Thomas, on ne vous arrête plus cette saison, et vous voilà vainqueur de Cholet-Pays de Loire, où les sprinteurs avaient pour habitude de s’expliquer les années passées ?
Au départ, il y avait moins de sprinteurs favoris que les autres années et donc moins d’équipes organisées. Neuf coureurs ont été devant toute la journée, ça a été un scénario de course relativement classique. De mon côté, même si c’est facile à dire après, j’avais repéré un endroit où le vent changeait de direction à 3 kilomètres de l’arrivée, lorsque nous sommes passés une première fois sur la ligne. Je me suis dit que si on pouvait y prendre quelques secondes, ça pouvait marcher, et de toute façon il n’y avait rien à perdre.
Mais il fallait tout de même tenir face à un peloton prêt à en découdre au sprint ?
L’attaque a fait la différence. Je n’ai pas attaqué par instinct mais bien parce que j’avais repéré un endroit où le vent changeait de direction. Tout le monde avait fait son effort, les mecs rapides commençaient à penser à l’arrivée. Je pense que les gars ont bien contrôlé derrière dans les 3 derniers kilomètres. J’avais des jambes suffisamment bonnes pour tenir avec quelques secondes d’avance jusque sur la ligne. Je suis très content car j’habite à 60 kilomètres d’ici donc j’étais un peu à la maison aujourd’hui. Mes supporters sont venus en masse, c’était vraiment super.
On a vu vos équipiers très actifs tout au long de la course, était-ce prémédité ?
La seule chose qui était préméditée était de prendre la course à l’endroit, c’est-à-dire d’être présents dans les échappées comme l’ont fait Jérôme Cousin puis Yukiya Arashiro. On a été présents du début à la fin. Tout le Team Europcar a été très fort sans exception. Aujourd’hui il n’y a pas eu de tire-au-flanc. Et quand ça se passe comme ça…
Résister dans la dernière ligne droite, en faux-plat montant, relève de l’excellence…
La dernière ligne droite a été difficile car elle est interminable. Je croyais qu’il n’y avait que quelques coureurs derrière moi mais en fait le peloton était complètement regroupé. A ce moment j’ai commencé à me faire du souci mais finalement j’ai réussi à remettre un gros coup d’accélérateur à 200 mètres. J’ai pu conserver mon avantage et ça a été bon.
Comment avez-vous pu vous défaire de l’imposant marquage dont vous êtes la proie désormais ?
J’ai gagné deux étapes sur Paris-Nice donc je savais que je faisais figure de favori. J’ai été marqué samedi à la Classic Loire-Atlantique donc difficile de se défaire du marquage. C’était un peu pareil sur Cholet mais j’ai eu Anthony Charteau au téléphone samedi soir et il m’a dit que si j’avais trop de monde qui me surveillait, il me fallait attendre 3 kilomètres de l’arrivée, ne pas faire d’efforts de la journée et attaquer juste à la fin. Même si le peloton était groupé, j’avais mon idée en tête. Après, ça marche ou non. Avec le public qui m’a bien poussé, ça a marché finalement !
Vous sortez d’un brillant Paris-Nice et vous vous maintenez au top, vous êtes dans la forme de votre vie ?
J’avais mal aux jambes tout de même au départ, surtout après la Classic Loire-Atlantique samedi. On est une semaine après Paris-Nice, j’ai accumulé de la fatigue dans les jambes. Mais quand on est en forme et qu’on sait que les autres commencent à avoir mal aux jambes aussi, on sait qu’on peut faire la différence. Je suis content de m’imposer ici car Cholet-Pays de Loire, comme le Tour de Vendée, ce sont les courses de chez moi. Quand on voit le monde qu’il y a sur les routes, ça n’a rien à envier aux grandes courses internationales. Ca a de la gueule.
Propos recueillis à Cholet le 20 mars 2011.