Thibaut, abordez-vous la saison de manière différente après votre 3ème place sur le Tour l’an dernier ?
C’est sûr que les choses vont être différentes cette année. Il y aura plus de pression plus d’attente. Mais la saison va être longue. Le Tour de France n’est qu’une petite parenthèse. Avant le Tour, il faudra faire une belle saison. J’ai un statut de leader à montrer pour arriver sur le Tour assez serein.
Est-ce un rôle dans lequel vous vous sentez à l’aise ?
Oui, je commence à prendre de l’expérience. J’ai passé un cran l’an dernier. Je me sens plus à l’aise avec mes équipiers et mes équipiers me font confiance. Vis-à-vis de cela, ce n’est plus un problème. C’est important.
Sentez-vous que le regard que vos adversaires portent sur vous a changé ?
Je ne pensais pas faire un podium sur le Tour en 2014. Je le voyais un peu plus tard dans ma carrière. Finalement, il est arrivé assez rapidement. Gérer cela ne sera peut-être pas le plus simple. Mais si j’arrive à retrouver mon niveau du Tour de l’an dernier, il n’y a pas de raison que ça se passe mal cette année. Depuis deux ans, les échappés, c’est fini pour moi. Je dois courir avec les leaders. Si je veux gagner, c’est à la pédale. C’est ce qui me plait. Gagner face aux meilleurs, c’est une sensation qui fait rêver. Battre tous les meilleurs sur une étape du Tour, c’est quelque chose de grand.
Serez-vous candidat à la victoire ?
C’est encore trop tôt. Je suis un cran en dessous des Contador, Nibali et Froome. Quatre ou cinq coureurs restent au-dessus du lot. Mais j’espère progresser petit à petit pour être à leur niveau dans deux ou trois ans. Il me manque encore un peu d’expérience, un peu de caisse, un peu de puissance. Un peu de tout. Mais ce sont des coureurs qui ont la trentaine et je n’ai que 24 ans. L’an prochain, je serai encore candidat au maillot blanc. Il faut prendre le temps.
Lors de la présentation de l’équipe, Marc Madiot vous a mis dans la peau d’un futur vainqueur du Tour…
S’il a confiance en moi, c’est bien. Remporter le Tour de France est aussi mon ambition d’ici à la fin de ma carrière. Peut-être pas l’an prochain, mais j’espère avoir la chance de jouer la victoire dans les dix ans qui viennent. On a vu depuis deux ou trois ans que le cyclisme avait changé. C’est bon signe pour le peloton. L’an dernier, il y avait deux Français sur le podium. Maintenant, on y croit vraiment.
Le public vous perçoit-il désormais comme une star ?
Star c’est un grand mot. Je ne suis pas trop dérangé en dehors du vélo. J’ai aussi la chance d’avoir des coureurs de très bon niveau en France comme Jean-Christophe Péraud ou Romain Bardet. Ça m’enlève pas mal de pression. C’est toute une génération qui est à la hauteur.
Votre Tour 2012 a été réussi. Celui de 2013 beaucoup moins avant votre retour en 2014. Pensez-vous pouvoir être à l’abri de toute contre-performance ?
On n’est jamais à l’abri. La première semaine du Tour est toujours dangereuse. Je ne suis pas une machine. Je peux passer à côté de mon Tour de France cette année. On n’est pas dans un jeu vidéo où on est au top chaque année. Je vais travailler pour que ça se passe bien et essayer de reproduire ce que j’ai fait l’an dernier. Le tracé est destiné aux grimpeurs, même si la première semaine est compliquée. Si je la passe sans encombre, je peux viser assez haut.
Votre début de saison 2015 sera aussi légèrement différent.
Oui, j’ai un peu changé mon programme. Je vais courir un peu plus en France. Je reprends au GP La Marseillaise avant l’Étoile de Bessèges. Je vais également disputer le Critérium International. Le premier rendez-vous, ce sera le Tour d’Oman. Sur Tirreno-Adriatico, le plateau sera digne du Tour de France, ce sera le premier gros objectif.
Propos recueillis à Paris le 28 janvier 2015.