L’emploi du temps de Thomas Voeckler (Bbox Bouygues Telecom) était chargé hier à l’occasion de la présentation officielle de sa formation à Boulogne-Billancourt. Tout juste rentré du Gabon, où il a fait sa rentrée pour la première fois sur la Tropicale Amissa Bongo, il s’est présenté sur le podium pour le plaisir des photographes, a longuement répondu aux questions des journalistes avant de prendre part à une réunion collective en début d’après-midi et de filer en banlieue parisienne dans l’après-midi pour l’ouverture d’un Culture Vélo à Chambly, où il s’est livré à une séance de dédicaces organisée par Nike. Un agenda de champion, un statut qui lui colle de mieux en mieux à la peau et qu’il s’attachera à défendre à nouveau cette saison. Fidèle à Jean-René Bernaudeau, il espère permettre l’arrivée d’un nouveau partenaire.
Thomas, quelles ont été vos sensations à l’occasion de votre rentrée au Gabon ?
J’ai eu une préparation un petit peu perturbée pour différentes raisons. Je ne suis pas spécialement en avance, donc je pense que, par rapport à l’année dernière, je n’aurai sans doute pas la même condition de début de saison qui m’avait permis de remporter coup sur coup l’Etoile de Bessèges et le Tour du Haut Var. Mais je ne me fais pas trop de soucis, je me dis que ça me permettra d’avoir de meilleures jambes un petit peu plus tard.
Qu’entendez-vous par préparation perturbée ?
J’ai chuté à l’entraînement en début d’année et me suis fracturé le quatrième métacarpien. A côté, il y a eu les mauvaises conditions météo, même si ça a été pour tout le monde pareil. J’ai souffert également d’une petite grippe puis d’une gastro. Tout ça n’est pas dramatique mais ce sont de petits contretemps. Je sais donc que j’ai encore pas mal de travail. Le tout, c’est d’en être conscient.
Du coup, quand estimez-vous que vous arriverez à votre premier pic de forme ?
Ca va dépendre des premières sensations en course. Je reviens du Gabon mais ce n’est pas trop comparable avec ce que je vais faire à Bessèges la semaine prochaine. Ca décale le pic de forme mais ça ne remet en rien en question la saison qui démarre.
Avez-vous le sentiment d’avoir vécu votre meilleure saison en 2009 ?
Jusque-là oui. Ce n’est pas illogique dans le sens où on dit souvent que les meilleures années se situent autour des 30 ans. Mais j’espère que ça ne restera pas ma meilleure année !
On a le sentiment que vous avez changé votre façon de courir l’an passé ?
Mes succès à Bessèges et au Haut Var l’année dernière m’avaient mis en confiance. Plus que de changer ma façon de courir, c’est mon mental qui a évolué. J’ai confiance en moi. Maintenant une année recommence. Et même si on a toujours les enseignements du passé, les confiances sont remises à zéro. Par définition, un coureur pro doute toujours, certains plus que d’autres, donc il va s’agir d’enclencher la bonne spirale. Avoir confiance en ses moyens permet d’être là dans les moments décisifs. De faire les efforts au moment le plus opportun pour aller chercher un résultat. Aujourd’hui, je prends le risque de perdre pour mettre dans le mille.
Quel est le premier rendez-vous que vous vous êtes fixé ?
Comme chaque année, la première course importante pour l’équipe, c’est Paris-Nice. J’espère m’y présenter en condition optimale. L’année dernière, j’avais fait une coupure relativement courte puisque j’avais couru la Japan Cup pour enchaîner aussitôt avec un stage. Je n’avais quasiment pas eu de vacances. Cette fois, j’ai quand même plus récupéré. Je vais donc mettre un peu plus de temps à retrouver la forme.
Quel va être votre programme ?
Pour l’instant, nous avons quelques incertitudes sur les courses vu que nous sommes en Continental Pro. Nous n’avons plus les mêmes assurances qu’en ProTour. Je vais reprendre sur l’Etoile de Bessèges avant le Tour du Haut Var et Paris-Nice. Entre les deux, j’ignore ce que je ferai. Nous attendons d’avoir toutes les réponses pour établir un programme. Peut-être le Tour d’Italie avant le Tour de France mais ce n’est pas sûr.
Y a-t-il une pression supplémentaire cette année entre la conquête d’invitations et la séduction d’un nouveau partenaire ?
Disons que nous avons quand même quelques assurances cette année puisque nous sommes sûrs de participer au Tour de France et aux courses organisées par ASO, qui nous accorde sa confiance. Maintenant, il serait bien de faire une très belle saison pour avoir un accès garanti aux plus grandes courses. C’est ma dixième année, j’aime le haut niveau et j’aspire à évoluer au plus haut niveau. On peut le faire en étant en Continental Pro mais il faut avoir les résultats pour être invités sur les courses.
Quel regard portez-vous sur la version 2010 de Bbox Bouygues Telecom ?
On peut dire que nous avons réalisé l’année dernière notre meilleure saison depuis le début de notre existence, avec deux victoires d’étape sur le Tour de France. On en connaît la valeur ! L’effectif n’a donc pas été très chamboulé mais il n’y avait pas vraiment de raisons de le faire. J’ai une bonne vision de ce groupe. Le seul bémol, c’est que les résultats ces dernières saisons ont essentiellement reposé sur les épaules de Pierrick Fédrigo et moi. On a besoin de coureurs qui nous soulagent un peu car nous avons le poids de l’équipe sur les épaules. Je compte pour cela sur des gars comme Cyril Gautier ou Pierre Rolland. On peut avoir de bonnes surprises.
Le sort de l’équipe est incertain pour 2011, envisagez-vous votre avenir auprès de Jean-René Bernaudeau ?
Il est clair qu’on espère que Jean-René va retrouver un repreneur. Pour ma part, ça s’est toujours très bien passé avec lui. J’ai toujours été très bien traité et je ne crois pas qu’il ait à se plaindre de moi. J’évolue dans de très bonnes conditions. Je ne dis pas que je n’aimerais pas voir autre chose avant la fin de ma carrière mais je ne changerai pas pour changer. Maintenant, il est certain qu’au moment du Tour de France, il faudra avoir des certitudes quant à l’avenir de l’équipe. Si l’avenir est assuré, il n’y a pas de raison que je change.
Propos recueillis à Boulogne-Billancourt le 27 janvier 2010.