Thierry, vous occupez dorénavant les fonctions de Jean-François Pescheux chez Amaury Sport Organisation, comment s’est passée l’élaboration du 101ème Tour de France ?
C’est un travail de longue haleine, beaucoup de réunions avec Jean-François Pescheux et Christian Prudhomme pour préparer quelque chose. On discute beaucoup, on fait des projets, on annule, on recommence, on construit. Tout cela demande du temps. Pour 2014 l’objectif était de trouver un parcours pavé et de renforcer le poids du massif des Vosges. Nous avons beaucoup travaillé sur ce massif.
De quelle manière ?
Nous avons travaillé sur différents scénarios. Nous avions déjà en tête ce que nous avions fait la dernière fois. Nous n’avons pas voulu répéter la même chose. L’idée était de revenir à Gérardmer mais de monter à la Mauselaine, comme nous l’avions fait sur le Tour de l’Avenir en 2009. A partir de là nous avons tracé le parcours, avec trois étapes vosgiennes complètement différentes. Nous avons notamment travaillé sur le col de Grosse Pierre, que les cyclos connaissent bien sur une belle route qui se monte sans problème. Sauf qu’en 2014 nous proposerons aux coureurs de faire 1,5 kilomètre dans Grosse Pierre, puis de tourner à gauche pour emprunter une route communale sur 1,2 kilomètre à 12 % avec une pente maximale aux alentours de 16-18 %. On aura donc l’équivalent d’un Mur de Huy au milieu de Grosse Pierre. Tout ça pour éliminer les équipiers des leaders, à une douzaine de kilomètres de l’arrivée. On suppose que les leaders n’auront plus qu’à jouer entre eux dans la dernière montée de la Mauselaine.
La deuxième étape des Vosges sera beaucoup plus classique ?
Ce sera l’étape-type des Vosges telle qu’on la connaît depuis quelques années. On monte des cols assez roulants, des côtes un peu plus raides, mais quelque chose de pas trop difficile. On finira par 35 kilomètres beaucoup moins difficiles avec beaucoup de descente. Ce sera une étape-type pour les baroudeurs.
Entre Mulhouse et la Planche des Belles Filles, il s’agira en revanche d’une véritable étape de montagne ?
Cette étape rassemble à ce qu’on a essayé de trouver de plus dur possible ! On empruntera pour la première fois le Petit Ballon, une route plus ou moins forestière avec un revêtement très rugueux, qui fait tout de même les deux tiers de l’Alpe d’Huez : 9 kilomètres à plus de 8 %. Ce sera une vraie difficulté, avec de plonger pour enchaîner avec le Platzerwasel. Ce sera un enchaînement très compliqué. Puis viendra le col d’Oderen, roulant mais fatigant, avant de se diriger sur le final par le col des Chevrères, sur une route étroite au revêtement très moyen, avec un bon kilomètre à 15 %. Il sera encore question d’éjecter les équipiers pour laisser les leaders entre eux avant l’explication finale à la Planche des Belles Filles. Ce sera très copieux.
Il faut remonter à 1953 pour trouver trace d’un Tour de France n’offrant qu’une journée chronométrée, était-ce une volonté délibérée des services sportifs ?
Oui, l’idée était de changer, de casser un peu les clichés. Du fait qu’il n’y ait qu’un seul contre-la-montre, ce sera un Tour totalement différent. Et ce qui fera surtout la différence, ce n’est pas qu’il soit unique, c’est qu’il soit placé à la fin du Tour de France. On peut espérer que les grimpeurs n’auront pas à courir après le temps et qu’ils seront en bonne position à Bergerac pour avoir le maillot jaune. L’exercice se disputera par-delà des faux-plats de 4-5 kilomètres, sur des routes qui ne rendent pas énormément. On finira par une belle côte. Ça ne défavorisera pas forcément les grimpeurs. Un homme encore frais en troisième semaine devrait s’en sortir.
Christian Prudhomme a laissé entendre que le circuit des Champs-Elysées pourrait renouer avec le contournement de l’Arc de Triomphe ?
Les échos sont très favorables après une bonne expérience en 2013. Il ne nous manque qu’une autorisation administrative mais nous croisons les doigts pour que nous puissions répéter ce tour de l’Arc. Ça apporte un plus à ce circuit des Champs-Elysées.
Propos recueillis à Paris le 23 octobre 2013.