Thomas, avec un départ du Tour de France en Vendée en 2011, on va automatiquement vous attendre, vous, ainsi que l’équipe Europcar ?
Comme toutes les équipes mais peut-être un petit peu plus. Le Tour, c’est la plus grande épreuve de l’année, tout le monde est attendu. Il ne faudra pas se louper. En ce qui nous concerne, on n’est pas assuré d’être au départ, c’est pour cela qu’il faudra qu’on aille gagner notre place, comme ce fut le cas ces dernières années. Et on va commencer par ça. On a un effectif quand même qui a de l’allure et on va essayer d’avoir les résultats nécessaires en début de saison pour gagner notre place afin d’être au départ du Tour de France, en Vendée, à domicile avec les nouvelles couleurs d’Europcar.
Vous êtes Vendéen de cœur, ça doit être une fierté ce départ en Vendée ?
Oui, d’autant plus que j’ai connu cela en 2005 avec un départ de Noirmoutier et l’arrivée aux Essarts. De plus, j’avais pu faire la première étape en échappée et prendre le maillot de meilleur grimpeur donc c’est quelque chose d’inoubliable. Il faut avouer que ça donne envie de revivre de tels moments. Vu l’effectif qu’on a, on va essayer de se montrer au départ du Tour en Vendée malgré la présence de formations mieux armées que nous sur ce type d’étape !
Des étapes qui sont peut-être trop plates à votre goût…
Oui, c’est assez plat donc ce sera sûrement des sprinteurs de classe mondiale qui s’imposeront. C’est ce qui manque dans notre formation même si on a des coureurs comme Sébastien Turgot qui s’est déjà illustré, trois fois 6ème l’année dernière. Aux Essarts, ce sera un contre-la-montre par équipes et les formations internationales nous sont souvent supérieures durant l’année.
Ce sera un Tour difficile, peut-être sera-t-il plus dynamique. Est-ce important pour vous d’avoir un Tour dynamique ?
Non, pas spécialement. C’est sûr que c’est mieux pour le spectacle. Maintenant, ça me fait toujours un peu sourire quand j’entends que le Tour est trop dur. Qu’ils viennent faire un tour au Tour d’Italie ! En 2010, avec les étapes et la météo qu’on a eues, ce n’était pas comparable avec le Tour de France. C’est selon moi une fausse excuse. En dix ans, j’ai dû faire onze ou douze Grands Tours et ce n’est pas du tout insurmontable. Maintenant, si le Tour de France était facile, ça se saurait ! C’est normal que ce soit dur. Il ne faut pas s’offusquer de voir des étapes difficiles durant la troisième semaine. Ce n’est pas choquant !
Vous êtes l’homme par qui Europcar a dit oui, peut-on dire ça ?
Je crois qu’il faut surtout remercier les gens d’Europcar de nous faire confiance. Après, c’est simplement dans toutes les équipes qu’il y a des coureurs un peu piliers, leaders, mais il faut de tout pour faire une équipe quelle que soit l’importance du coureur, les résultats, le staff… Donc c’est l’ensemble qu’il faut retenir je pense. Je préfère ça que de passer pour le sauveur comme cela a été dit ces dernières semaines. Ca m’a gêné un petit peu en fait.
Malgré tout, c’est une partie de la réalité. C’est de vous que dépendait la décision d’Europcar…
Disons que ça faisait quelques mois que j’avais dit à Jean-René Bernaudeau que j’étais à ses côtés. Donc pour les sponsors c’est mieux qu’il y ait une équipe à vendre. Il est vrai que je ne pensais pas que ça prendrait aussi longtemps. Ca s’est vraiment fait dans la dernière minute, c’était une question d’heure. Mais ça faisait des mois que j’avais dit à Jean-René que j’avais envie que l’aventure continue.
La PME Bbox Boygues Telecom, ce sont 80 personnes environ. Y avez-vous pensé à ce moment-là dans la décision de choisir Europcar ?
C’est clair que c’est un peu mon mode de vie depuis dix ans. Je suis dans la même structure depuis que je suis passé chez les pros, j’habite à côté du siège social de l’équipe. Après, c’est vrai que je n’avais eu que des garanties orales puisque c’était par téléphone que j’avais eu les responsables d’Europcar qui me disaient qu’ils s’engageaient dans l’aventure. De l’autre côté, j’avais des propositions sûres mais ça faisait des mois que j’attendais. Donc cela a été difficile d’avoir la lucidité pour accepter et finalement je ne regrette pas et c’est très bien comme ça.
Y aura-t-il plus de pression sur vos épaules avec le départ de Pierrick Fédrigo ?
C’est clair que ces dernières années j’aimais bien quand on était tous les deux car on se divisait les responsabilités. Ca me plaisait bien qu’on soit co-leaders, comme on dit. J’ai espoir que malgré son départ, des coureurs s’affirment comme cette année où il y a eu beaucoup de victoires de coureurs qu’on attendait en progression. C’est-ce que j’espère pour 2011.
Vous attendez-vous à recevoir le Vélo d’Or français cette année ?
Peut-être. J’ai vu la liste des prétendants et c’est vrai que j’y ai pensé. Maintenant ce n’est pas une fixation. J’avais été 2ème en 2004 et c’est vrai que ce serait une petite fierté, ça c’est sûr. Le Vélo d’Or français c’est moins important que le Vélo d’Or mondial. On aura fait un grand pas quand ce sera un Français Vélo d’Or mondial, le dernier étant Laurent Jalabert en 1995.
Propos recueillis à Paris le 19 octobre 2010.