Thomas Maheux au travail | © Thomas Bourassin
Pour commencer peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Thomas, j’ai 26 ans, je suis photographe freelance dans le sport et surtout dans le cyclisme.
Comment et quand es-tu arrivé dans le monde du cyclisme ? Quel a été l’élément déclencheur ?
Je suivais le vélo plus jeune, mon père étant cycliste par le passé. Tous les étés j’allais sur le Tour de France avec mes grands-parents puis j’ai fait de la compétition pendant 3-4 ans, enfin… on va dire que j’étais au départ. Bref, j’ai baigné dans le vélo !
Quelles formations as-tu fait pour en arriver là ?
Aucune, j’ai fait un bac pro vente dans l’optique d’ouvrir un magasin de vélo et la photo est arrivée en court de route (sourire). Du coup j’ai terminé dans la vente avec un BTS, histoire d’avoir un diplôme pour assurer. Mais sinon j’ai tout appris sur le tas, en tournant les boutons de l’appareil comme je dis souvent.
Et aujourd’hui tu fais partie des photographes très demandés en France et même à l’étranger. Comment t’es-tu fais une place dans le milieu ?
Oula, très demandé je ne sais pas ! Mais c’est vrai que depuis mes débuts tout a bien évolué. Je suis parti en ne connaissant strictement personne (vu que je ne connaissais rien en photo aussi), et c’est petit à petit que ça s’est fait. Ca fait un peu romance mais pendant le lycée et les études, mes potes sortaient le week-end et moi je les passais sur les courses à « m’entraîner », à essayer de progresser. Je faisais mon bts en alternance, j’étais deux jours en cours, 3 jours et demi au travail et le reste du week-end en courses. L’argent que je gagnais passait dans les voyages et le matériel. J’ai essayé de tout donner pour progresser et pourquoi pas gagner ma vie là-dedans.
J’aimerais tellement remercier une par une les personnes qui m’ont fait confiance et du coup m’ont aidé à en arriver là, mais la liste serait très longue car chaque personne a eu un impact sur mon avancée. Je peux vous l’envoyer sous forme d’encyclopédie ?
Quelle est la première équipe professionnelle avec qui tu as travaillé ?
La première équipe pro qui m’a accueilli est St Michel Auber 93, c’était sur le Tour de l’Ain en 2013 et on continue de travailler ensemble aujourd’hui.
Nicolas Malle Champion d’Europe U19 | © Thomas Maheux
Peux-tu nous décrire ton travail lorsque tu es en stage ou en compétition avec une équipe ?
Pour 90% des personnes avec qui je travaille c’est pour de la photo et il y a la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope où je fais aussi la com. Pour la com, c’est du travail 7 jours / 7 sur l’année, où il faut créer le contenu pour alimenter les réseaux sociaux, envoyer les communiqués…
Pour la photo ça dépend des demandes. Je suis souvent en voiture sur les courses donc la première étape c’est de préparer le plan, les coupes que je vais faire pour être à l’heure à chaque fois. Ensuite le gros du travail c’est les prises de vues au départ selon les demandes pour les sponsors, durant l’épreuve et à l’arrivée, qui est mon moment préféré d’ailleurs. Après la course direction la salle de presse, parfois c’est la voiture qui fait office de salle de presse, et je trie les photos pour les envoyer aux équipes le plus rapidement possible.
En stage c’est exactement pareil mais sans le stress de la course. On a le temps de travailler à son rythme, avec une petite bière par exemple (sourire).
Quel est le meilleur souvenir que tu as vécu ?
Je pense pas avoir un meilleur souvenir mais surtout des moments qui m’ont marqué avec un côté affectif. Le premier c’est la victoire de Nicolas Malle aux Championnats d’Europe juniors. Je le connais grâce à la Van Rysel U19 (d’ailleurs merci à eux pour tout ce qu’ils m’ont apporté que ce soit Alex, les deux Nico, David…), on se côtoyait souvent et le voir gagner là-bas c’était fou !
Le deuxième est plus un moment bien figé dans ma tête, c’était Paris-Roubaix 2018 la course la plus stressante pour couper en voiture ! C’était au secteur du pont gibus, j’étais garé avec Marion de chez Fortuneo un peu après le pont dans un virage. Les premiers passent super vite et peu de temps après un gros groupe arrive. Je le suis avec mon appareil et « paf » je l’ai vu, le mioche, Tanguy Turgis qui était dans les premiers pour sa première participation. J’ai « beugué » un long moment avec un grand sourire. Ce moment est super important pour moi car Tanguy j’ai grandi avec, on va dire que j’ai appris la photo avec lui car j’étais tous les week-ends en Ile-de-France sur ses courses depuis les cadets. Et le voir là… C’était fou. Ce qui est arrivé à Tanguy après ne fait que renforcer l’importance de ce moment.
Après j’ai pleins d’autres moments gravés mais ces deux là sont spéciaux car j’ai débuté la photo avec eux.
Tanguy Turgis sur Paris-Roubaix | © Thomas Maheux
Quelles difficultés peux-tu rencontrer avec ce métier ?
Il y a pleins de petites choses, mais rien de vraiment important je pense à dire.
Tu as évolué jusqu’à travailler sur le Tour de France. Quelle est ta mission sur le Tour ? Peux-tu nous décrire une journée sur la Grande-Boucle ?
Sur le Tour l’année dernière j’étais en charge de la caravane, souvent les gens font une tête de dégoût quand je dis ça (sourire), mais j’ai trouvé ça cool ! Ca change, après tout, des cyclistes j’en prends toute l’année en photo et l’ambiance de la caravane est top, tu as une interaction avec le public assez sympa. Ca permet de travailler l’imagination, je trouve ça intéressant.
Du coup une journée type c’est départ de l’hôtel à 7h30 en moto, on arrive au départ pour faire l’ambiance environ 1h30 avant le départ de la caravane. On fait l’étape entièrement avec pour mission de faire des photos de la caravane donc, je prends aussi le temps de repérer des spots sympas pour Pauline Ballet et Alex Broadway qui sont sur la course, vu que je passe avant eux ça peut les aider. C’est un des points que j’aime sur le Tour car c’est très rare de travailler vraiment en équipe avec des photographes, alors c’est cool !
Enfin une fois la caravane arrivée on se dispatche avec Alex et Pauline pour l’arrivée des coureurs et enfin le podium. Puis direction la salle de presse où on donne notre production aux iconographes, Gauthier, Pierre et Diane. En général on termine autour de 19h30/20h.
La caravane du Tour | © Thomas Maheux
Comment va être organisée ton année 2020 ?
2020 sera assez semblable à 2019. Une grosse partie de la saison se partage entre cyclisme féminin, masculin et du VTT.
Fais-tu des shootings photos hors vélo ?
Pas beaucoup de choses hors vélo, j’ai fait du running avec le semi-marathon de Paris. Depuis l’année dernière je fais du saut à la perche, c’est super de changer de domaine et de découvrir un autre sport. D’ailleurs j’y retourne le 23 Février pour une compétition à Clermont-Ferrand organisée par Renaud Lavillenie.
Par Maëlle Grossetête