Thierry, quel bilan dressez-vous du Tour de France des FDJ-BigMat ?
Plus que satisfaisant ! Nous avions l’ambition de venir ici pour gagner une étape et faire découvrir un Grand Tour à Thibaut Pinot. On en repart avec deux victoires d’étapes et le Top 10 pour Thibaut, qui a énormément appris en trois semaines.
Il n’était pas prévu au départ, il a traversé sa région, vous lui avez fait accélérer son processus de maturation ?
C’est facile à dire avec le recul mais on n’avait pas prévu de le faire découvrir un Grand Tour avec le Tour de France. On aurait préféré un tour « secondaire », comme la Vuelta, pour qu’il apprenne son métier tranquillement, sans le tapage médiatique autour. Il a tout fait d’un coup, le plus dur va commencer car le plus dur c’est de confirmer, mais il a la tête sur les épaules et ça devrait bien se passer.
Dans ce tableau idyllique, y a-t-il des déceptions ?
On ne fait jamais un Tour parfait. On aurait aimé que notre sprinteur Yauheni Hutarovich soit plus présent sur la première semaine. Il a eu l’occasion de faire un seul sprint et encore il n’a pas eu d’ouverture. Après, on a d’autres automatismes à prendre autour d’un coureur comme Thibaut, de nouvelles choses à mette en place dans l’équipe, c’est un beau challenge pour l’avenir.
On a le sentiment d’une belle différence entre l’équipe 2011 et 2012…
La stratégie du Tour 2011 et 2012 était différente car on s’adapte à l’effectif. En 2011 on ne pouvait pas jouer le classement général ou les sprints donc il fallait des baroudeurs. Cette année on avait un sprinteur et un coureur pour le général, donc on s’est adapté et on a couru différemment.
Diriez-vous de la FDJ-BigMat qu’elle est une équipe d’avenir ?
On le ressent depuis quelques temps, et on l’a encore vu avec le Championnat de France. On sait qu’on a de belles années devant nous avec nos jeunes et de bons coureurs expérimentés à leurs côtés. A nous de créer l’osmose comme en ce moment.
Que pensez-vous de la stratégie des Sky sur ce Tour 2012 ?
Ce qui s’est passé sur le Tour, c’est exactement ce qu’on avait prévu avant le départ. Le duel Evans-Wiggins était prévisible, l’Australien était un ton en-dessous par rapport à 2011 donc ça a laissé le champ libre à Wiggins. Ses coéquipiers pourraient être des leaders dans les équipes françaises. C’est une équipe très forte sur le papier comme sur le terrain. Sans Andy Schleck, sans Alberto Contador, il n’y avait pas de vrais grimpeurs pour les déstabiliser donc tant mieux pour eux.
Vous pointiez une note moins bonne avec votre sprinteur Yauheni Hutarovich, doit-on s’attendre à voir débarquer Arnaud Démare et Nacer Bouhanni sur le Tour 2013 ?
Avec Nacer Bouhanni et Arnaud Démare, c’est vrai qu’on va avoir des situations compliquées à gérer car il faudra faire des compositions d’équipes cohérentes pour être performants, mais ce sont de bons problèmes. Ça fait grandir l’équipe car c’est une concurrence saine et pour nous ce n’est que bénéfique.
Puisqu’on parle de 2013, verriez-vous d’un bon œil le retour des bonifications sur la 100ème édition ?
La disparition des bonifications a modifié le déroulement des courses mais je ne pense pas que cela améliore la course. ASO cherche à faire des étapes piégeuses assez régulièrement, je crois qu’ils ont tout compris. Ça rend la course incertaine et nerveuse avec des finaux vraiment casse-pattes. Aujourd’hui les équipes ont neuf coureurs avec des oreillettes donc il ne faut pas s’étonner que la course soit insipide.
Et si l’on réduisait le nombre de coureurs par équipe ?
Pour défendre un maillot, il faut neuf coureurs opérationnels, mais si on veut une course de mouvement, avec moins de coureurs, la course serait beaucoup plus mouvementée.
Comme si on modifiait la distance du parcours ?
Non, la distance ne fait pas la course, ce sont les coureurs qui la font. Cette année encore, les étapes le plus courtes étaient les plus nerveuses et les plus dangereuses. Thibaut Pinot est le meilleur exemple avec sa victoire à Porrentruy, avec une course mouvementée toute la journée.
Propos recueillis à Paris le 22 juillet 2012.