Thomas, vous avez démarré au bon moment pour aller chercher le Tour du Haut Var. Seul, ça aurait été difficile ?
C’est vrai que la venue de Julien Antomarchi m’a été bénéfique, d’autant que je savais qu’il marchait bien. Au Tour Méditerranéen, je l’avais déjà repéré. Il nous avait mis une belle attaque dans le Mont Faron au dernier jour. Je savais que je n’avais pas la force pour décramponner Rinaldo Nocentini dans la côte des Tuilières. J’en étais conscient depuis l’arrivée à Grimaud samedi. Je savais bien que ma seule chance était après, en suivant les attaques. Il me fallait un allié et c’est tombé très bien avec Julien Antomarchi. A l’arrivée, il n’y a pas de geste de seigneur de ma part, ce n’est pas ça du tout. Chacun avait simplement un intérêt à collaborer.
Après votre 3ème place à Grimaud, il y avait un coup à jouer vers Draguignan, vous y pensiez ?
Il faut dire qu’une seconde au classement général, c’est rien et c’est beaucoup à la fois. En arrivant dans le même temps que Samuel Dumoulin et Rinaldo Nocentini, c’était perdu pour moi, sachant qu’ils sont quand même plus rapides que moi. Si j’avais été dans le même temps qu’eux après la première étape, je n’aurais peut-être pas pris autant de risques sur la fin. Il était sûr et certain que je n’avais pas les jambes pour lâcher Nocentini dans une ascension, car il est très bon grimpeur, donc je savais qu’il fallait essayer après la dernière côte.
Et ça a marché…
Oui, ça a marché, c’est facile à dire maintenant, mais c’est sûr que c’était cette tactique-là qu’il fallait employer. L’objectif était surtout de partir avec un coureur moins bien classé que moi mais quand même bien placé au général pour que ses coéquipiers jouent sa carte. Il fallait surtout qu’on ne soit que deux pour que chacun joue quelque chose et qu’on roule sans arrière-pensée. A trois, ça ne marchait plus car on aurait commencé à calculer, là c’était l’étape pour lui, le général pour moi.
La manière avec laquelle vous vous imposez semble vous réjouir ?
A l’arrivée à Grimaud samedi ça s’est passé comme je le voulais, si ce n’est que j’ai été devancé par deux coureurs plus forts que moi. Les mecs m’ont placé comme rarement. J’ai bénéficié d’un très grand collectif. Aujourd’hui, tout ce qui pouvait m’arriver de mieux était de gagner, car finir 3ème ou 10ème ne changeait rien pour moi.
Que représente pour vous le Tour du Haut Var, que vous aviez déjà gagné il y a deux ans ?
Depuis l’année de ma victoire en 2009, le Tour du Haut Var se dispute sur deux jours, mais ça demeure la première semi-classique française du calendrier, précédée par deux courses par étapes de valeur. Le Tour du Haut Var est un rendez-vous. Il y avait plusieurs équipes de 1ère division donc ça a beaucoup de valeur. Ca a une saveur particulière de gagner, surtout sur deux années d’intervalle. Il y a un mois et demi, je n’aurais pas pensé être aussi opérationnel que cela en début de saison.
Malgré une victoire d’étape au Tour Méditerranéen et le succès final au Tour du Haut Var, vous estimez ne pas être encore à votre meilleur niveau ?
Non, même si je ne vais pas faire le faux modeste non plus. Mais j’avoue que j’ai encore du travail à faire et que je ne pense pas être à 100 % de mes capacités. Pour résumer, c’est une belle journée pour le Team Europcar et un beau début de saison. Ce qui est pris est pris et ça fait déjà quelques belles victoires entre le Gabon, Bessèges, le Tour Med et le Haut Var. Un grand coup de chapeau à tous mes coéquipiers.
Le fait de vous être impliqué dans la survie de l’équipe cet hiver vous a-t-il coûté dans votre préparation ?
Ce serait mal venu de dire ça car c’est sans doute mon meilleur début de saison avec celui de 2009. Mais on a fait beaucoup de bruit autour de l’arrivée d’Europcar, qui est venu tous nous sauver. On a tous fait bloc, on a tous soutenu Jean-René Bernaudeau dans ses démarches, jusqu’au bout et même au-delà des limites. Aujourd’hui on ne regrette pas, quand on voit comme ça se passe bien au niveau des résultats et au niveau de l’ambiance. Maintenant, je suis coureur, je peux avoir un avis, mais depuis la présentation de l’équipe, Jean-René sait que lorsque je rentre à la maison, je suis avec ma famille et je n’ai pas à penser à l’équipe. Je ne suis peut-être pas un coureur comme un autre mais je ne déborde pas de ma fonction. Il faut déjà que je sois leader sur la route, ça me suffit, c’est ça mon métier. Il y a suffisamment de gens compétents dans l’équipe pour s’occuper du reste.
Europcar enchaîne les victoires mais les Français poursuivent leur festival depuis le début de la saison ?
Oui, c’est bien. Alors bon, si on ne fait pas de Top 15 au Tour de France ou qu’on ne remporte pas six étapes comme l’année dernière, on va encore se faire taper sur les doigts, mais il faut apprécier les choses quand elles sont là.
Propos recueillis à Draguignan le 20 février 2011.