence. La condition s’améliore, mais je reviens de loin. La forme est bien meilleure qu’au début de ma saison, elle s’améliore de course en course. Je suis content d’être là où je suis, mais ça se serait sans doute mieux passé si je n’étais pas malade au mois de janvier.
Avez-vous déjà été dans cette forme à ce moment de la saison ?
En 2011, je suis tombé malade à Tirreno, mais cette année-là, j’avais tout de même gagné Gand-Wevelgem alors que je n’ai encore rien gagné jusqu’à maintenant. Bien sûr en douze ans de carrière j’ai connu des moments difficiles et je suis revenu. Je suis très heureux d’être là où je suis aujourd’hui, car en janvier cela s’annonçait bien pire. Je dois me satisfaire de la condition que j’ai et de voir que tout est encore possible.
Avez-vous douté ou paniqué ?
Céder à la panique est la pire chose à faire. La forme est quelque chose à travailler étape par étape. Il n’est pas possible d’accélérer les choses. On ne peut pas passer de 0 à 100 % en deux semaines. Surtout quand on prend de l’âge. Cela prend plus de temps. En janvier, tout se passait bien puis tout a changé en une semaine. Il faut être fort psychologiquement et laisser ces choses derrière soi pour mieux repartir.
N’avez-vous pas moins de pression sur vous ?
J’ai bien plus de points d’interrogation. L’an dernier, tout s’est très bien passé. C’est l’époque où l’on doit faire des résultats, gagner ces grandes courses. Les bonnes saisons ne viennent pas comme cela. C’est donc un peu différent. Cette période est toujours très stressante, car tu essayes de retrouver ton niveau.
Peut-être que les autres concurrents ne vous voient pas comme un favori…
J’espère ! Après l’an dernier, les circonstances ne sont peut-être pas si mauvaises. Si j’avais eu le même niveau que l’an dernier, il aurait été difficile de porter tout le poids de la course. C’est un peu différent. Mais je n’aurai pas plus de liberté si j’essaye dans le final.
Pensez-vous être en mesure de gagner demain ?
Je pense en être capable, mais il faut voir. Je ne suis pas le plus fort cette saison ou plutôt je ne suis pas dans ma meilleure forme. Mais tout est possible sur une course.
Avez-vous toujours la motivation pour gagner cette course ?
Bien sûr. J’ai beaucoup travaillé pour tenter d’arriver au même niveau que l’an dernier. Cela ne s’est pas passé comme je le voulais. Mais si ça ne réussit pas cette année, j’essaierai encore l’an prochain. Je n’ai jamais eu le problème de trouver la motivation de travailler pour cette période de l’année.
Où pensez-vous que la course va se jouer ?
Tout le monde attendra le dernier tour. L’enchainement Quaremont-Paterberg sera décisif. Tout est possible, mais je ne pense pas que la décision se fera avant la deuxième boucle. Peut-être qu’un groupe sortira, mais l’attaque décisive se fera dans la dernière. La course est très difficile et il y a tellement de gars avec un très bon niveau et il sera difficile de s’échapper avant les 20 derniers kilomètres.
Fabian Cancellara est-il LE favori ?
Il est en grande forme, l’une des meilleures qu’il ait connue. Il sera l’homme à battre avec Peter Sagan. Il ne faudra pas non plus oublier le Team Sky. Ils ont une très bonne équipe. Peut-être qu’ils auront plus de libertés que nous, ce sera une formation dangereuse. Fabian est très fort, mais je ne le vois pas vraiment lâcher Sagan.
Comment battre Peter Sagan ?
Personne n’est inarrêtable ! Il paraît l’être, bien sûr. C’est un homme très dangereux s’il est avec toi dans le final. Il est très rapide au sprint et il est très difficile à lâcher dans les montées. Il est probablement celui qui peut monter le Paterberg le plus rapidement. Mais au sommet il restera 13 kilomètres. Dans l’équipe, nous n’avons pas de grands favoris, mais beaucoup de coureurs très forts. Il faut garder la cohésion de l’équipe. Ne pas tenter d’être les plus forts, mais se montrer les plus intelligents.
Le fait qu’il soit nouveau ne le rend-il pas difficile à lire ?
Il n’est pas tout à fait nouveau. Nous le voyons venir depuis trois ans maintenant. L’an dernier, il était déjà présent avec quelques podiums. C’est bien d’avoir quelqu’un comme lui. Si on regarde bien, sur les dix dernières années, il n’y a pas eu de grands noms qui soient apparus pour remporter cette classique. C’est bien d’avoir quelqu’un qui se joigne à nous.
Son manque d’expérience ne pourrait-il pas jouer en sa défaveur ?
Il est très jeune, mais ce n’est que la deuxième année que nous faisons ce parcours. Il était présent l’an dernier donc nous avons la même expérience sur ce Tour des Flandres. Cela ne l’affecte pas vraiment. Bien sûr, quand on est présent depuis dix ans, on sait d’où vient le vent au sommet des bosses. C’est un très bon élève et il a déjà beaucoup appris.
Fabian Cancellara a dit qu’il n’aimait pas sa façon de célébrer ses victoires, et vous ?
J’adore ! Il n’y a rien de mieux que la nouveauté. Vraiment, si je pouvais le faire, je le ferais aussi ! Parfois je rêve d’en être capable, mais je ne le suis pas (il rit).
Propos recueillis à Nazareth, le 29 mars 2013.