Thomas, on prévoyait qu’il serait difficile de garder votre maillot tricolore sur le parcours de Boulogne-sur-Mer, ça a effectivement été le cas…
Oui, c’était un parcours difficile, comme ces dernières années. Il ne fait pas bon être sprinteur depuis 2001 pour les Championnats de France. Je crois que Sylvain a fait une démonstration. Coup de chapeau à lui. Moi, sur un plan personnel, je ne m’en tire pas trop mal. L’équipe a bien bossé, je termine 3ème. Quand on est battu par plus fort, il n’y a pas de regrets.

Avec Anthony Roux, vous avez pourtant tenté d’aller chercher Sylvain Chavanel ?
On a essayé, mais je pense qu’il était un peu plus fort. Je ne vais pas lancer la polémique, mais je pense que du fait qu’il n’avait pas beaucoup couru ces derniers temps, Sylvain était sans doute plus frais, et peut-être que ça lui a permis d’avoir un peu moins la pancarte de favori. J’ai eu de meilleurs résultats depuis le début de l’année, ce qui fait que j’étais plus surveillé. Ca lui a profité. Peut-être que d’autres fois, ça m’a servi, cette fois, ça n’a pas été dans mon sens.

Sylvain Chavanel est quand même un beau champion de France ?
Oui, la question ne se pose pas. Ça fait quelques années que Sylvain fait partie des piliers, c’est sans doute le meilleur coureur français. Que ce soit lui, Fédrigo, moi, Casar, on est un peu les piliers du cyclisme français. Anthony Roux, qui vient de faire le deuxième podium de sa carrière, est plus jeune. Il faut accepter d’être battu, quand c’est par plus fort. Je n’ai pas la même amertume par exemple que lorsque j’ai fait deuxième à Chantonnay, en 2006, où j’avais l’impression que le titre était accessible. Là, il faut savoir respecter la victoire du coureur qui le mérite.

C’est de bon augure pour le Tour de France ?
C’était le Championnat de France, on ne pense pas au Tour. C’est autre chose. Faire un podium aux France, c’est mieux que de bâcher à deux tours de l’arrivée. Je n’aime pas trop dire que l’essentiel, c’est d’avoir de bonnes jambes, parce que pour moi, ça ne veut rien dire. L’essentiel, c’est de faire un résultat au bout.

Qu’est-ce-que Sylvain Chavanel va découvrir sur le Tour avec ce maillot ?
Que c’est le plus populaire après le maillot jaune. Je lui souhaite de vivre ce que j’ai vécu en 2004, de troquer quatre-cinq jours le bleu-blanc-rouge contre le jaune. Aujourd’hui, la vedette, c’est lui, il faut le laisser savourer cet instant. Ce sont des grands moments qu’il est en train de vivre. Il ne faut pas être aigri. Je n’aurais pas aimé qu’on soit aigri si j’avais gagné. S’il avait gagné en attaquant dans la dernière ligne droite en profitant du travail des autres, je ne tiendrais pas le même discours, mais il faut savoir s’incliner et être bon joueur.

Quelle expérience garderez-vous de cette année tricolore ?
Plein de bons moments. Mais un maillot de champion de France, c’est parfois lourd à porter. Il faut être à la hauteur, en termes de résultats, de comportement, de savoir-vivre par rapport au public. On ne peut pas passer la tête baissée devant les gens, on ne peut pas freiner tout le temps en arrière. Il faut faire honneur à ce maillot. Mais on connaît bien le caractère de Sylvain en course, je ne pense pas qu’il y aura de problème.

Propos recueillis par Elodie Troadec à Boulogne-sur-Mer le 26 juin 2011.